Contrairement à ce qui s'est produit dans l'Association Est, où les quatre équipes favorites ont été éliminées dès le premier tour des séries éliminatoires, la logique a été respectée, ou presque, dans l'Ouest.

Les Blues de St-Louis, les Coyotes de Phoenix et les Predators de Nashville ont tous livré des résultats fidèles à leur position au classement et se retrouvent aujourd'hui dans le carré d'as avec un seul intrus, les Kings de Los Angeles.

Certains sites de paris sportifs établissent maintenant les Blues, qui ont terminé au troisième rang du classement général en saison régulière, comme les favoris pour rafler les grands honneurs. Vous faites ce que vous voulez avec cette information, mais en ce qui me concerne, les huit équipes qui sont toujours en lice pour soulever le précieux trophée de Lord Stanley ont des chances pratiquement égales d'atteindre leur objectif.

On a eu plein de surprises en première ronde et il y en aura d'autres. Voici mon analyse des deux affrontements de deuxième ronde dans l'Ouest.

Le concept d'équipe des Blues

Plusieurs observateurs voient les Blues et les Kings comme deux équipes similaires. Placez-en une devant un miroir et elle verra l'autre, disent-il.

C'est drôle, mais je ne partage personnellement pas ce point de vue.

Les Blues me font penser à des clubs comme les Panthers de la Floride ou les Devils du New Jersey, en ce sens qu'ils forment un groupe basé sur un concept d'équipe. Ils n'ont pas beaucoup de grosses vedettes individuelles, mais ils connaissent beaucoup de succès en raison de la chimie qui unit tous leurs éléments. On ne peut certainement pas en dire autant des Kings, qui comptent dans leurs rangs des gars comme Jeff Carter, Mike Richards, Anze Kopitar et Drew Doughty. Voilà des gros noms comme il n'y en a pas chez les Blues.

Je m'attends à une série spectaculaire au cours de laquelle il ne se marquera probablement pas beaucoup de buts. Pas nécessairement en raison du caractère défensif des parties, mais plutôt des performances époustouflantes de deux des meilleurs gardiens de la LNH cette année. Jonathan Quick et Brian Elliott ont dominé la Ligue au niveau des blanchissages en saison régulière et j'ai l'impression qu'ils seront encore une fois les responsables de bien des frustrations chez les joueurs adverses au cours des prochains jours.

Vous serez peut-être portés à donner l'avantage aux Kings en raison des résultats qu'ils ont obtenus face aux Blues en saison régulière. En effet, en trois départs contre St-Louis cette année, Quick a réussi deux jeux blancs et n'a donné qu'un seul petit but. Mais je vous répondrai avec cette question : pensez-vous qu'Alain Vigneault accorde beaucoup d'importance à ce qui se passe en saison régulière aujourd'hui?

La saison régulière c'est une chose, les séries c'en est une autre. Une équipe peut avoir vécu quelques difficultés, pour toutes sortes de raisons, en saison régulière, mais arriver en séries sur une lancée, en santé et avec quelques joueurs qui jouent au-dessus de leur tête. À ce moment, tout peut arriver. Ça, les entraîneurs le savent et les joueurs le savent.

Derrière le banc, Ken Hitchcock et Darryl Sutter sont deux entraîneurs expérimentés qui ont déjà amené leur équipe profondément en séries. Je donne l'avantage à Hitchcock pour l'impact qu'il exerce sur les Blues depuis qu'il a été appelé à prendre la relève en début de saison.

J'aime le concept d'équipe et la profondeur qui en résulte du côté des Blues, une équipe que Hitchcock a complètement transformée et qui devrait éliminer les Kings en six parties.

Le gros problème des Coyotes : Pekka Rinne

Malgré un rendement supérieur en saison régulière, les Coyotes et les Predators avaient été laissés pour compte par plusieurs experts et amateurs en première ronde. Mais les Blackhawks de Chicago et les Red Wings de Detroit sont présentement en vacances alors que leurs tombeurs se confronteront en duel en demi-finale d'association.

Ma grosse question en prélude à cette série : qui va rivaliser avec Pekka Rinne? Mike Smith est bien beau, bien bon et bien fin, mais Rinne rime avec constance, agilité, mobilité. Le cerbère finlandais est habitué d'être mitraillé, ce n'est pas la première fois qu'on le voit dominer autant et je préfère vous le dire tout de suite, je ne vois pas comment les Coyotes pourraient passer à travers.

Je n'enlève toutefois rien au travail de Smith. Il a fait face à presque 100 lancers de plus que son vis-à-vis en première ronde et on peut dire sans peur de se tromper qu'à lui seul, il a probablement donné une ou deux victoires aux Coyotes dans une série âprement disputée. Si Corey Crawford fait aussi bien que lui devant le filet des Hawks, on a probablement une discussion différente aujourd'hui.

Il sera aussi intéressant de garder un œil sur deux Québécois qui se sont illustrés en première ronde. Chez les Preds, on a tous appris à découvrir le jeune Gabriel Bourque, qui a marqué trois fois en cinq rencontres. L'ancien du Drakkar de Baie-Comeau est un travaillant qui a vu la chance lui sourire en décochant de bons lancers au filet. Il mérite ce qui lui arrive présentement.

Chez les Coyotes, il y a le bon vieux Antoine Vermette, qui s'est signalé avec quatre buts contre les Blackhawks. On ne s'attend jamais à beaucoup de la part de Vermette au niveau offensif, mais d'un coup il sort de nulle part, il travaille, il patine... Il me fait un peu penser à Pascal Dupuis, un autre gars d'ici qui obtient des résultats grâce à son acharnement. À partir du moment où tu as confiance aussi, ça peut t'amener loin.

Devant Rinne, il y a une unité défensive formidable avec à sa tête Shea Weber et Ryan Suter. Il ne faut pas oublier Alexander Radulov, qui semble plus à l'aise à mesure que sa saison se prolonge. J'y vais donc avec Nashville en six.

*Propos recueillis par Nicolas Landry.