Nous avons raté une saison entière en 2004-2005. J'y étais. Mais j'ai fait partie d'un groupe de joueurs qui a révolutionné l'industrie du hockey parce que nous avons finalement plié et accepté un plafond salarial qui permettait aux propriétaires d'avoir la certitude de connaître leurs dépenses.

Nous avons instauré un « partenariat » révolutionnaire en liant les revenus reliés au hockey à l'échelle de la LNH à l'argent alloué à nos salaires. Notre cause était grande et juste et nos nouveaux partenaires jouissaient d'un système infaillible.

En vérité, tous les joueurs ont prospéré sous l'ère du plafond salarial. En vérité, les propriétaires ont encore besoin de concessions des joueurs pour réparer les pots qu'ils ont cassés. À vrai dire, je ne suis pas convaincu qu'une saison entière aux poubelles était nécessaire pour en arriver à une situation qui est encore aujourd'hui loin d'être bucolique. Éventuellement, ils travailleront main dans la main pour redorer l'image d'un sport qui a terni au fil des jours d'un conflit difficile à comprendre.

D'ici là, la maladresse est à l'avant-scène. La caractérisation de sacrifices de la partie patronale, selon la LNH, est erronée. Il s'agit plutôt d'adoucissements d'une première proposition drastique, voire irrecevable. Même selon la toute dernière offre mise de l'avant par M. Burkle et ses pairs, bonifiée de 100$M, c'est plus d'un milliard de dollars qui seront rapatriés dans les coffres des propriétaires au cours de l'éventuelle entente collective.

De l'autre côté, les joueurs, désireux d'enfin pouvoir compter sur une association digne de ce nom, se retrouvent menés par des militants de la ligne dure qui entourent un des négociateurs les plus farouches de l'histoire du sport professionnel. Leader qui fait maintenant de moins en moins l'unanimité au fur et à mesure que se prolonge cet arrêt de travail.

Plus on en apprend sur la dernière semaine à New York, plus on s'aperçoit à quel point on est passé près de jouer au hockey pour la période des Fêtes. En laissant s'écouler les heures entre l'offre « non négociable » de la LNH et leur réplique, les joueurs ont potentiellement laissé se refermer une occasion en or de profiter d'un certain momentum et, surtout, de la présence de dirigeants modérés de l'autre côté de la table de négociations.

À la fin du processus, Donald Fehr est là pour ratifier une convention qui limitera les gains de la LNH et non pas pour en acquérir au nom des joueurs qui désirent ardemment, en grande majorité, retourner sur la patinoire et qui croyaient jeudi être à quelques détails près d'une entente. Si l'Association des joueurs demeure, pour l'instant, unie à travers ses mécanismes officiels, force est d'admettre que ça rue désormais dans les brancards pendant que les militants les plus intenses tentent d'aller chercher des avantages bien futiles aux yeux de plusieurs.

L'optimisme peut encore régner, mais le pouvoir doit absolument revenir entre les mains passionnées des joueurs et propriétaires les plus modérés qui ont été échaudés par le résultat des discussions des derniers jours. Dans la vie, il faut choisir ses batailles. Lors de ses batailles, il faut aussi savoir quand lâcher prise et recommencer à trimer dur.