TORONTO - C’est avec consternation que les Suédois ont vu leur rêve de venger la défaite aux mains du Canada lors du match de médaille d’or des Jeux de Sotchi s’évanouir lorsque Tomas Tatar a marqué en prolongation.

De tous les joueurs venus répondre aux questions des journalistes, le gardien Henrik Lundqvist était visiblement le plus abattu. Il a tourné le dos aux caméras qui le mitraillait avant de monter sur le podium où il était attendu.

Casquette blanche ornée de trois couronnes servant d’emblème à son pays, Lundqvist avait même les yeux humides. Humide d’un trop plein d’émotion et non de sueur produite lors du match qui venait de prendre fin.

« C’est une énorme déception », a candidement admis Lundqvist.

« On savait que ce ne serait pas un match facile, car il n’y a pas de match facile dans le cadre de ce tournoi en raison du talent très relevé de chaque formation. Malgré tout, j’avais confiance qu’on passerait en finale. On est revenu dans le match. On a forcé la tenue de la prolongation, mais en fin de compte on est tombé à court de notre objectif », a poursuivi le vétéran gardien.

ContentId(3.1198825):Coupe du monde : Europe 3 - Suède 2 (Prol.)
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Victime de trois buts sur les 31 tirs qu’il a affrontés, Lundqvist n’a pas été mauvais. Loin de là. Mais il n’a pas été aussi étincelant qu’il ne l’a été contre les Surdoués contre qui il a effectué 45 arrêts dans un revers de 4-3, encore en prolongation, mais un revers qui ne changeait rien à la destinée de son équipe.

La défaite de dimanche a mis une fin abrupte à la Coupe du monde de Lundvqist. C’était sa 11e présence devant le filet de son équipe nationale en compétition internationale. S’il a déjà au cou une médaille d’or olympique (Turin 2006), une autre d’argent (Sotchi 2014) et deux autres médailles d’argent reçues aux championnats du monde de 2003 et 2004, Lundqvist a peut-être vu son dernier espoir de remporter une compétition internationale s’évanouir face à l’Europe hier.

Âgé de 34 ans, on peut se demander si Lundqvist sera en mesure de conserver son trône de gardien numéro un de la Suède lors des prochains Jeux olympiques en 2018. Sans compter qu’on ne sait pas encore si la LNH donnera le feu vert à ses joueurs de se rendre en Corée.

En plus de chasser Lundqvist et ses coéquipiers de Toronto, la défaite de la Suède privera le Air Canada Centre des meilleurs partisans du tournoi.

Les Suédois formaient, et de loin, la plus grosse délégation de partisans venus à Toronto pour profiter de la Coupe du monde de hockey. Ils étaient aussi, et surtout, les plus bruyants. Les plus amusants.

On a souligné avec raison la présence de nombreux «touristes» finlandais et tchèques. La communauté russe de Toronto était aussi très en vue au ACC lors des matchs de la Russie.

Mais les Suédois étaient dans une classe à part.

« On doit bien être 1500 peut-être 2000 qui ont fait le voyage », m’a fièrement lancé Mats Olsson qui a fait le voyage de Malmö au sud de la Suède pour assister au tournoi.

Flanqué de ses compagnons Mats Westman et Henrik Brobakken, Olsson n’a pas pu résister à la dépense imposante associée à sa semaine à la Coupe du monde.

« Nous sommes des fans finis de hockey. Des fans finis de notre équipe nationale. En plus, l’attrait de venir au Canada, à Toronto, avec le Temple de la renommée nous a motivés à faire ce voyage que nous ne regretterons pas peu importe l’issue du tournoi pour notre équipe », m’a indiqué Olsson croisé avant le duel Suède-Finlande en ronde préliminaire.

Mats Olsson et ses compagnons de voyage se sont organisés seuls. Cela leur a permis d’économiser un peu. Mais la grande majorité de leurs compatriotes – et aussi de partisans finlandais – ont fait affaire avec des agences spécialisées.

« Les groupes sont parrainés par des anciens joueurs. En plus d’assister aux matchs, ils avaient des visites organisées aux chutes Niagara et dans différents vignobles. Nous nous contentons de bières et avons concentré nos activités sur le hockey », a indiqué le joyeux trio.

Cette indépendance leur a permis de faire le voyage aller-retour, de passer une semaine à Toronto, d’assister aux trois matchs de la Suède en ronde préliminaire pour autour de 2500 $. Une somme à laquelle il faut ajouter plusieurs dollars dépensés en bières et aussi pour le match Canada-USA alors qu’ils ont acheté des billets à des revendeurs sur la rue.

Ceux qui sont passés par des agences ont toutefois dépensé entre 4000 $ et 5000 $. Une somme qui oscille autour de 30 000 couronnes, soit le salaire moyen mensuel en Suède... avant impôts.

« C’est beaucoup d’argent, mais on ne voulait pas manquer ça. Et on a facilement eu la bénédiction de nos familles, car nos épouses peuvent écouter ce qu’elles veulent à la télé alors qu’il n’y aurait que du hockey à l’écran si nous étions à la maison », ont ajouté les trois hommes en riant.

Les rires des Suédois étaient communicatifs au Centre Air Canada.

Drapés de jaune, la tête ornée de cornes, le cœur à la fête, les Suédois ont animé le Centre Air Canada comme rarement il est animé pendant les matchs des Maple Leafs.

On s’ennuiera d’eux en grande finale.

Car si on a remarqué la présence de quelques Slovaques ici, de Suisses là et d’Allemands là-bas, la représentation internationale risque de piquer du nez dramatiquement en finale.

On doit espérer que les nombreux sièges inoccupés lors des matchs autres que ceux impliquant le Canada seront tous occupés en grande finale.

Ce qui devrait d’ailleurs être le cas.

Du côté de la LNH comme de l’Association des joueurs, on assure que tous les billets – ou la très grande majorité – et les loges corporatives ont été vendus avant la compétition.

Mais l’opposition est féroce en ce moment à Toronto avec les Blue Jays qui sont au plus fort de la course pour une place en séries dans la Ligue américaine. En plus, les Jays compléteront lundi une série de quatre matchs contre les Yankees alors que les Orioles de Baltimore suivront mardi, mercredi et jeudi.

Rien pour aider la cause de la Coupe du monde.

L’idée de placer la demi-finale Suède-Europe à 13 h dimanche a certainement fait l’affaire des diffuseurs européens qui profitaient d’une partie en heure de grande écoute en soirée.

Mais cette plage horaire n’aidait en rien à garnir les gradins du ACC alors qu’à quelques coins de rue les Jays et les Yankees jouaient à guichets fermés. En plus, c’était un très beau dimanche à Toronto. Rien pour inciter des amateurs un brin curieux par la Coupe du monde de venir faire un tour.

Bien hâte de voir à quoi ressemblera l’occupation du Centre Air Canada en finale. Quelles seront les conclusions de la LNH après cette expérience somme toute intéressante surtout que les activités (spectacles) organisées en parallèle à la Coupe du monde ont attiré beaucoup de monde. Qu’ils soient fans de hockey ou non.

Mais en dépit des sièges inoccupés qui sautaient aux yeux lors de la ronde préliminaire, la présence colorée et bruyante des Suédois et des autres amateurs venus d’Europe pour encourager leur équipe a réussi à combler ce vide.

Ils nous manqueront en finale...