Des fêtes mémorables
Hockey mercredi, 16 mai 2007. 17:15 mercredi, 11 déc. 2024. 16:48
Les séries achèvent dans la LNH et pour cette dernière chronique sur le RDS.ca, je vais vous parler des fêtes qui ont suivi mes quatre conquêtes de la coupe Stanley au cours des années 70 avec le Canadien de Montréal.
Je conserve tellement de beaux souvenirs de ces célébrations qui ont suivi nos championnats. C'est inoubliable. Quand on gagnait, c'était comme si nous étions le Bon Dieu. On ne se rendait pas toujours compte sur le moment du bien que ça faisait aux partisans et comment ça les rendait heureux. Plusieurs semaines après les coupes, les gens, je me souviens, nous en parlaient encore avec beaucoup de passion.
Trois de mes quatre coupes ont été remportées sur la route. Quand on revenait à Montréal vers quatre heures le matin, il y avait parfois jusqu'à 10 000 personnes qui nous attendaient à l'aéroport.
Le lendemain, c'était la parade devant des centaines de milliers de personnes au centre-ville. C'était tellement impressionnant de défiler devant 700 000 personnes et plus, que les sensations étaient incroyables. Par la suite, les traditions voulaient que l'on aille manger chez Toe Blake et le lendemain à la brasserie d'Henri Richard. Pendant les fêtes, je ne me faisais pas prier pour chanter quelques chansons.
En 1979, on a gagné la coupe au Forum de Montréal en cinq parties contre les Rangers de New York. Parader sur la patinoire du Spectrum à Philadelphie était un moment intense mais le faire devant nos partisans au Forum, c'était autre chose. Tout le monde voulait nous toucher, nous embrasser. On était adulé.
Après la partie, plutôt que de se retrouver avec nos coéquipiers dans un avion, on était avec les membres de notre famille. La fête s'était alors terminée au restaurant.
Contrairement à aujourd'hui, on ne pouvait pas passer une journée avec la coupe. Je me souviens quand Guy Lafleur l'avait volé avec la complicité de Pierre Plouffe. Guy l'avait alors apporté chez sa famille en Outaouais. En 1978, Claude Mouton avait eu la gentillesse d'amener la coupe à Drummondville où les gens avaient pu venir la voir durant un après-midi.
Les festivités permettaient aussi aux joueurs de décompresser après plusieurs semaines de stress. On en profitait pour laisser sortir la vapeur.
Il y a une année, les joueurs s'étaient laissé pousser la barbe comme c'est la tradition de nos jours. Un jour, Bob Gainey était allé se faire raser sur le bord de la piscine de l'hôtel La Montagne. Après quelques jours de fête, plusieurs avaient décidé de l'imiter.
Un voyage mémorable en Afghanistan
Le voyage en Afghanistan auprès des soldats canadiens a été toute une expérience. C'est une belle chance que j'ai eue d'avoir pu vivre une pareille expérience. Je sais que notre présence, nous étions une trentaine d'anciens joueurs, a eu un impact positif sur les soldats.
J'ai découvert beaucoup de choses en Afghanistan. J'ai beaucoup de respect pour ceux qui partent en mission pendant sept mois au péril de leur vie. J'ai notamment visité l'hôpital où, pendant notre visite, une fillette de neuf ans se faisait amputer une jambe. On critique souvent nos soldats sans connaître le fond des choses. Sur place, on se rend compte de la nécessité de certaines choses.
On s'est amusé avec les soldats. On a notamment joué au hockey-balle, mais il faisait tellement chaud, qu'il fallait attendre en soirée pour le faire. En après-midi, c'était écrasant. On parle d'une température de 55 degrés Celcius. C'était impossible de demeurer au soleil et il fallait toujours trouver un coin à l'ombre. À Kandahar, où nous étions positionnés, il y avait beaucoup de sable à un point tel qu'il fallait prendre deux à trois douches tous les jours.
En soirée, il faisant environ 30 degrés. On a essayé de jouer un match en avant-midi. On a débuté la partie à 9 heures, mais à 10:30, on n'était plus capables de jouer tellement il faisait chaud.
