OTTAWA - Si Quebecor Media a confirmé sa participation dans le projet d'un nouvel amphithéâtre à Québec, Ottawa, en revanche, a finalement offert une réponse à la Ville et à la province : faute d'une contribution assez importante du privé, le fédéral s'abstiendra d'investir lui aussi.

À sa sortie des Communes, mardi, la ministre des Affaires intergouvernementales, Josée Verner, a fait valoir qu'il s'agissait toujours d'un projet « essentiellement financé par le public ».

Ottawa plaide, depuis que la Ville et la province lui demandent de participer au financement d'un nouveau Colisée, que le projet nécessite une participation «substantielle» du secteur privé.

L'annonce du chef de la direction de Quebecor Media, Pierre Karl Péladeau, mardi, n'a pas satisfait le gouvernement fédéral.

« À ce moment-ci, selon nos précédents, ça demeure un projet essentiellement financé par le public. Il n'y a pas suffisamment de privé dans le projet », a martelé la ministre Verner, en citant l'exemple du stade MTS Centre de Winnipeg, au Manitoba, qui avait été financé aux deux tiers par le privé.

La ministre s'est cependant dite prête, au cours d'un bref point de presse qui n'aura duré que quelques minutes, à contribuer à la revitalisation urbaine entourant le projet, en finançant les infrastructures en vertu des programmes fédéraux existants.

Le maire de Québec, Régis Labeaume, avait d'abord réclamé une réponse d'Ottawa avant la fin de l'année 2010. Puis, confronté au silence du gouvernement fédéral, il avait annoncé sa décision d'aller de l'avant, avec ou sans la contribution d'Ottawa.

Après des mois d'attente, la réponse des conservateurs est finalement venue, mardi.

Et le premier ministre du Québec, Jean Charest, n'a pas caché sa déception, lorsqu'il a été questionné suite à la sortie de Mme Verner.

« J'ai l'impression qu'ils n'ont jamais su (le gouvernement conservateur) ou ils n'ont pas pu trouver une porte d'entrée. On aurait voulu que ce soit autrement », s'est-il désolé.

« Le train est pas mal passé pour le gouvernement fédéral dans le cas de l'amphithéâtre. Il y aura d'autres projets dans la région de Québec; peut-être que ce sera l'occasion pour le gouvernement fédéral de se rattraper », a-t-il lancé à l'intention d'Ottawa.

Le premier ministre du Québec, Jean Charest, avait annoncé, l'automne dernier, être prêt à financer 45 pour cent des coûts de la construction d'un nouvel amphithéâtre, estimés à 400 millions $. Et M. Charest avait indiqué s'attendre à un financement à hauteur égale de la part du gouvernement fédéral, tandis que la Ville de Québec fournirait 50 millions $.

M. Labeaume et Pierre Karl Péladeau ont fait part mardi de leur entente, qui prévoit que Quebecor assure la gestion de l'édifice pour une période de 25 ans. Quebecor paiera durant cette période une somme de 110 millions $ à 200 millions $ à la Ville de Québec, selon qu'une équipe de la Ligue nationale de hockey sera présente ou non.

À Ottawa, le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, a vivement critiqué ce refus de participer du fédéral, en jetant le blâme sur la «soumission» des députés conservateurs de la région de Québec, qui ont failli à convaincre leur caucus de se lancer dans le projet.

Le leader du Parti libéral s'est quant à lui moqué du fait qu'Ottawa s'en tienne à financer les infrastructures entourant la construction du futur amphithéâtre.

« Cet après-midi, à la Chambre, elle (la ministre Verner) a dit peut-être qu'on va faire des trottoirs, on va faire un petit peu d'urbanisme. Ce n'est pas sérieux ça, c'est le gouvernement du Canada. Je partage l'impatience du maire Labeaume. Où sont-ils, le gouvernement conservateur? », a scandé Michael Ignatieff.