(ESPN.com) - Alors que Scott Niedermayer en est à se demander s'il soulèvera la coupe Stanley aussitôt qu'on la lui remettra ou s'il la passera plutôt à son coéquipier Teemu Selanne, au moment où Daniel Alfredsson espère qu'il a encore une chance de participer aux cérémonies, la grosse nouvelle de la semaine dans la LNH provient de Pittsburgh.

Non, les restaurants Primanti Brothers n'ont pas décidé de retirer les frites de leurs sandwichs.

Lynn Swann n'a pas décidé de s'acheter un condo au centre-ville et de poser sa candidature à la mairie.

La petite merveille des Penguins est maintenant leur capitaine.

En théorie, parce que les débits de boisson de la Pennsylvanie sont plus rigoureux que ceux d'Hollywood, qui laissent entrer quiconque a plus de 15 ans en autant qu'il a apparu sur la couverture du magazine People, Sidney Crosby ne pourra pas inviter ses coéquipiers dans un bar pour leur payer quelques bières comme le veut la tradition.

Mais mis à part ce petit détail, c'est une décision tout ce qu'il y a de plus logique.

À 19 ans, Crosby devient le plus jeune capitaine de l'histoire de la LNH, un "titre" qui appartenait à Vincent Lecavalier. Après avoir refusé le C au milieu de la dernière saison, il a décidé que le moment était venu. Le moment était, en effet, très approprié, quelques semaines après que l'avenir des Penguins fut assuré à Pittsburgh.

Peut-être que le flambeau a été passé à Crosby? Pas vraiment. Le flambeau, le jeune home de 19 ans le tenait déjà. Maintenant, il est allumé.

Il n'y a jamais eu de critères spécifiques pour décider de l'identité du capitaine au sein d'une équipe. Il peut s'agir d'un vétéran aguerri, qui n'est pas nécessairement le meilleur joueur de l'équipe. Souvent, le choix relève de l'évidence même. Steve Yzerman avec les Wings. Joe Sakic avec l'Avalanche. Jarome Iginla avec les Flames.

Mais tout ça est en train de changer, vous ne trouvez pas? À une époque où il est de plus en plus rare de voir un joueur évoluer toute sa carrière avec la même équipe, il est plus que jamais sensé de donner le C à une jeune vedette montante.

Il faut toutefois que ce joueur soit à la hauteur des attentes placées en lui, qu'il ait cette aura que possèdent les grands leaders. Il doit être capable d'être le porte-parole de son équipe auprès des arbitres, auprès des journalistes. Il doit avoir ce qu'il faut pour être le visage de la concession. À Ottawa, par exemple, il est évident que Jason Spezza ferait un bien meilleur capitaine que Dany Heatley.

Sakic était dans la jeune vingtaine quand on a brodé la fameuse lettre sur son uniforme. S'il avait débuté sa carrière aujourd'hui, on lui aurait donnée encore plus tôt.

La semaine dernière, avant le début de la finale, le commissaire Gary Bettman a tenté de minimiser le fait que les cotes d'écoute pour les deux premiers matchs allaient être minables et que son sport n'était pas en santé aux États-Unis. Je lui ai suggéré d'arrêter de nier les problèmes auxquels faisait face son circuit et voilà ce qu'il m'a répondu.

"Les chiffres dont vous parlez (Nielsen) ne sont qu'un indicatif. Ce n'est pas ce qui nous définit. Nos recherches démontrent que nous avons environ 50 millions de partisans, certains passionnés, d'autres moins. Ce que les chiffres disent, c'est que ceux qui aiment le hockey ne le regardent pas nécessairement à la télévision, du moins pas autant que nous aimerions. Mais vous savez quoi? Il y a peut-être deux ou trois sports qui sont en meilleure position que nous, tandis qu'il y en a un paquet qui aimeraient bien être à notre place. Nous ne devons pas d'excuse à personne pour ce que nous sommes."

"Le hockey est le plus beau sport et nous trouverons bien la place qui nous revient un jour. Ce n'est pas un match de 60 minutes. C'est un match qui recommence à chaque année, à chaque génération. La LNH existe depuis 1917 et existera encore dans des centaines d'années."

Vous vous demandez sûrement quel est le rapport avec mon rôle de capitaine…

La LNH, encore plus que les trois autres organisations professionnelles majeures, tente de faire sa place dans les nouveaux médias - Internet, balado-diffusion, YouTube - et tente par plusieurs moyens de se faire connaître auprès des jeunes, ceux qui sont capables de taper des chapitres de messages-textes en 27 secondes sur leur téléphone cellulaire. Courtiser les jeunes devrait faire partie de tout bon plan de match.

Je ne dis pas que le titre de capitaine devrait aller au joueur dont le nom est le plus souvent tapé dans Google. Mais si la Ligue a l'intention de soulever les passions chez de nouveaux amateurs, il serait temps qu'elle se décide enfin à mettre en vedette ses joueurs étoiles. Elle l'a fait au cours des dernières années, mais pas assez, parce qu'il y a des traditions qui sont difficiles à déplacer.

Il n'y a rien de mal à mettre certains joueurs sur un piédestal. Ce n'est pas de mauvais goût. Ça ne met pas en péril la vieille mentalité de "Un pour tous et tous pour un" dans un vestiaire si un joueur apparaît plus qu'un autre dans les publicités et dans les jeux vidéos.

La sélection de Crosby - qui devrait venir avec une interdiction de se plaindre - peut sembler logique, mais elle devrait servir d'exemple aux dirigeants qui auront à choisir un nouveau capitaine bientôt. À l'avenir, le C sur le chandail devrait vouloir dire "joueur de concession", même si celui-ci n'a pas encore fait toutes ses preuves.