Claude Lemieux baveux? Pas à peu près
Hockey lundi, 10 mai 2010. 10:51 samedi, 14 déc. 2024. 16:57
-Et qui est le joueur le plus gentilhomme, Claude?
"Larry Robinson, avec un «M» majuscule".
-Et le plus baveux?
"Moé".
Claude Lemieux s'exprimait ainsi à ses tout premiers pas dans la Ligue nationale, soit lors d'une entrevue réalisée pour leJournal de Montréal il y a près de 25 ans, soit le 16 novembre 1986, quelques mois seulement après qu'il eut savouré la première de ses quatre conquêtes de la coupe Stanley avec trois clubs différents : Montréal en 1986, New Jersey en 1995 et 2000 et Colorado en 1996.
"En 1985", de relater son premier coach, Jean Perron "je l'avais rétrogradé à Sherbrooke pour casser son caractère. En fin de mars 1986, mon patron, Serge Savard, m'avait suggéré de le rappeler parce qu'il était bon et que nous avions plusieurs blessés. Il n'avait pas tardé à s'affirmer en marquant le but gagnant lors d'un important match en fin de saison à Boston. C'est à compter de ce moment qu'il est devenu un homme des grandes occasions". Jean n'en a pas parlé, mais «Pépé» a peut-être sauvé son job ce soir-là à Boston, car le Canadien comptait plusieurs joueurs éclopés et était en péril. Les choses se sont replacées et les Glorieux ont gagné la coupe Stanley avec un paquet de recrues dans ses rangs, grâce surtout à Patrick Roy
Gomez a raison , mais...
Le nom de Claude Lemieux, qui n'avait que 21 ans à ses débuts avec le Canadien, a refait surface ces jours derniers, quand Scott Gomez a rappelé quelques-uns de ses trucs pour gagner, trucs pas souvent catholiques et inappropriés la plupart du temps. "Ce gars-là était prêt à faire n'importe quoi pour gagner. J'ai beaucoup appris de lui. Plusieurs le détestaient, pour s'en confesser. Je dirais même la majorité. Mais, ceux qui ont gagné la coupe avec lui savent qu'il était à son mieux en séries. Quand il est question de tactiques pour embêter l'adversaire Lemieux n'avait pas son égal. Il était le maitre incontesté en la matière. Je sais ce dont je parle, car j'ai joué sur le même trio que lui à ma première saison avec les Devils. Il m'en a fait voir de toutes les couleurs. C'est incroyable ce qu'il disait aux joueurs pour les déconcentrer. Si le public pouvait entendre tout ce qui se disait et se dit encore lors des mêlées, comme on en voit dans la série contre les Penguins, les cotes d'écoute exploseraient. Les gens seraient morts de rire, même si ce n'était pas toujours comique pour les gens concernés".
"Baveux ? Pas à peu près. Il pouvait tellement déconcentrer l'adversaire par ses propos injurieux et malveillants que les joueurs rivaux devenaient souvent hors d'eux-mêmes et oubliaient leur plan de match. La façon de procéder de Lemieux portait ses fruits surtout en séries, car il pouvait affronter les mêmes joueurs durant deux semaines. Je me souviens que Cam Neeley et Charlie Simmer,des Bruins, n'en pouvaient plus. Gomez a raison. Il ne faut pas reculer, s'emporter et perdre les pédales, d'autant plus que le Canadien n'a pas les éléments pour jouer ce petit jeu. On ne gagne pas la coupe Stanley avec des anges. Dans mon temps, je pouvais compter sur Chris Nilan, Chris Chelios et "Pépé", des méchants numéros, mais ils performaient sur la glace. Vous auriez dû entendre comment ces trois-là s'engueulaient dans le vestiaire. Ça n'avait quasiment pas de bon sens. Mais on gagnait", de raconter Perron.
Lemieux aurait peut-être joué plus longtemps avec les Glorieux si Perron était resté plus longtemps lui aussi à la barre du Bleu-Blanc-Rouge. À l'arrivée de Pat Burns, il était évident que le style de «Pépé» ne convenait pas à l'entraîneur. Lors de la finale pour la coupe Stanley en 1989, Burns avait empêché le soigneur Gaétan Lefebvre de se porter au secours de Claude, gisant sur la patinoire supposément blessé, craignant justement qu'il joue la comédie. Lemieux ne l'avait pas trouvé drôle. Toujours est-il, qu'avant la saison 1990-91, le porte-couleurs du Canadien était échangé aux Devils contre Sylvain Turgeon.