Je sais que notre présence a fait du bien aux soldats. D'ailleurs, aujourd'hui (mercredi), j'ai rencontré un monsieur dont le fils est à Kandahar. Il est venu me remercier d'avoir été encouragé les soldats là-bas.
La présence de la coupe Stanley a eu un effet surprise chez les membres des Forces armées. Après la coupe, l'ancien homme fort des Red Wings Bob Probert a été le plus populaire de nous tous.
J'ai su à mon retour que quelques photos diffusées à Montréal durant notre séjour à la base de Kandahar avaient suscité la controverse parce que l'on voyait des soldats armés près de la coupe. Je ne comprends pas cette polémique parce qu'il faut savoir que les gens sur place doivent être armés en permanence et ce, même durant les journées de congé. C'est tellement dangereux. Et puis, Kandahar ce n'est pas Las Vegas. On parle d'un pays en guerre.
Heureusement, aucun incident malheureux n'est survenu durant mon séjour. Lors de notre première soirée toutefois, il y a eu une alerte au missile pendant que l'on visitait la base. Il a fallu courir de toute urgence pour se mettre à l'abri. C'est arrivé tellement vite, que je n'ai pas eu le temps d'avoir peur.
On est demeuré sur la base de Kandahar où l'on retrouve 12 500 personnes provenant de plusieurs pays en mission, dont 2 500 Canadiens. On était à côté des Américains et des Roumains. D'ailleurs, on a joué un match de hockey contre les Américains et ça été notre partie la plus facile!
Du Canadien, nous étions deux. Moi et Réjean Houle. Les francophones sont venus nous voir. Les soldats étaient tellement jeunes que pour Réjean et moi, c'était comme discuter avec nos enfants. Ils nous disaient combien leur père était un fanatique du Canadien. D'ailleurs, ils suivaient les matchs de hockey.
Pas de bière
Sur place, il n'y avait pas de boisson. La bière est interdite et je comprends la position de l'armée parce que c'est tellement dangereux en Afghanistan. Un colonel a toutefois levé cette interdiction une fois quand nous avons été les cuisiniers lors d'un barbecue. Il avait permis deux bières aux soldats, qui obtenaient cette autorisation pour la première fois depuis décembre dernier.
En terminant, je tiens à vous remercier de m'avoir lu durant la saison de hockey. Au plaisir de se rencontrer.
Yvon.
*propos recueillis par RDS.ca
Je conserve tellement de beaux souvenirs de ces célébrations qui ont suivi nos championnats. C'est inoubliable. Quand on gagnait, c'était comme si nous étions le Bon Dieu. On ne se rendait pas toujours compte sur le moment du bien que ça faisait aux partisans et comment ça les rendait heureux. Plusieurs semaines après les coupes, les gens, je me souviens, nous en parlaient encore avec beaucoup de passion.
Trois de mes quatre coupes ont été remportées sur la route. Quand on revenait à Montréal vers quatre heures le matin, il y avait parfois jusqu'à 10 000 personnes qui nous attendaient à l'aéroport.
Le lendemain, c'était la parade devant des centaines de milliers de personnes au centre-ville. C'était tellement impressionnant de défiler devant 700 000 personnes et plus, que les sensations étaient incroyables. Par la suite, les traditions voulaient que l'on aille manger chez Toe Blake et le lendemain à la brasserie d'Henri Richard. Pendant les fêtes, je ne me faisais pas prier pour chanter quelques chansons.
En 1979, on a gagné la coupe au Forum de Montréal en cinq parties contre les Rangers de New York. Parader sur la patinoire du Spectrum à Philadelphie était un moment intense mais le faire devant nos partisans au Forum, c'était autre chose. Tout le monde voulait nous toucher, nous embrasser. On était adulé.
Après la partie, plutôt que de se retrouver avec nos coéquipiers dans un avion, on était avec les membres de notre famille. La fête s'était alors terminée au restaurant.
Contrairement à aujourd'hui, on ne pouvait pas passer une journée avec la coupe. Je me souviens quand Guy Lafleur l'avait volé avec la complicité de Pierre Plouffe. Guy l'avait alors apporté chez sa famille en Outaouais. En 1978, Claude Mouton avait eu la gentillesse d'amener la coupe à Drummondville où les gens avaient pu venir la voir durant un après-midi.
