TORONTO - Le compte à rebours est entré dans sa phase finale. À moins d'une semaine de la fin de la présente convention collective dans la LNH, les propriétaires et les joueurs ont planifié des réunions séparés à New York où ils discuteront du lock-out imminent. Mais à moins que les parties trouvent une façon de revenir à la table des négociations et parviennent à un accord peu probable d'ici 23 h 59, samedi, un lock-out semble inévitable.

En fait, le commissaire Gary Bettman n'aura même pas à aborder la question d'un troisième lock-out depuis qu'il est en poste lorsque le bureau des gouverneurs se réunira à Times Square, jeudi après-midi.

« Le commissaire n'a pas besoin d'autorisation particulière des gouverneurs pour déclencher un lock-out, a expliqué le commissaire adjoint Bill Daly à la Presse Canadienne dans une récente entrevue. Cela lui a déjà été accordé dans le cadre de son mandat de diriger les négociations. »

Essentiellement, la LNH se retrouve à la case départ, soit quand l'actuelle convention collective a été signée en 2005. Cette entente de six ans — prolongée d'une année en vertu de l'option détenue par l'Association des joueurs de la LNH — avait mis fin à un lock-out qui avait vu la ligue devenir le premier circuit nord-Américain à annuler une saison entière à la suite d'un arrêt de travail

L'AJLNH organise son plus grand rassemblement depuis la ratification de cette entente alors que plus de 200 joueurs sont attendus. Quelques vedettes, dont Sidney Crosby, sont censés y prendre part dans une démonstration de force.

« Nous voulons informer le plus large groupe de joueurs et c'est toujours mieux de le faire en personne, a déclaré Donald Fehr, le directeur exécutif de l'AJLNH. Chaque fois que vous faites face à la possibilité d'un lock-out, vous devez faire en sorte pour que le nombre maximal de vos membres puissent entendre les informations directement. »

« Il semble que nous allons réunir un très grand nombre de joueurs et vous savez comment l'information se transmet rapidement, de sorte que ce ne sera pas un problème pour rejoindre tout le monde. »

Mise en demeure

Les joueurs du Canadien ont pour leur part décidé de ne pas attendre le déclenchement d'un lock-out les bras croisés. Selon ce que rapporte le quotidien La Presse, les membres du club montréalais, par l'entremise de leur avocat Michael Cohen, ont fait parvenir une mise en demeure à la LNH et au Club de hockey Canadien.

Les joueurs y affirment que si la Ligue et le club ne mettent pas fin à leur menace d'un lock-out, ils vont se tourner vers la Commission des relations du travail du Québec (CRT), afin de contester la mise en place de ce lock-out dans la province.

L'AJLNH chercherait ainsi à contester la légalité d'un lock-out au Québec. Le syndicat pourrait également prendre des mesures semblables en Ontario, en Alberta, en Colombie-Britannique et au Manitoba. En Alberta, il y a une controverse présentement concernant la cause devant la Commission du travail. L'AJLNH croit que la Ligue a perdu sa cause et ne pourra mettre les joueurs des Flames et des Oilers en lock-out. La Ligue dément le tout.

Dans le cas d'une décision favorable envers les joueurs du Canadien, l'Association des joueurs soutient que la CRT pourrait forcer la LNH à ne pas mettre les joueurs montréalais en lock-out, ou à mettre un terme au lock-out si jamais cette procédure est déjà amorcée.

« Les joueurs désirent en venir à une entente juste avec les propriétaires de la LNH, a précisé l'attaquant du Canadien Erik Cole, dans le communiqué que La Presse a obtenu. Nous avons dit à la ligue que les joueurs sont d'accord pour poursuivre les négociations s'il n'y a toujours pas d'entente lors de la fin de la présente convention collective. »

« La LNH semble prête à mettre les joueurs en lock-out s'il n'y a pas d'entente cette semaine, et nous aimerions que la Commission des relations du travail intervienne pour leur faire comprendre que leur lock-out serait une violation directe des lois du travail du Québec. »

Les joueurs prétendent qu'en vertu des lois québécoises, un employeur ne peut mettre ses employés en lock-out si ces derniers ne sont pas représentés par un syndicat accrédité par la Commission des relations du travail. L'Association des joueurs de la LNH n'est pas accréditée par la CRT.

D'autres options

Pendant ce temps, le téléphone de Fehr ne dérougit pas. Mais comme très peu de progrès ont été réalisés dans les négociations, un certain nombre de joueurs ont commencé à envisager d'autres options.

Une fois le lock-out déclenché, ils seront libres de signer avec d'autres équipes professionnelles — et le syndicat les informe activement de leurs droits.

« Nous le devons, a déclaré Fehr. Essentiellement, nous disons 'Vous avez vos contrats, vous avez les circonstances, voilà ce que nous pensons qu'il est susceptible de se produire dans les négociations. Si vous envisagez de jouer ailleurs, voici les choses que nous pensons que vous devez envisager.' »