INNSBRUCK, Autriche - D'accord, la Slovénie ne devrait pas appartenir à l'élite du hockey international.

Le même cas s'applique pour le Danemark.

Et pour l'Autriche. Et pour l'Ukraine. Et pour la Suisse. Et pour l'Allemagne.

Par conséquent, on peut facilement jeter de l'ombre sur la victoire de 8-0 du Canada face à la Slovénie, hier après-midi. Que Joe Thornton, Simon Gagné et Rick Nash aient dominé par leur talent, par leur gabarit, par le vitesse d'exécution, une pauvre défense repoussée constamment dans son territoire, en principe, ça ne devrait pas servir d'indicateur sur les matchs à venir.

Que le Canada décoche 56 tirs - il aurait facilement atteint le plateau des 60 tirs, n'eut été d'un léger ralentissement en troisième période - encore là, ça ne devrait pas influencer le rythme de la compétition.

Bref, on pourrait avancer bien des théories sur les premiers matchs du championnat du monde.

Mais, ça ne fonctionne pas ainsi.

Le Canada, les États-Unis, la République tchèque, la Russie, la Finlande, la Slovaquie et la Suède - le Big Sept mondial - utilisent justement ces formations provenant de fédérations aux ressources limitées pour se faire la main en prévision des matchs de la poule de qualification. On veut marquer des buts, on veut se bâtir un coussin au niveau des buts marqués versus les buts alloués. On s'attaque aux règlements du championnat afin de ne pas être pris de cours.

Pas l'euphorie

Si cette victoire ne plongera pas les dirigeants de l'équipe canadienne dans l'euphorie, les entraîneurs peuvent néanmoins dresser un bilan intéressant de la présente aventure. Parce qu'il y a quelques semaines, Mark Habscheid s'est embarqué dans l'inconnu. Les dirigeants de Hockey-Canada ont également défié les conditions gagnantes en confiant leur formation à un pilote sans expérience sur le plan professionnel.

Habscheid a joué pendant une dizaine de saisons. Il était un employé de soutien. Mais sur le plan de la direction, il a toujours imposé sa théorie à des juniors et non pas à des professionnels qui, pour la plupart, jouent un rôle important au sein de leur formation respective. Or, Habscheid a gagné le respect des joueurs. A-t-il gagné la confiance des patineurs? La confiance se gagne au niveau de la progression d'une équipe. Elle se gagne avec des résultats concluants. Elle grandit avec des victoires.

Le pilote n'en est pas encore là mais il dirige sa barque avec beaucoup d'attention et, sur ce point, il a chassé les préjugés. Il s'est affiché comme un bon communicateur, un entraîneur qui ne craint pas de se tourner vers ses leaders avant de prendre une décision.

Et les joueurs?

Processus enclenché

Sans admettre que cette formation est au sommet de sa forme, elle joue avec un peu plus de cohésion. Pour plusieurs, notamment Martin Brodeur et Roberto Luongo, c'est comme s'ils se retrouvaient en plein calendrier de matchs préparatoires à la saison régulière. Sauf que, dans le contexte actuel, il n'y a pas d'espace de manœuvre relativement aux résultats. C'est le genre de tournoi qui t'oblige à gagner " big " à chaque soir. Cette formation doit donc trouver rapidement la chimie qui accompagne toute équipe destinée à aller jusqu'au bout.

Et le processus est bel et bien enclenché. Habscheid reconnaît qu'il y a beaucoup de travail à accompli, que l'exécution n'est pas tout à fait à point mais, il note un engagement de la part de chacun des joueurs. Il apprécie le sens des responsabilités des patineurs au sujet du concept qu'il implante à chaque entraînement et pendant le déroulement d'un match.

Battre la Slovénie par la marque de 8-0 fait justement partie du processus que les équipes puissantes veulent bien respecter pendant le tournoi. Avant d'entreprendre la deuxième phase de la compétition, un obstacle important se dresse toujours.

Pour le Canada, ce sera, demain soir, et l'adversaire est également en mission : ce sont les États-Unis. Une équipe qui a décidé de faire le grand ménage, chassant les indésirables, écartant les plus âgés qui exerçaient une mauvaise influence au sein de la formation. Les dirigeants américains se sont tournés vers des joueurs intéressés à lutter et non à festoyer.