Lors de son récent passage comme invité à la populaire émission sportive L'Antichambre diffusée à RDS, Lemieux n'avait pas trop élaboré sur le genre de conversations qu'il entretenait avec ses rivaux sur la patinoire, probablement parce que ce n'était pas publiable. "Je n'avais pas été tendre envers de Charlie Simmer, faisant allusion à sa fiancée, un mannequin pas piqué des vers et qui avait posé en petite tenue dans la revue Playboy, question d'arrondir ses fins de mois. Simmer ne l'avait pas trouvé drôle. D'ailleurs, rares sont ceux qui trouvaient comiques les jacasseries de Pépé. Pour une rare fois, Lemieux s'était excusé auprès de Charlie parce qu'il était un bon gars", avait-il dit. Quel numéro.
"Pépé" avait aussi révélé, ce soir-là, que son joueur préféré avait été Dale Hunter, des Nordiques et plus tard des Capitals, le favori également de Michel Bergeron, son ancien entraîneur à Québec. Dale Hunter son idole?
On se souviendra que Hunter avait écopé d'une suspension de 21 matchs en 1993 pour un geste inapproprié et déplorable à l'égard de Pierre Turgeon, des Islanders, ce qui avait soulevé l'ire de Jean Béliveau, reconnu comme un homme calme, pondéré et qui évite généralement la controverse. Or, l'ancien capitaine du Tricolore, avait alors déclaré au journaliste Yves Poulin du Soleil de Québec, le 9 mai 1993 : "Moi, c'est une demi-saison que je lui aurais imposée. Les arbitres laissent tout passer en séries. J'ai été l'un des premiers à dénoncer le système. J'ai toujours prétendu que les bons joueurs s'ajustaient au style préconisé, mais que l'accrochage et autre forme d'antihockey nuisaient au spectacle", avait-il ajouté. Aujourd'hui la situation a-t-elle vraiment changé? Surtout le système de l'arbitrage en séries? Pas sûr.
À l'image de Ted Lindsay
Pour revenir à Claude Lemieux, on ne peut pas dire qu'il n'a pas été un bon joueur. Baveux sur les bords, mais ses statistiques, surtout dans les séries, sont fort élogieuses. En 1215 parties, il a marqué 379 buts, le même nombre que le fougueux Ted Lindsay des Red Wings de Detroit, un autre joueur détestable au style de Lemieux et qui prenait un malin plaisir à faire sortir le Rocket de ses gonds. Mais en séries éliminatoires, Lemieux a marqué 80 buts, seulement deux de moins que Maurice Richard, mais en plus grand nombre de matchs. L'an dernier, Claude a tenté un retour au jeu avec les Sharks de San Jose, à 43 ans. Il avait prétendu qu'il voulait que ses enfants aient le privilège de le voir jouer. Son retour a duré le temps des roses.
Naturellement, Claude Lemieux a souvent trouvé chaussure à son pied, car il s'attirait des bosses en défiant vulgairement l'adversaire. En 1996, avec l'Avalanche du Colorado, il avait donné un coup vicieux à Kris Draper, des Red Wings, qui avait dû subir une intervention chirurgicale faciale. L'année suivante, c'est Darren McCarty qui avait réglé le cas de Lemieux. Jean Perron se souvient d'une échauffourée entre Lemieux et Jim Peplinski, des Flames à Calgary. "Peplinski avait mis son doigt dans la bouche de Lemieux, lors de leur combat et «Pépé» l'avait mordu avec le résultat que le joueur des Flames avait raté trois matchs. Incroyable, mais vrai", de se rappeler Jean. Stephane Richer, ancien coéquipier de Lemieux, l'a toujours considéré comme une force de la nature. "Il n'était pas le meilleur batailleur de la Ligue, mais il ne reculait devant personne et était fort comme un cheval", de dire Richer.
Dans sa jeunesse, «Pépé» avait indiqué qu'il aimerait devenir commentateur sportif au terme de sa carrière comme joueur. Aujourd'hui, on croit savoir qu'il est associé avec Petr Svoboda, anciennement du Canadien, dans une entreprise de fruits congelés dans la région de Toronto. Si jamais il devenait joueurnaliste il ferait mieux d'adopter un style différend que celui qu'il préconisait comme joueur.
