COVID-19 : grande perte de visibilité pour les joueurs européens avec l'annulation du champ. mondial
Hockey mardi, 24 mars 2020. 08:00 vendredi, 13 déc. 2024. 16:04La situation en Europe a vite dégénéré pendant la pandémie de COVID-19.
L’ancien de l’organisation des Canadiens de Montréal Tim Bozon a d’ailleurs vu sa saison de hockey prendre abruptement fin en Suisse. Son équipe de Genève a disputé ses deux derniers matchs du calendrier régulier à huis clos, puis le reste de la campagne s’est mis à être décalé au fur à mesure que les cas de personnes infectées ont augmenté partout sur le Vieux Continent, jusqu’á ce qu’on décide de tout annuler.
« On nous a d’abord demandé de voter pour savoir si on voulait annuler la saison ou continuer à jouer les playoffs à huis clos, explique le choix de 3e tour du CH en 2012 qui n'a jamais disputé de match dans la LNH. On était quand même prêts à jouer les séries à huis clos parce qu’on a fait une grosse saison et on voulait vraiment essayer d’aller chercher un titre. Mais la semaine d’après, on s’est encore réuni et ils ont carrément décidé de tout arrêter comme les autres ligues d’Europe. Il y a des joueurs qui sont allés sur la glace une dernière fois, et après on a pris nos affaires et ils ont tout fermé. Depuis le 12 mars, on ne fait pas grand-chose. »
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« C’est très dur. Les dernières semaines, ç’a été usant mentalement et vraiment frustrant. Du jour au lendemain, tout s’arrête dans les meilleurs moments d’une carrière de hockeyeur, en playoffs. Mais c’est comme ça pour tout le monde. C’est quelque chose de très grave et il faut en prendre conscience, ça va marquer l’histoire. Il faut être solidaires et s’occuper de sa santé. »
Bozon, un attaquant, est donc rentré en France chez ses parents. Là-bas, pour pouvoir sortir de chez soi, il faut maintenant signer une dérogation et avoir un papier pour justifier exactement sa destination et la raison de sa sortie. Dans certaines villes, il y a même un couvre-feu.
Outre les diverses ligues qui ont mis fin à leur calendrier, le Championnat du monde de hockey sur glace est également annulé. Selon Bozon, il s’agit d’une grande perte de visibilité pour les joueurs qui tentent de se faire remarquer par les meilleures ligues, comme la LNH. Bozon allait bientôt rejoindre l’équipe nationale et partir pour un mois de préparation avant les Championnats. Doivent ensuite avoir lieu les qualifications pour les prochains Jeux olympiques d’hiver, auxquels la France n’a pas participé depuis 2002.
« Tous les joueurs se battent en clubs pour faire partie de la sélection nationale et jouer en Championnat du monde. Tout le monde est déçu parce que c’est une énorme vitrine pour tout le monde, même les coachs, et les joueurs qui veulent se montrer. Bien performer dans ces tournois, c’est toujours un plus, et une belle expérience. Il va falloir patienter une année de plus et c’est difficile dans une carrière de joueur, parce que ce n’est pas très long une carrière de sportif de haut niveau. On avait de gros objectifs et beaucoup d’excitation. J’imagine la détresse des athlètes quand on leur a annoncé que les Jeux allaient probablement être annulés ou reportés. C’est tous les quatre ans et c’est la chance d’une vie. Mais c’est la santé avant tout », dit celui qui se considère chanceux d’avoir toujours une année de contrat en poche avec Genève, alors que d’autres joueurs ont un avenir incertain.
Quand on se compare, on se console? Son compatriote Antoine Roussel, qui évolue dans la LNH avec les Canucks de Vancouver, pense un peu ainsi.
« C’est plate le report de compétitions. Mais je pense aux athlètes olympiques qui s’entraînent pendant quatre ans pour faire leur épreuve, et parfois dans des sports d’ombre. Ces athlètes n’ont pas forcément de projecteurs sur eux, et la seule fois qu’ils en auraient eu, ils n’en ont finalement plus à cause de cette situation qui arrive. Alors moi c’est plus à ces athlètes que je pense. Pour nous, les Championnats du monde c’est chaque année. Il faut prendre ça avec un grain de sel, ce n’est pas la fin du monde si c’est reporté d’une année. C’est décevant pour nous, mais je trouve que c’est vraiment plus décevant pour les athlètes olympiques », relativise Roussel.
Pour revenir à Bozon, il juge avoir bien cheminé depuis qu’il a fait le saut en Europe en 2017, après s’être promené dans la Ligue américaine et l’ECHL. Celui qui fête aujourd’hui ses 26 ans dit posséder une plus grande maturité ainsi qu’une meilleure compréhension du jeu et de son corps.
« Je continue ma progression de mon côté en Europe, dans une bonne ligue en Suisse. J’ai encore eu des pépins physiques et des problèmes de santé qui m’ont ralenti, sinon j’ai fait une plus ou moins bonne saison. Là où il faut que je m’améliore, c’est marquer plus de buts, faire plus de points. Mais je suis content de mon évolution. Globalement j’ai tout amélioré. J’ai plus de temps et un peu moins de pression pour me développer en Suisse que de l’autre côté (de l’océan). Je suis venu à un bon niveau, j’ai un bon coup de patin. Un autre aspect que je dois améliorer pour passer à l’autre étape c’est la constance, ne pas avoir trop de hauts et de bas », analyse enfin le marqueur de 14 points (7 buts et autant d’aides) en 42 parties.