Les revoilà donc à la table des négociations!

Enfin, pour ce qu'ils ont pu accomplir depuis le 15 septembre dernier, ou devrait-on dire depuis trois ans, pourquoi devrait-on s'attendre à un heureux dénouement?

Pourquoi?

Il y a tellement d'ambiguïtés dans la philosophie de Bob Goodenow et de Gary Bettman qu'il est étonnant que les deux groupes - propriétaires et joueurs - aient décidé de remettre à nouveau les dossiers pertinents entre les mains de ces deux hommes qui, ne l'oublions surtout pas, ont sacrifié une saison complète pour satisfaire leur ego.

D'ailleurs, au cours des dernières semaines, on a entendu les propriétaires vanter les mérites de Bettman alors que, dans les corridors, certains auraient voulu le savonner. Du côté des joueurs, on a continué à boire le cocktail Goodenow mais certains ont dilué le produit. On raconte même que Bill Guerin et Tie Domi ont failli en venir aux coups et que c'est finalement avec l'accolade que les deux hommes ont conclu la discussion.

Pourquoi faudrait-il croire que les deux hommes parviendront à coucher sur papier l'ébauche d'une convention solide? N'a-t-on pas annoncé chez les proprios que le plafond salarial, sans aucun lien avec les revenus, proposition déposée peu de temps avant la fermeture de la saison, ne tient plus? N'a-t-on pas affirmé chez les joueurs que la réduction des salaires de 24%, une proposition audacieuse de la part des athlètes, avait été envoyée à la filière 13?

Pourquoi faudrait-il s'attendre alors à ce que les deux hommes trouvent finalement le système économique équitable pour les deux groupes alors que les points les plus intelligents déposés sur la table des négociations ont disparu en même temps que l'annulation de la saison?

Les propriétaires soutiennent qu'ils ne peuvent vivre sans un plafond salarial de plus de $42.5 millions et, encore là, on claironne maintenant que les équipes ne peuvent pas vivre sans un plafond salarial lié aux revenus. Mais, Bettman et les propriétaires tentent-ils de nous faire croire que les 30 équipes de la Ligue nationale se rendront jusqu'au plafond de $42.5 millions alors que, après deux saisons passées à appliquer l'ancienne convention à la lettre, plus de 20 formations avaient des masses salariales de $35 millions et moins. Pourquoi avoir refusé d'aller jusqu'à $45 millions tout en réduisant les salaires de 24%? Difficile à saisir comme philosophie de gestion. Encore plus difficile à saisir puisqu'il est clair que les équipes riches - qui seront encore plus riches dans le système recherché par Bettman - ne partageront jamais leurs revenus ou leurs profits avec les équipes pauvres. N'avait-on pas les éléments pour exercer un meilleur contrôle des salaires. N'avait-on pas les moyens pour empêcher les équipes riches de faire des dépenses indécentes?

Pourquoi du côté des joueurs n'a-t-on justement pas cherché à tendre la perche une dernière fois avec une proposition de plafond salarial, système économique qu'ils venaient de reconnaître comme l'unique moyen pour dénouer l'impasse, pourquoi s'être arrêté à $49 millions? Pourquoi pas $45 millions?

"Les propriétaires n'ont qu'une idée, celle de briser l'Association des joueurs. Ou encore, celle de vouloir écarter du décor de la LNH Bob Goodenow, " soutiennent les agents consultés au cours des derniers jours. Je n'achète pas cette théorie. On ne sacrifie pas une saison pour avoir la tête d'un leader syndical, on ne met pas sur le gril l'avenir d'une ligue pour si peu. S'il y a un argument qui peut justifier cette décision des propriétaires d'annuler la saison, et encore là, on aurait pu choisir une autre option, c'est la possibilité de voir plus de 400 joueurs sans aucune entente à partir du 1er juillet. Et, si jamais les propriétaires se tournent du côté des joueurs de remplacement, ils pourront alors offrir des contrats à des athlètes qui, légalement, n'auront pas de liens directs avec l'AJLNH.

Goodenow et Bettman s'attaquent donc au dernier chapitre de leur saga. Cette fois-ci, s'ils échouent, les propriétaires et les joueurs n'auront pas d'autres alternatives que de faire appel à de nouveaux négociateurs. Qu'ils discutent dans la plus stricte confidentialité, qu'on impose des amendes à ceux qui oseront divulguer la moindre information, qu'on s'installe à la table des négociations et qu'on échange les idées comme des gens responsables, conscients de la situation alarmante dans laquelle ils ont foutu leur sport.

Si le 1er juin, le conflit perdure, c'est que Bettman et Goodenow n'ont pas la compétence pour régler le conflit!