Je dis ça tout bonnement.
"Larry Robinson, avec un «M» majuscule".
-Et le plus baveux?
"Moé".
Claude Lemieux s'exprimait ainsi à ses tout premiers pas dans la Ligue nationale, soit lors d'une entrevue réalisée pour leJournal de Montréal il y a près de 25 ans, soit le 16 novembre 1986, quelques mois seulement après qu'il eut savouré la première de ses quatre conquêtes de la coupe Stanley avec trois clubs différents : Montréal en 1986, New Jersey en 1995 et 2000 et Colorado en 1996.
"En 1985", de relater son premier coach, Jean Perron "je l'avais rétrogradé à Sherbrooke pour casser son caractère. En fin de mars 1986, mon patron, Serge Savard, m'avait suggéré de le rappeler parce qu'il était bon et que nous avions plusieurs blessés. Il n'avait pas tardé à s'affirmer en marquant le but gagnant lors d'un important match en fin de saison à Boston. C'est à compter de ce moment qu'il est devenu un homme des grandes occasions". Jean n'en a pas parlé, mais «Pépé» a peut-être sauvé son job ce soir-là à Boston, car le Canadien comptait plusieurs joueurs éclopés et était en péril. Les choses se sont replacées et les Glorieux ont gagné la coupe Stanley avec un paquet de recrues dans ses rangs, grâce surtout à Patrick Roy
Gomez a raison , mais...
Le nom de Claude Lemieux, qui n'avait que 21 ans à ses débuts avec le Canadien, a refait surface ces jours derniers, quand Scott Gomez a rappelé quelques-uns de ses trucs pour gagner, trucs pas souvent catholiques et inappropriés la plupart du temps. "Ce gars-là était prêt à faire n'importe quoi pour gagner. J'ai beaucoup appris de lui. Plusieurs le détestaient, pour s'en confesser. Je dirais même la majorité. Mais, ceux qui ont gagné la coupe avec lui savent qu'il était à son mieux en séries. Quand il est question de tactiques pour embêter l'adversaire Lemieux n'avait pas son égal. Il était le maitre incontesté en la matière. Je sais ce dont je parle, car j'ai joué sur le même trio que lui à ma première saison avec les Devils. Il m'en a fait voir de toutes les couleurs. C'est incroyable ce qu'il disait aux joueurs pour les déconcentrer. Si le public pouvait entendre tout ce qui se disait et se dit encore lors des mêlées, comme on en voit dans la série contre les Penguins, les cotes d'écoute exploseraient. Les gens seraient morts de rire, même si ce n'était pas toujours comique pour les gens concernés".
"Baveux ? Pas à peu près. Il pouvait tellement déconcentrer l'adversaire par ses propos injurieux et malveillants que les joueurs rivaux devenaient souvent hors d'eux-mêmes et oubliaient leur plan de match. La façon de procéder de Lemieux portait ses fruits surtout en séries, car il pouvait affronter les mêmes joueurs durant deux semaines. Je me souviens que Cam Neeley et Charlie Simmer,des Bruins, n'en pouvaient plus. Gomez a raison. Il ne faut pas reculer, s'emporter et perdre les pédales, d'autant plus que le Canadien n'a pas les éléments pour jouer ce petit jeu. On ne gagne pas la coupe Stanley avec des anges. Dans mon temps, je pouvais compter sur Chris Nilan, Chris Chelios et "Pépé", des méchants numéros, mais ils performaient sur la glace. Vous auriez dû entendre comment ces trois-là s'engueulaient dans le vestiaire. Ça n'avait quasiment pas de bon sens. Mais on gagnait", de raconter Perron.
Lemieux aurait peut-être joué plus longtemps avec les Glorieux si Perron était resté plus longtemps lui aussi à la barre du Bleu-Blanc-Rouge. À l'arrivée de Pat Burns, il était évident que le style de «Pépé» ne convenait pas à l'entraîneur. Lors de la finale pour la coupe Stanley en 1989, Burns avait empêché le soigneur Gaétan Lefebvre de se porter au secours de Claude, gisant sur la patinoire supposément blessé, craignant justement qu'il joue la comédie. Lemieux ne l'avait pas trouvé drôle. Toujours est-il, qu'avant la saison 1990-91, le porte-couleurs du Canadien était échangé aux Devils contre Sylvain Turgeon.
