Pavel Bure sera intronisé au Temple de la renommée du hockey, lundi prochain. Il aura surtout fait sa marque dans l'uniforme des Canucks.

Au cours de ses sept saisons passées à Vancouver, Bure s'est lié d'amitié avec Gino Odjick. Une amitié improbable, diront certains, qui dure encore à ce jour.

Pour le premier match de Pavel Bure dans la LNH, l'entraîneur des Canucks, Pat Quinn, ne prend aucune chance. Il place le jeune joueur russe aux côtés de Gino Odjick.

«Si quelqu'un veut s'en prendre à lui, il aura à me faire face», avait précisé Odjick avant la partie.

«J'aime ce gars-là», avait commenté Bure à propos de l'homme fort.

À ses premiers coups de patin en Amérique du Nord, Bure fait écarquiller bien des yeux en démontrant son talent sans tarder.

«Après deux ou trois présences, j'ai regardé Ryan Walter et je lui ai dit que je serais surpris qu'il reste sur notre trio très longtemps», s'est rappelé Odjick avec le sourire dans une entrevue accordée pour l'émission Hockey 360.

À la surprise de plusieurs, Bure et Odjick jouent régulièrement ensemble et une amitié improbable naît au fil du temps entre le Russe et l'Algonquin.

«On était chacun fier de notre communauté et notre culture. On avait aussi deux passions identiques : le hockey et les femmes», a avoué Odjick sans détour.

Bure et Odjick sont complémentaires sur la glace. L'un joue de finesse alors que l'autre est beaucoup plus robuste. Le style de chacun finit d'ailleurs par déteindre sur l'autre.

«Je lui montrais de ne pas avoir peur et de foncer. Dans les séries, Shane Churla (North Stars du Minnesota) avait essayé de lui donner un coup bas et Pavel a répliqué plus tard avec une mise en échec le mettant K.-O», s'est rappelé le sympathique athlète.

Odjick connaît la meilleure saison de sa carrière, en 1993-94, aux côtés de Bure. Cette année-là, les Canucks s'inclinent en sept matchs contre les Rangers de New York en finale de la coupe Stanley. Lors du troisième match de la série, Bure vit un moment difficile.

«Jay Wells a tenté de le frapper et Pavel s'est protégé avec son épaule, mais son bâton a heurté Wells au visage et il a été expulsé de la partie. Ce fut un moment émotif pour Pavel surtout que nous avons perdu ce match. Il pleurait dans le vestiaire après la partie parce qu'il comprenait l'importance de chaque rencontre», a confié Odjick.

La saison 1997-1998 a été la dernière pour Odjick et Bure à Vancouver. En sept saisons avec les Canucks, le Russe aura récolté 418 points en 428 matchs, des statistiques qui ne lui ont toujours pas valu de voir son chandail être retiré par les Canucks, un non-sens pour Odjick.

«Je travaille avec le propriétaire des Canucks et nous sommes de grands amis. Il m'a demandé cet été le numéro de téléphone de Pavel pour lui demander de l'ajouter dans l'anneau d'honneur. Je lui ai dit que je ne lui donnerais pas son numéro pour une telle offre parce que Pavel me demanderait quelle sorte d'amis je peux bien avoir», a évoqué l'ancien bagarreur.

Élevé avec six soeurs, Odjick aura trouvé en Bure davantage qu'un simple ami.

«On avait de l'amour pour jouer au hockey et de l'amour pour vivre. Je pense qu'on restera des frères toute notre vie», a-t-il résumé.

Parlant de famille et pour vous donner une idée de l'importance de Bure dans la vie d'Odjick, sachez qu'il a nommé l'un de ses enfants Bure en l'honneur de son ancien coéquipier.

D'après un reportage d'Alexandre Tourigny