QUÉBEC - Le maire de Québec, Régis Labeaume, et le ministre responsable de la région de la capitale, Sam Hamad, ne s'entendent pas sur la planification du projet de nouveau Colisée, pour lequel une annonce en grande pompe est attendue jeudi.

Le porte-parole de M. Labeaume, Paul-Christian Nolin, a déclaré mercredi à La Presse Canadienne qu'un comité en est à l'élaboration d'un dossier de présentation stratégique, première étape d'une feuille de route imposée par le gouvernement.

« Je ne peux pas vous dire, à partir de ce que j'ai devant moi, que cette étape est franchie au complet », a-t-il dit.

Pourtant, le porte-parole de M. Hamad, Maxime Sauvageau, a récemment affirmé que cette première étape était déjà franchie. M. Sauvageau a soutenu que le cabinet du ministre considérait qu'une étude de marché, dévoilée en septembre dernier par la firme Ernst & Young, servait de dossier de présentation stratégique.

Selon le cabinet de M. Hamad, le comité directeur, auquel siège notamment un sous-ministre, Claude Pineault, est plutôt rendu à l'élaboration du dossier d'affaires initial, la deuxième étape de la politique cadre sur la gouvernance des grands projets, un document du Secrétariat du Conseil du trésor du gouvernement qui guide la planification.

« En ce qui concerne le reste du dossier, l'étape du dossier de présentation stratégique étant complétée, en ce moment ils en sont à l'élaboration du dossier d'affaires initial qui comprendra une analyse des besoins et un Plan fonctionnel technique (PFT) », a écrit M. Sauvageau dans un courriel à La Presse Canadienne.

M. Sauvageau n'a pas commenté cette divergence, dirigeant les questions à la Ville de Québec.

Au cabinet de M. Labeaume, M. Nolin a affirmé qu'il s'agit d'une question d'interprétation.

« Ce n'est pas une divergence, j'ai l'impression que c'est une différence d'interprétation », a-t-il dit.

Mais l'attaché de presse du maire a assuré que cette question sera éclaircie jeudi, lors d'une annonce en grande pompe concernant le montage financier du projet, qui n'était pas encore complété jusqu'ici.

M. Nolin a notamment souligné que Normand Bergeron, président-directeur général d'Infrastructure Québec (IQ), une agence gouvernementale agissant à titre de consultant dans le dossier, sera présent lors de l'événement.

« Nous on essaie de rendre service par rapport au comité Infrastructure Québec, mais de toute évidence, ils devront peut-être se donner une structure de communication plus claire », a-t-il dit.

Jusqu'ici, IQ s'est refusé à tout commentaire, dirigeant toutes les questions vers la Ville de Québec.

Le premier ministre Jean Charest, qui s'est engagé à défrayer 45 pour cent des coûts de construction de 400 millions $, sera présent lors de la conférence de presse, jeudi.

Depuis qu'il a annoncé son projet en octobre 2009, M. Labeaume a attendu en vain que le premier ministre Stephen Harper annonce un investissement pareil à celui de Québec.

À Ottawa, la confusion régnait mercredi, autour du financement de l'amphithéâtre.

À la veille de l'annonce à Québec - où le gouvernement Harper brillera par son absence - des sources conservatrices ont déclaré à La Presse Canadienne que le gouvernement considérerait de modifier les règles du fonds de la taxe sur l'essence pour inclure un projet comme celui de M. Labeaume.

Pour l'instant, ce fonds constitué des taxes prélevées à la pompe par Ottawa est réservé aux municipalités mais uniquement pour des projets comme des routes, des ponts ou des aqueducs. Il ne prévoit pas les installations sportives ni culturelles.

À Québec, M. Nolin a clairement laissé entendre que cette proposition n'est pas une option, puisque cela n'ajouterait pas de fonds supplémentaires.

« À la veille de la conférence de presse, ça ressemble à de l'improvisation, a-t-il dit. Ça ne donne rien de plus pour le projet, au contraire, on demanderait à la Ville de Québec de réduire le financement du transport en commun et de sacrifier dans le travail qui a été fait pour la réfection des infrastructures pour payer l'amphithéâtre au nom du fédéral. »

Mais la ministre Josée Verner a démenti mercredi cette éventualité en affirmant haut et fort qu'il ne s'agit que de « spéculations ».

« Il y a pas de plan comme ça », a-t-elle indiqué.

« Tant qu'on n'a pas le plan d'affaires dans les mains, c'est assez difficile pour nous de diriger le projet vers un type de financement ou non », a ajouté la ministre, tentant d'éviter de confirmer si la taxe d'essence avait été discutée comme option.

Mme Verner a réitéré la position du gouvernement selon laquelle le financement des installations pour des sports professionnels relève d'abord et avant tout du secteur privé.

« Ça sent l'improvisation », a commenté le député libéral Denis Coderre au sujet de la taxe sur l'essence.

« Il fallait qu'ils (les conservateurs) trouvent quelque chose pour démontrer qu'ils travaillent », a-t-il raillé.

Pour les libéraux, cette idée lancée « à la toute dernière minute » prouve que les conservateurs sont désespérés de trouver une façon de conserver leurs précieux sièges dans la région de Québec en faisant ce cadeau à sa population.

Puisque les suggestions de financement direct par Ottawa des installations projetées a causé un tollé, notamment dans l'ouest du pays, les conservateurs évaluent d'autres options, comme celle-ci qui n'entraîne aucun débours supplémentaire, les sommes du fonds ayant déjà été promises aux municipalités. Elles n'auraient qu'à choisir leurs priorités.

« C'est déshabiller Paul pour habiller Pierre », a déploré le chef libéral Michael Ignatieff, qui estime que l'argent manque déjà aux municipalités.