Les 30 formations de la Ligue nationale ont préparé la prochaine saison comme si les camps d'entraînement s'étaient amorcés le jour prévu et comme si la saison se mettait en branle le 11 octobre. Les directeurs généraux ont façonné leur personnel sur la glace et les entraîneurs ont déjà une idée assez précise des trios qu'ils ont l'intention de composer et du style de jeu qu'ils entendent préconiser. Bref, ils sont prêts.

Le Canadien est la seule équipe de la ligue à avoir totalement transformé son personnel de direction, sauf évidemment pour Larry Carrière, l'unique survivant du triste régime de Pierre Gauthier. Les nouveaux venus étaient pressés de se mettre au boulot, mais l'actuel lock-out, qui laisse les amphithéâtres de la ligue en pleine noirceur, est venu contrecarrer leurs plans.

L'entraîneur Michel Therrien a dit se sentir comme un lion en cage. On peut le comprendre, car il a attendu très longtemps que le téléphone sonne, une attente qui lui a paru interminable. Non seulement reprend-il du service dans la Ligue nationale, mais il revient chez lui, à Montréal, au sein d'une organisation qui, par bonheur, lui accorde une seconde chance.

Marc Bergevin et tous les hommes de hockey qu'il a embauchés durant l'été sont comme des chevaux de course qu'on retient derrière le barrière mobile. Le nez collé sur la clôture, ils piaffent d'impatience, sans savoir quand on leur permettra de foncer vers l'objectif fixé.

Le plus frustrant dans tout cela, c'est qu'ils ont tous joui d'une belle promotion en joignant les rangs du Canadien. Ils sont 11 à avoir vu leur carrière progresser d'un échelon ou deux.
De mémoire d'homme, un chambardement aussi profond ne s'est jamais vu dans le hockey.

En voulez-vous des promotions? En voilà. La plus importante, c'est Marc Bergevin qui l'a obtenue. Après avoir franchi plusieurs étapes au cours des dernières années, il a quitté un poste d'adjoint au directeur général des Blackhawks pour accéder au rang le plus élevé de sa profession. Pour la première fois de sa carrière, il peut façonner une équipe à sa manière.

À Toronto, il est allé chercher Rick Dudley, son ex-mentor chez les Hawks, pour en faire l'un de ses deux adjoints. Son bagage d'expérience est impressionnant puisqu'il a été directeur général de quatre équipes de la Ligue nationale en plus d'en avoir dirigé deux autres, les Sabres et les Panthers.

Scott Mellanby, un Montréalais qui a endossé cinq chandails différents dans la ligue, est passé d'entraîneur adjoint chez les Blues de Saint-Louis à directeur du personnel des joueurs au Centre Bell.

Michel Therrien avait dû se satisfaire d'un vague job de recruteur avec le Wild du Minnesota après son congédiement par les Penguins, il y a trois ans et demi. N'eut été de l'offre providentielle du Canadien, peut-être n'aurait-il plus jamais dirigé une équipe de la Ligue nationale. On peut comprendre son impatience de diriger son prochain match qui sera le 500e de sa carrière dans le circuit Bettman.

Un autre qui commençait peut-être à désespérer de revenir dans la ligue est son adjoint Gerard Gallant qui, derrière le banc des Sea Dogs de Saint John, a remporté les deux derniers championnats du circuit junior québécois. Congédié après un peu plus de deux ans passés derrière le banc des Blue Jackets de Columbus, il attendait depuis cinq ans l'occasion de revenir dans la Ligue nationale.

Clément Jodoin, un vieux routier qui a été entraîneur en chef durant 12 ans dans la Ligue américaine et dans le hockey junior, ne s'attendait certainement pas à revenir derrière le banc du Canadien quand on lui a confié le direction de la filiale de Hamilton, il y a un an.

Jean-Jacques Daigneault, qui aura la responsabilité des défenseurs, est un choix étonnant puisque c'est Larry Robinson qu'on attendait. Après un exil de 17 ans, il revient avec le Canadien après avoir agi comme entraîneur adjoint durant les six dernières saisons dans la Ligue américaine, dans l'organisation des Rangers.

Martin Lapointe, lui, a effectué tout un bond quand il est passé de simple recruteur chez les Blackhawks à directeur du développement des joueurs.

Patrice Brisebois, qui était sans travail depuis son dernier match avec le Canadien il y a trois ans, est devenu entraîneur, chargé du développement des joueurs.

Sylvain Lefebvre, entraîneur adjoint avec l'Avalanche du Colorado durant trois ans, pourra enfin caresser sa grande ambition de devenir entraîneur en chef, à Hamilton.

