TORONTO - Les gardiens Henrik Lundqvist et Jacob Markstrom ont contribué aux deux victoires de la Suède jusqu’ici à la Coupe du monde. Deux victoires qui ne les assurent pas encore d’une place en ronde éliminatoire en fin de semaine, mais qui les gardent au plus fort de la course.

Mais devant Lundqvist et Markstrom on retrouve le meilleur groupe de défenseurs du tournoi. On retrouve aussi le système défensif le plus efficace de la planète hockey.

Je sais. Carey Price et ses coéquipiers d’Équipe Canada n’ont pas accordé de but à leurs 11 dernières périodes de hockey soit depuis le match de quart de finale qui les opposait à la Lettonie aux Jeux olympiques de 2014. Je sais aussi que le Canada a balayé la Suède 3-0 lors du match de médaille d’or à Sotchi.

Ces résultats confirment que le Canadien est globalement bien plus fort que le reste de ses rivaux internationaux. Et bien que le Canada soit très solide lui aussi en défensive, je demeure d’avis que les structures défensives de la Suède sont les plus étanches du hockey. Quand elles sont respectées, c’est bien évident...

Un brin rouillé, deux brins contents

On en a d’ailleurs eu une preuve mardi.

Après avoir limité les redoutables attaquants de la Russie à seulement un but, un petit but qui est venu dans les derniers instants de la rencontre, les Suédois ont blanchi les Finlandais 2-0. Parce qu’ils devaient gagner pour garder espoir de prolonger leur séjour à Toronto, les Finlandais ont mis toute la gomme. Tous les joueurs ont atteint la cible au moins à une reprise. Globalement, ils ont obtenu 36 tirs, dont quelques très bons.

Mais même s’il ne disputait qu’un troisième match en quatre mois, Henrik Lundqvist, de retour devant sa cage après avoir été contraint à déclarer forfait avant la première rencontre en raison d’une « grippe d’homme », a eu la vie relativement facile grâce au travail de ses coéquipiers.

« J’étais rouillé en première période. Je me sentais mieux en deuxième et mieux encore en troisième période. Mais j’ai pris de mauvaises décisions. Je me suis fait prendre en mauvaise position », a convenu le gardien de la Suède.

« J’ai reçu énormément d’appui de la part de mes coéquipiers qui ont récupéré toutes les rondelles libres autour de moi. Notre structure était à point ce qui a contribué à limiter les surnombres et la qualité des occasions qu’on a offertes. J’ai aussi joué de chance à quelques occasions. Toutes ces raisons m’ont aidé à faire le travail. C’est bon signe. C’est bon pour ma confiance. C’est aussi encourageant pour la suite des choses. Car rien n’est acquis encore pour nous. On doit bien jouer encore demain (mercredi) contre les surdoués de l’Amérique du Nord pour mettre toutes les chances de notre côté », a conclu Lundqvist.

Faire oublier Kronwall

Henrik Lundqvist espère être à nouveau devant le filet mercredi contre l’Europe. Normal. Sa Suède natale disputera un match crucial et comme tout grand joueur de hockey, Lundqvist tient à disputer les rencontres aussi importantes que celle que son équipe disputera mercredi. Et les autres qui suivront peut-être.

Remarquez qu’avec la qualité des défenseurs qui l’appuient dans son travail, je ne connais pas un gardien qui refuserait le mandat de garder la cage suédoise.

D’Erik Karlsson à Anton Stralman, en passant Oliver Ekman-Larsson, Victor Hedman, Mattias Ekholm et Niklas Hjalmarsson le groupe des six arrières de la Suède est supérieur aux groupes des sept autres formations.

Hampus Lindholm, qui occuperait une place au sein du top-2 de la très grande majorité des équipes de la LNH, n’a pas encore endossé l’uniforme. Il est bien possible qu’il ne l’endosse pas non plus si ses six coéquipiers maintiennent la qualité du jeu qu’ils déploient depuis leur arrivée à Toronto.

Sans compter que Niklas Kronwall n’est pas à Toronto avec son équipe nationale en raison d’une blessure. Une blessure qui aide peut-être un peu la cause de l’état-major de l’équipe puisque qu’en dépit d’une réputation qui lui aurait ouvert les portes du vestiaire, Kronwall n’est peut-être plus du calibre des six défenseurs partants.

« Je ne crois pas avoir déjà évolué au sein d’une équipe aussi bien nantie en fait de défenseurs », a convenu Erik Karlsson.

« Nous n’avons pas de faiblesse », a ajouté Victor Hedman qui remplit un rôle de premier plan après avoir été exclu de l’équipe nationale lors des Jeux de Sotchi. Une décision qui l’a peut-être fouetté.

Oliver Ekman-Larsson est utilisé régulièrement à Toronto après qu’il eut été cloué au banc à Sotchi. « J’aurais préféré jouer, mais j’ai quand même beaucoup appris lors des Jeux et je comprends bien mieux ce que les entraîneurs attendent de moi et de l’ensemble des défenseurs », m’expliquait Ekman-Larsson avant le duel contre la Finlande.

Avec autant d’as dans sa manche, l’entraîneur-chef Rickard Gronborg pourrait simplement tirer les noms d’un chapeau pour composer ses trois duos. Lui et ses adjoints ont toutefois jonglé avec ces arrières pour maximiser le rendement de sa brigade. « Nous sommes conscients qu’ils sont tous très bons, mais la recherche d’un bon équilibre a dicté nos choix. »

Parce que Victor Hedman et Anton Stralman jouent ensemble à Tampa Bay, l’état-major a décidé de les garder ensemble. Une décision sage puisque les deux arrières revendiquent chacun un but et des différentiels de plus-2 après deux rencontres.

Parce que Mattias Ekholm est moins porté vers l’attaque, on l’a placé avec Erik Karlsson qui s’aventure souvent très loin sans compter qu’il adore prendre des risques ce qui laisse Ekman-Larsson et Hjarmalsson au sein du dernier groupe.

« C’est vrai qu’on pourrait tous jouer l’un avec l’autre et obtenir de bons résultats. Mais notre philosophie place les besoins de l’équipe bien avant les attentes des joueurs. Et s’il est vrai que nous formons certainement le groupe de défenseurs le plus solide au sein duquel je me suis retrouvé depuis le début de ma carrière, il est essentiel de louanger la qualité du travail de nos attaquants qui viennent nous appuyer dans la phase défensive du jeu et aussi nos gardiens qui sont exceptionnels et en qui nous affichons la plus grande des confiances. C’est très rassurant de savoir que Henrik Lundqvist est derrière toi. Ça te permet de jouer avec plus de confiance. Et quand tu joues avec de la confiance, tu joues souvent avec plus d’aplomb », a conclu Oliver Ekman-Larsson.

S’il était vrai que ce sont les défensives qui gagnent les championnats, la Suède pourrait sérieusement croire en ses chances de quitter Toronto avec la Coupe du monde.

Mais il faut aussi du punch offensif pour auréoler le brio défensif de son équipe de quelques buts. Et c’est ce qui manquera à la Suède si elle parvient à sortir du groupe B pour se retrouver en grande finale contre le Canada dans le cadre d’une finale qui fera revivre le match de médaille d’or de Sotchi. Avec un dénouement similaire...