MONTRÉAL - Dans l'ombre de Jack Eichel, potentiel premier choix au prochain repêchage de la Ligue nationale de hockey, un Québécois de 17 ans tente cette saison de se faire une place sous les projecteurs.

A.J. Greer a toujours aimé les défis. Et il en a un gros à relever à sa première année avec les Terriers de l'Université de Boston dans la NCAA : celui d'attirer l'attention des recruteurs malgré la présence de Eichel dans la formation.

«Je vois ça davantage comme un avantage, a déclaré l'ailier gauche originaire de Joliette, en entrevue à La Presse Canadienne. Ça me donne la chance de prouver ce que je suis capable de faire. Même si les recruteurs viennent voir Eichel, je veux qu'ils se souviennent de moi en quittant l'aréna.»

«Ça ne peut que l'aider, a analysé Jeff Cox, un journaliste du réseau ESPN spécialisé en hockey collégial. Les matchs des Terriers n'attireront pas seulement des recruteurs, mais aussi des directeurs généraux. Il aura la chance de démontrer ses habiletés plus que la moyenne des joueurs.»

Arrivé à Boston depuis le mois de juillet, Greer s'entraîne chaque jour avec Eichel, qui est perçu comme un des deux meilleurs espoirs en vue du prochain encan de la LNH en compagnie de l'Ontarien Connor McDavid. Il n'hésite d'ailleurs pas à qualifier son coéquipier de modèle à suivre.

«Son éthique de travail, sa volonté de gagner et d'être le meilleur font la différence, a-t-il commenté, au sujet d'Eichel. Il s'entraîne deux fois plus que les autres. Ça m'a ouvert les yeux dès le départ et j'essaie de le suivre.»

Considéré comme un espoir de deuxième ou de troisième ronde par la centrale de recrutement de la LNH, Greer, qui mesure six pieds trois pouces et pèse 212 livres, a certes le gabarit pour attirer les regards.

Cox, qui l'a vu évoluer ces dernières années, se dit impressionné par son adaptation au niveau de jeu de la NCAA, qui l'amène à affronter des joueurs qui ont parfois sept ans de plus que lui.

«Il est très fort avec la rondelle, c'est un attaquant de puissance, a décrit Cox. Son jeu offensif est remarquable. S'il n'évoluait pas avec Eichel, il serait considéré comme le meilleur joueur de première année de son équipe sans aucun doute.»

«Je crois vraiment qu'il sera repêché parmi les 50 premiers joueurs en juin. C'est le type de gros ailier recherché par les équipes de la LNH. Son gabarit, son tir et sa force physique le feront ressortir du lot.»

Le Québécois a déjà eu quelques entretiens avec des équipes de la LNH et plusieurs autres ont communiqué avec son conseiller familial, Peter Fish, pour lui faire part de leur intérêt. Il garde cependant les pieds sur terre, il est reconnaissant envers ceux qui l'ont aidé jusqu'ici dans sa carrière et préfère ne pas se mettre trop de pression sur les épaules.

«La pression vient de temps en temps. Quand j'ai des rencontres avec mon conseiller, ça me rappelle que c'est la plus grosse année de ma vie, a fait valoir Greer. Je me dis que si je fais mon travail, comme je l'ai fait toute ma vie, je n'ai rien à perdre et je peux seulement prouver ce que je suis capable de faire.»

L'éducation avant tout

L'année en cours en est une de défis pour l'attaquant, qui est passé directement de la Ligue préparatoire scolaire de la Nouvelle-Angleterre à la NCAA. Il est d'ailleurs le deuxième plus jeune joueur à évoluer dans le circuit cette saison.

Les hockeyeurs de son âge passent habituellement un an au niveau junior avant de faire le saut, mais les Terriers avaient besoin de renforts après avoir connu une saison de misère. Le Québécois a donc entrepris des cours intensifs afin d'accélérer son cheminement scolaire.

«Ç'a été les deux mois les plus exigeants pour moi au niveau académique, mais c'était un rêve de jouer dans la NCAA, a-t-il avoué. Le fait d'accélérer, c'est une bonne chose au plan académique et aussi sur la glace pour mon année de repêchage.»

L'éducation a toujours été au coeur des priorités pour A.J. Greer. Ses parents, Wayne et Josée, lui ont toujours répété qu'ils souhaitaient qu'il obtienne une bourse d'études universitaire avant toute chose. C'est pour cette raison qu'il a pris le chemin des collèges américains à la fin de son stage midget AAA avec les Phénix du Collège Esther-Blondin.

«J'ai toujours voulu jouer dans la Ligue nationale, mais il me fallait un plan B, a raconté le principal intéressé. Mes parents m'ont placé dans une situation idéale pour avoir du succès autant sur la patinoire qu'à l'extérieur, et je ne pourrai jamais les remercier assez pour ça.»