Finalement, Donald Audette est devenu le recruteur que Bergevin avait promis d'ajouter à son organigramme au niveau de la Ligue junior majeure du Québec. Dans l'attente d'un règlement du conflit, Audette, son acolyte Serge Boisvert et tous les autres recruteurs de talent du Canadien sont les seuls membres de l'organisation à pouvoir travailler en ce moment.

A-t-on déjà vu tant de personnes promues à des postes supérieurs qui, quelques semaines à peine après leur nomination, se retrouvent dans l'impossibilité d'exercer leur fonction?

Il n'y a pas que le hockey...

Avant de songer à se rendre en Europe pour conserver la forme, Martin Brodeur s'occupera de choses plus importantes à ses yeux.

Si on ne l'a pas aperçu parmi le contingent de 280 joueurs qui sont allés appuyer Donald Fehr à New York, c'est parce qu'il passait du temps de qualité avec ses trois fils, Anthony (18 ans) et les jumeaux de 16 ans, Jeremy et William, qui sont inscrits au Shattuck-St. Mary's School, au Minnesota, l'alma mater de Zach Parise, de Jonathan Toews et de Sidney Crosby, notamment.

Jeremy, qui va déjà chercher dans les six pieds et un pouce à 16 ans, et Anthony sont des gardiens de but prometteurs, tandis que William, l'intellectuel de la famille qui évolue à la défense, ne vise pas une carrière professionnelle sportive.

Mais il y a plus. Brodeur viendra prochainement rendre visite à son père Denis qui, en février dernier, a subi une délicate intervention chirurgicale pour l'ablation d'une tumeur au cerveau. Malheureusement, à la suite d'un examen de résonance magnétique subi au milieu de l'été, le légendaire photographe sportif, longtemps attaché au Canadien et aux Expos, a appris avec stupéfaction qu'une nouvelle tumeur s'était logée dans son cerveau. Il a été opéré à nouveau le 10 août dernier avec succès, semble-t-il, puisque qu'il récupère bien.

«J'ai recommencé à prendre des marches près de la maison. Je n'ai ni maux de tête ni étourdissements. Les médecins sont étonnés de ma capacité de récupération», précise-t-il.

Denis, qui aura 82 ans le mois prochain, a reçu deux appels d'encouragement de Jean Béliveau qui a lui-même été sérieusement éprouvé sur le plan de la santé.

«Nous avons jasé de nos petits bobos respectifs», mentionne le photographe à la retraite.

Si on peut qualifier de petits bobos une tumeur au cerveau et un anévrisme à l'aorte pour le Gros Bill.

L'autre visage de Subban

Il y a quelque temps, on a présenté au Versant, à Terrebonne, le premier tournoi de golf Max Pacioretty.

Le jeune attaquant du Canadien, qui s'est comporté avec classe avec les participants durant toute la journée, s'est dit impressionné de la réponse qu'il a obtenue du public. Durant la soirée, il était accompagné de ses parents qui ont pu constater que le soutien des Montréalais à l'endroit de leur fils ne se limitait pas à la saison de hockey.

Les organisateurs de l'événement ont apprécié la contribution inattendue de P.K. Subban qui, avec la participation de son commanditaire majeur, CCM Reebok, leur a offert de son propre chef de l'équipement pour une valeur de 8 400 $. Cette commandite non sollicitée de sa part lui a permis de se faire voir sous un jour différent.

On dit souvent du jeune défenseur que son attitude ne fait pas toujours l'unanimité parmi ses coéquipiers, mais il est aussi capable de gestes spontanés et généreux qui lui valent un certain capital de sympathie.

Quand les portes sont fermées

Plusieurs personnes s'expliquent mal l'absence des joueurs au tournoi de golf de l'équipe dont les profits sont remis à la Fondation des Canadiens pour l'enfance.
Sachez qu'ils ne pouvaient pas y être. Un lock-out dit bien ce qu'il représente. Les portes de l'entreprise sont totalement fermées aux employés qui le subissent. Ils n'ont plus aucun contact avec leur employeur puisqu'on les a mis temporairement à la porte.

Pour pouvoir s'entraîner sur leur propre glace à Brossard, les joueurs doivent louer la patinoire 225 $ l'heure, comme le commun des mortels. Comment auraient-ils pu participer au tournoi du Canadien quand les hommes de hockey de l'équipe n'ont même pas le droit de leur adresser la parole? Il faut avoir vécu un lock-out pour en connaître tous les effets désagréables.

Bref, je ne crois pas que l'Association des joueurs aurait apprécié qu'ils participent au tournoi et je pense que la direction de l'équipe aurait été plutôt mal à l'aise de les voir se présenter.

Ils pourront se côtoyer à nouveau le jour où ils seront assez brillants pour s'asseoir à la même table afin de régler ce conflit qui ne fait aucun sens.