TORONTO - De Mike Babcock à Carey Price, Équipe Canada est prête pour son match le plus important de la Coupe du monde. Son match le plus difficile aussi. Du moins peut-être.

Pas que les Russes soient aussi redoutables qu’ils l’ont déjà été. Ça non! Ils sont toujours démunis à la ligne bleue. Et ils n’ont pas convaincu grand monde dans le cadre des trois matchs disputés en ronde préliminaire si l’on considère que les Malkin (1 but, 1 passe) et Ovechkin (1 but, 2 passes) ont plus souvent été invisibles sur la patinoire que flamboyants.

Il est justement là le danger.

Dans le cadre d’un match sans lendemain, les plans de matchs, les structures, une préparation sans faille autant sur la glace que dans le vestiaire ne sont pas toujours récompensés. La logique n’est pas toujours respectée.

Ovechkin et Malkin pourraient exploser. Sergei Bobrovsky, le meilleur joueur et de loin de l’équipe russe depuis le début du tournoi pourrait s’illustrer davantage encore qu’il ne l’a fait au cours des trois premiers matchs et soudainement le Canada qu’on voit non seulement en finale, mais aussi auréolé du titre de champion de la Coupe du monde 2016 serait bafoué.

« Nos joueurs savent l’importance du match de ce soir. Ils sont conscients de l’enjeu. Ils sont prêts. Quand tu fais de bonnes choses sur la patinoire, tu obtiens normalement de bons résultats. Ça ne t’assure pas d’une victoire, mais ça met toutes les chances de ton côté », a expliqué Mike Babcock après le léger entraînement de son club au Air Canada Centre.

C’est aux Jeux olympiques de Turin le 22 février 2006 que la Russie a célébré sa dernière victoire aux dépens du Canada dans le cadre d’une compétition regroupant les meilleurs joueurs. Cette statistique exclut donc les matchs en Championnat du monde puisque plusieurs des meilleurs joueurs au monde sont toujours impliqués dans les séries éliminatoires de la LNH.

Le match de ce soir sera le 13e de l’histoire entre les deux équipes lors d’une Coupe du monde ou d’une Coupe Canada. Le Canada domine avec un dossier de sept victoires, trois revers et deux verdicts nuls. Le dernier duel remonte à la Coupe Canada 1987 lorsque Mario Lemieux, sur une passe de Wayne Gretzky, avait marqué le but gagnant dans une victoire de 6-5.

« J’espère que ce soir sera le bon soir pour nous », a déclaré le défenseur Dmitry Kulikov.

Price et Weber en action

Afin d’empêcher la Russie de réécrire l’histoire, l’entraîneur-chef Mike Babcock reviendra avec la formation qu’il préfère. Carey Price sera devant le filet, Shea Weber sera de retour à son poste au sein du premier duo défensif et Ryan Getzlaf retrouvera John Tavares et Steven Stamkos.

Invité à développer les propos qu’il a tenus jeudi lorsqu’il a indiqué qu’une fois reposé, Ryan Getzlaf pourrait permettre à son trio de se démarquer, Mike Babcock a répondu qu’il s’agissait simplement d’une question de temps.

« Toute la Russie va regarder ce match »

« C’est mathématique. Avec le temps, ce trio va récolter sa part de points c’est certain. Ces trois joueurs forment un très bon trio et nous aurons besoin de ce trio et des autres pour gagner. »

À quelques heures du match sans lendemain contre les Russes, on ne sentait pas vraiment de nervosité chez les joueurs venus rencontrer les journalistes ce matin.

Lorsqu’on a fait remarquer à Brent Burns qu’il semblait calme et détendu, il a répondu en riant : « C’est parce que je sais qu’une belle sieste m’attend. Je ne suis jamais nerveux avant les matchs. Oui c’est une partie importante et oui elle sera plaisante à disputer, mais je ne suis pas nerveux pour autant. »

Burns était plus préoccupé par l’arrivée prochaine de ses deux fils âgés de cinq et six ans qui s’amènent à Toronto pour assister au match.

« Mes petits monstres s’en viennent. Le niveau de décibel va monter dans l’aréna. J’ai bien hâte de les voir, mais en même temps, ça fait deux semaines que je dors très bien parce que c’est le calme autour de moi », a-t-il confessé en riant.

Quand on a demandé à Shea Weber comment il entendait se préparer en vue du match de ce soir il a répondu bien calmement : « comme pour chaque match que je dispute. »

Cette confiance affichée par les joueurs du Canada est bien normale. Les joueurs qui tenteront de prolonger à 14 la série de victoire consécutive de leur équipe nationale sur la scène internationale forment ce qui pourrait être la meilleure équipe de l’histoire.

Au-delà du talent naturel de ses joueurs, Mike Babcock assure que c’est l’attitude de ses joueurs qui maximise le rendement de l’équipe.

« L’implication de nos joueurs est totale. Ils profitent de cette expérience pour avoir du plaisir, mais ils s’amusent avec le sérieux nécessaire pour gagner. Nous sommes ici pour gagner et nous savons ce que nous devons faire pour y arriver. »

Duel Crosby-Ovechkin

Le match Canada-Russie de ce soir ravivera aussi la rivalité Sidney Crosby – Alexander Ovechkin. Une rivalité qui a permis de mousser les duels opposant les Penguins de Pittsburgh et les Capitals de Washington dans la LNH.

« Nous sommes effrayés... »

Sur la scène internationale, les capitaines des formations canadienne et russe se croiseront pour la quatrième fois seulement ce soir. Jusqu’ici, Sidney Crosby et son équipe ont toujours éclipsé Ovechkin et son club.

Lors du premier duel survenu en 2005 au Championnat du monde junior, Crosby avait récolté une passe dans une victoire de 6-1 du Canada contre la Russie. Blanchi de la feuille de pointage, Ovechkin avait quitté le match en deuxième période en raison d’une blessure à l’épaule.

Aux Jeux olympiques de Vancouver, Crosby et Malkin ont été blanchis lors du duel Canada-Russie que le Canada avait remporté facilement 7-3.

En 2015, au Championnat du monde disputé à Prague, Crosby a marqué un but et ajouté une passe dans un gain de 6-1 aux dépens de la Russie. Ovechkin avait alors été blanchi une fois encore.

Lors des trois matchs Canada-Russie impliquant Crosby et Ovechkin, le Canada a eu le dessus 19-5 au total des buts marqués. Crosby revendique un but et deux passes alors qu’Ovechkin est toujours en quête d’un premier point.

« Je vais avoir une bonne sieste »

« Ce match n’est pas un duel entre deux joueurs, mais entre deux pays », a simplement répondu Alexander Ovechkin lorsqu’il a été question de sa rivalité avec Crosby.

C’est un fait.

Mais avec toutes les comparaisons normales que l’on dresse entre les deux joueurs, avec les deux coupes Stanley de Crosby alors qu’Ovechkin n’a pas encore conduit les Capitals aux grands honneurs, avec les médailles d’or olympiques de Crosby alors qu’Ovechkin a fait chou blanc aux J-O contre son rival, le temps ne pourrait pas être mieux choisi pour savourer une douce revanche.

La réponse viendra dans quelques heures.

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