Lors de son récent passage comme invité à la populaire émission sportive L'Antichambre diffusée à RDS, Lemieux n'avait pas trop élaboré sur le genre de conversations qu'il entretenait avec ses rivaux sur la patinoire, probablement parce que ce n'était pas publiable. "Je n'avais pas été tendre envers de Charlie Simmer, faisant allusion à sa fiancée, un mannequin pas piqué des vers et qui avait posé en petite tenue dans la revue Playboy, question d'arrondir ses fins de mois. Simmer ne l'avait pas trouvé drôle. D'ailleurs, rares sont ceux qui trouvaient comiques les jacasseries de Pépé. Pour une rare fois, Lemieux s'était excusé auprès de Charlie parce qu'il était un bon gars", avait-il dit. Quel numéro.
"Pépé" avait aussi révélé, ce soir-là, que son joueur préféré avait été Dale Hunter, des Nordiques et plus tard des Capitals, le favori également de Michel Bergeron, son ancien entraîneur à Québec. Dale Hunter son idole?
On se souviendra que Hunter avait écopé d'une suspension de 21 matchs en 1993 pour un geste inapproprié et déplorable à l'égard de Pierre Turgeon, des Islanders, ce qui avait soulevé l'ire de Jean Béliveau, reconnu comme un homme calme, pondéré et qui évite généralement la controverse. Or, l'ancien capitaine du Tricolore, avait alors déclaré au journaliste Yves Poulin du Soleil de Québec, le 9 mai 1993 : "Moi, c'est une demi-saison que je lui aurais imposée. Les arbitres laissent tout passer en séries. J'ai été l'un des premiers à dénoncer le système. J'ai toujours prétendu que les bons joueurs s'ajustaient au style préconisé, mais que l'accrochage et autre forme d'antihockey nuisaient au spectacle", avait-il ajouté. Aujourd'hui la situation a-t-elle vraiment changé? Surtout le système de l'arbitrage en séries? Pas sûr.
À l'image de Ted Lindsay
Pour revenir à Claude Lemieux, on ne peut pas dire qu'il n'a pas été un bon joueur. Baveux sur les bords, mais ses statistiques, surtout dans les séries, sont fort élogieuses. En 1215 parties, il a marqué 379 buts, le même nombre que le fougueux Ted Lindsay des Red Wings de Detroit, un autre joueur détestable au style de Lemieux et qui prenait un malin plaisir à faire sortir le Rocket de ses gonds. Mais en séries éliminatoires, Lemieux a marqué 80 buts, seulement deux de moins que Maurice Richard, mais en plus grand nombre de matchs. L'an dernier, Claude a tenté un retour au jeu avec les Sharks de San Jose, à 43 ans. Il avait prétendu qu'il voulait que ses enfants aient le privilège de le voir jouer. Son retour a duré le temps des roses.
Naturellement, Claude Lemieux a souvent trouvé chaussure à son pied, car il s'attirait des bosses en défiant vulgairement l'adversaire. En 1996, avec l'Avalanche du Colorado, il avait donné un coup vicieux à Kris Draper, des Red Wings, qui avait dû subir une intervention chirurgicale faciale. L'année suivante, c'est Darren McCarty qui avait réglé le cas de Lemieux. Jean Perron se souvient d'une échauffourée entre Lemieux et Jim Peplinski, des Flames à Calgary. "Peplinski avait mis son doigt dans la bouche de Lemieux, lors de leur combat et «Pépé» l'avait mordu avec le résultat que le joueur des Flames avait raté trois matchs. Incroyable, mais vrai", de se rappeler Jean. Stephane Richer, ancien coéquipier de Lemieux, l'a toujours considéré comme une force de la nature. "Il n'était pas le meilleur batailleur de la Ligue, mais il ne reculait devant personne et était fort comme un cheval", de dire Richer.
Dans sa jeunesse, «Pépé» avait indiqué qu'il aimerait devenir commentateur sportif au terme de sa carrière comme joueur. Aujourd'hui, on croit savoir qu'il est associé avec Petr Svoboda, anciennement du Canadien, dans une entreprise de fruits congelés dans la région de Toronto. Si jamais il devenait joueurnaliste il ferait mieux d'adopter un style différend que celui qu'il préconisait comme joueur.
Je dis ça tout bonnement.