Armée du courage que lui ont inspiré d’autres athlètes qui ont, avant elle, fait leur part pour abattre les barrières de l’ignorance et de l’incompréhension, Charline Labonté a décidé de dévoiler un important pan de sa vie privée.

La quadruple médaillée d’or olympique au sein de l’équipe canadienne de hockey féminin est homosexuelle.

Labonté a fait son annonce mercredi dans le cadre d’une entrevue exclusive qui a été diffusée dans le cadre de l’émission "Sports30 en prolongation".

« J’y ai beaucoup pensé et je réalise que ça va au-delà de moi. Aujourd’hui, ce n’est pas à propos de moi qui fais un coming out. C’est à propos de ma volonté de parler ouvertement de ma situation pour contribuer à l’avancement de la cause dans notre société », a déclaré la femme de 31 ans à notre journaliste Anouk Grignon-L’Anglais.

« Je suis dans une position où je suis finalement à l’aise avec moi-même. J’ai confiance en moi et je sais qui je suis. Alors je me suis dit qu’en mettant ma petite personne de côté, peut-être que je pourrais aider des gens. »

Labonté dit avoir été convaincue de la nécessité de son geste après avoir observé l’impact positif de gestes similaires récemment posés par le joueur de football Michael Sam et, dans un autre domaine, l’actrice Ellen Page.

« Plus on en parle, moins ça va être un problème. Parce qu’on ne se le cachera pas, ça l’est encore un peu », déplore-t-elle.

Charline Labonté se confie à Sylvain Guimond

L’athlète de Boisbriand mûrissait sa décision depuis un certain temps, mais jugeait que le contexte particulier entourant les Jeux olympiques de Sotchi, particulièrement au moment de l’adoption de nouvelles lois russes punissant la « propagande homosexuelle », ne servirait pas l’avancement de la cause.

« Je m’entraînais pour les Jeux, je sais que ça serait probablement mes derniers et je ne voulais rien mettre entre mon rêve et moi. Je ne voyais pas ce que ça aurait pu faire de plus. Ça aurait peut-être provoqué des gens et ce n’était vraiment pas mon intention. J’espérais aussi avoir une autre médaille d’or pour qu’il y ait encore plus de poids derrière mes actions. »

La diplômée de l’Université McGill souhaite aujourd’hui faire sa part pour aider à détruire les nombreux tabous toujours associés à l’homosexualité même si elle est consciente des possibles répercussions négatives que sa sortie pourrait engendrer.

« Je sais qu’il y a des gens qui sont encore très fermés à l’idée. Éventuellement, après ma carrière dans le hockey, je devrai me trouver une vraie carrière. Est-ce que ça va me mettre des bâtons dans les roues? J’espère que non. J’espère qu’on est ailleurs en tant que société. J’ai confiance en ce que je fais et je suis à l’aise là-dedans, mais je ne peux pas cacher qu’il y a un côté stressant. »

« Je rêve de vivre dans une société où une personne n’aura pas à faire un coming out parce que ça sera rendu normal. On n’est pas encore là. On est sur la bonne voie, mais c’est très lent. C’est pour ça que j’ai décidé de le faire. On est en 2014. C’est assez. »