Les festivités permettaient aussi aux joueurs de décompresser après plusieurs semaines de stress. On en profitait pour laisser sortir la vapeur.
Il y a une année, les joueurs s'étaient laissé pousser la barbe comme c'est la tradition de nos jours. Un jour, Bob Gainey était allé se faire raser sur le bord de la piscine de l'hôtel La Montagne. Après quelques jours de fête, plusieurs avaient décidé de l'imiter.
Un voyage mémorable en Afghanistan
Le voyage en Afghanistan auprès des soldats canadiens a été toute une expérience. C'est une belle chance que j'ai eue d'avoir pu vivre une pareille expérience. Je sais que notre présence, nous étions une trentaine d'anciens joueurs, a eu un impact positif sur les soldats.
J'ai découvert beaucoup de choses en Afghanistan. J'ai beaucoup de respect pour ceux qui partent en mission pendant sept mois au péril de leur vie. J'ai notamment visité l'hôpital où, pendant notre visite, une fillette de neuf ans se faisait amputer une jambe. On critique souvent nos soldats sans connaître le fond des choses. Sur place, on se rend compte de la nécessité de certaines choses.
On s'est amusé avec les soldats. On a notamment joué au hockey-balle, mais il faisait tellement chaud, qu'il fallait attendre en soirée pour le faire. En après-midi, c'était écrasant. On parle d'une température de 55 degrés Celcius. C'était impossible de demeurer au soleil et il fallait toujours trouver un coin à l'ombre. À Kandahar, où nous étions positionnés, il y avait beaucoup de sable à un point tel qu'il fallait prendre deux à trois douches tous les jours.
En soirée, il faisant environ 30 degrés. On a essayé de jouer un match en avant-midi. On a débuté la partie à 9 heures, mais à 10:30, on n'était plus capables de jouer tellement il faisait chaud.
Je sais que notre présence a fait du bien aux soldats. D'ailleurs, aujourd'hui (mercredi), j'ai rencontré un monsieur dont le fils est à Kandahar. Il est venu me remercier d'avoir été encouragé les soldats là-bas.
La présence de la coupe Stanley a eu un effet surprise chez les membres des Forces armées. Après la coupe, l'ancien homme fort des Red Wings Bob Probert a été le plus populaire de nous tous.
J'ai su à mon retour que quelques photos diffusées à Montréal durant notre séjour à la base de Kandahar avaient suscité la controverse parce que l'on voyait des soldats armés près de la coupe. Je ne comprends pas cette polémique parce qu'il faut savoir que les gens sur place doivent être armés en permanence et ce, même durant les journées de congé. C'est tellement dangereux. Et puis, Kandahar ce n'est pas Las Vegas. On parle d'un pays en guerre.
Heureusement, aucun incident malheureux n'est survenu durant mon séjour. Lors de notre première soirée toutefois, il y a eu une alerte au missile pendant que l'on visitait la base. Il a fallu courir de toute urgence pour se mettre à l'abri. C'est arrivé tellement vite, que je n'ai pas eu le temps d'avoir peur.
On est demeuré sur la base de Kandahar où l'on retrouve 12 500 personnes provenant de plusieurs pays en mission, dont 2 500 Canadiens. On était à côté des Américains et des Roumains. D'ailleurs, on a joué un match de hockey contre les Américains et ça été notre partie la plus facile!
Du Canadien, nous étions deux. Moi et Réjean Houle. Les francophones sont venus nous voir. Les soldats étaient tellement jeunes que pour Réjean et moi, c'était comme discuter avec nos enfants. Ils nous disaient combien leur père était un fanatique du Canadien. D'ailleurs, ils suivaient les matchs de hockey.
Pas de bière
Sur place, il n'y avait pas de boisson. La bière est interdite et je comprends la position de l'armée parce que c'est tellement dangereux en Afghanistan. Un colonel a toutefois levé cette interdiction une fois quand nous avons été les cuisiniers lors d'un barbecue. Il avait permis deux bières aux soldats, qui obtenaient cette autorisation pour la première fois depuis décembre dernier.
En terminant, je tiens à vous remercier de m'avoir lu durant la saison de hockey. Au plaisir de se rencontrer.
Yvon.
*propos recueillis par RDS.ca