Au grand dam de plusieurs amateurs de hockey, la dernière journée de la saison au cours de laquelle les 30 équipes de la LNH avaient le droit de conclure des transactions n'a ressemblé en rien au cirque auquel nous sommes généralement conviés pour l'occasion.

Mais doit-on vraiment être surpris? Moi, en tout cas, je ne le suis pas.

Pour moi, le dénouement de ce dernier blitz d'échanges nous avait été offert quelques jours avant la pause olympique, quand Ilya Kovalchuk avait été envoyé aux Devils du New Jersey. Aujourd'hui, mercredi, il ne restait plus beaucoup de questions à se poser. Quand le plus gros point d'interrogation représente la future destination de Ray Whitney, ça donne une idée du genre de journée qui nous attend!

D'ailleurs, je n'ai pas vraiment compris la stratégie adoptée par le clan Whitney. Ce dernier, qui possédait une clause de non-échange, était semble-t-il surtout intéressé à passer aux Penguins de Pittsburgh. Il aurait aussi eu des discussions avec Los Angeles, mais il demandait un contrat de trois saisons et les Kings auraient refusé. Ça a sûrement fait peur à d'autres équipes.

Apparemment, Whitney n'était pas intéressé à être un joueur de location, mais c'est là que je ne comprends pas trop son point de vue. Quand tu es en voie de devenir joueur autonome, il me semble que ta valeur a plus de chances d'augmenter si tu es un joueur de location pour un prétendant en séries éliminatoires que si tu regardes tout ça les deux pieds sur le pouf à la maison.

Vraiment, j'ai beau regarder ça de tous les angles imaginables, j'ai de la difficulté à comprendre l'attitude adoptée par Whitney au cours des derniers jours.

Voici cinq autres observations quelques heures après l'heure limite des transactions dans la LNH.

1. LES COYOTES DE PHOENIX ont été l'équipe la plus active de toutes, bâclant un total de sept transactions. C'est impressionnant quand on sait que l'équipe est gérée par la Ligue et qu'elle doit manœuvrer avec le budget restreint qui lui a été accordé au début de la saison.

Le directeur général Don Maloney et son entraîneur Dave Tippett méritent beaucoup de crédit pour la saison que connaissent les Coyotes, certes l'une des plus grandes surprises, sinon la plus grande, dans la LNH. De toutes les décisions prises aujourd'hui, celle de sacrifier le jeune Peter Mueller pour obtenir les services de Wojtek Wolski est celle qui m'intrigue le plus. En fait, je dresse un certain parallèle entre cette transaction et celle qui avait impliqué Benoit Pouliot et Guillaume Latendresse plus tôt cette saison.

À l'instar de ces deux joueurs, Mueller et Wolski sont deux jeunes qui avaient quand même démontré de belles choses avec l'organisation qui les avait repêchés, mais le fait qu'ils soient échangés à un âge si précoce démontre forcément que leur progression représente une déception jusqu'ici.

Je pense qu'à long terme, l'Avalanche sortira gagnant de ce marché, parce que Mueller pourra évoluer avec soit Paul Stastny ou soit Matt Duchene. Un ou l'autre, ça devrait former tout un duo.

Pour le reste, les Coyotes sont surtout allés chercher des joueurs de soutien, aucune grande vedette. Mais quand même, à Phoenix, on semble avoir trouvé une recette qui fonctionne. La direction a-t-elle bougé dans la bonne direction? On le saura au cours des prochaines semaines, mais une chose est sûre, on ne pourra pas lui reprocher d'avoir regardé passer la parade.


2. TROIS DES QUATRE ÉQUIPES qui devancent les Coyotes au classement de l'Association Est ont été complètement inactives, ou presque. Les Sharks de San Jose et les Blackhawks de Chicago n'ont pas bougé d'un centimètre tandis que les Canucks de Vancouver sont allés chercher des miettes ici et là.

Ces trois équipes ont toutes beaucoup de profondeur. Est-ce que les joueurs qui étaient disponibles sur le marché étaient meilleurs que leurs propres joueurs de troisième trio ou leur auraient-ils permis d'améliorer leur dernière paire de défenseurs? Probablement pas...

La grande question que je me pose concernant ces trois puissances de l'Ouest est la suivante : est-ce qu'Evgeni Nabokov va finalement faire les gros arrêts quand ça compte pour les Sharks?

Je suis d'avis que le gardien russe est le principal responsable du congédiement de Ron Wilson à la barre de l'équipe parce qu'il n'a jamais été à la hauteur dans les moments propices pour cette organisation. Et on a vu ce qui est arrivée aux Russes contre le Canada aux Jeux olympiques. Je pense que Nabokov est un gardien surévalué et jusqu'au jour où il fera gagner les Sharks, le doute va planer autour de lui.


3. UN PROBLÈME ENCORE PLUS IMPORTANT n'a pas été solutionné et c'est à Philadelphie. On savait pourtant que la saison de Ray Emery était terminée, mais encore une fois, les Flyers se dirigent vers les séries éliminatoires sans gardien de but. Comment s'attend-t-on à connaître du succès?

Je n'ai rien contre Michael Leighton. C'est une bonne personne, un gars qui revient de loin, un bon travaillant. Mais dans les séries, alors que la pression est à son maximum, tu dois pouvoir compter sur des athlètes qui sont capables de livrer de grosses performances. Et je ne pense pas que c'est avec Leighton qu'on va tenir des noces à Philadelphie en juin!

L'absence d'un gardien de premier plan chez les Flyers va non seulement soulever beaucoup de questions autour de la Ligue, mais aussi dans le vestiaire de l'équipe. Et ça, c'est dangereux...


4. PAS DE VENTE DE FEU à Edmonton. Les Oilers se sont débarrassés de quelques joueurs, mais je pense que la pièce maîtresse dont ils voulaient se départir, c'est Sheldon Souray. Et comme on a appris que la saison de celui-ci était terminée en raison d'une infection à la main, disons que ça a un peu contrecarré leurs plans.

Moi, je trouve que c'est une catastrophe pour les Oilers. Évidemment, on ne serait pas allé chercher un joueur de concession pour Souray, mais certainement un bon choix au repêchage ou peut-être même un élément de profondeur en attaque.


5. LA LIGUE NATIONALE EST PROBABLEMENT remplie de gars comme Éric Bélanger, mais je crois néanmoins que ce joueur pourrait jouer un rôle important dans les succès des Capitals de Washington d'ici la fin de la saison.

J'ai dirigé Belly à Atlanta et je peux vous dire qu'il est un excellent joueur d'équipe, très, très bon sur les mises en jeu. En fin de saison, quand les matchs se décident par un but, tu veux compter sur un joueur de centre gaucher qui connaît du succès dans les cercles et Bélanger peut camper ce rôle.

Avec un différentiel de +70, les Capitals n'ont pas vraiment besoin d'aide pour marquer des buts. Mais pour gagner en séries, tu as aussi besoin de gars qui sont capables d'empêcher l'équipe adverse de marquer. Aujourd'hui, si on regarde le portrait de l'Association Est, on espère avoir une finale entre les Capitals et les Penguins. Éric Bélanger pourrait avoir un gros mot à dire quand vient le temps d'arrêter les gros canons de l'autre côté.

Et même s'il n'est pas un grand marqueur, il ne faudrait pas sous-estimer son potentiel offensif.


*Propos recueillis par Nicolas Landry.