George Gillett et Pierre Boivin n'auront pas trop de questions à poser à Gary Bettman, ce matin, dans un hôtel de New York. Comme tous ceux qui participeront à la réunion du jour " L " pour lock-out, on écoutera le commissaire puis on l'applaudira.

Bettman annoncera ensuite que la Ligue nationale, les propriétaires du circuit, ont décrété un arrêt de travail devant l'impasse au niveau des négociations avec l'Association des joueurs et que le lock-out sera effectif à une seconde, jeudi matin, 16 septembre 2004.

Si Bob Goodenow exerce un contrôle complet sur les joueurs, Bettman a reçu depuis longtemps tous les pouvoirs pour déclencher un arrêt de travail. Sans oublier que tout au cours de ce conflit, il n'aura besoin que de l'appui de huit propriétaires pour décider, si les propositions de l'AJLNH sont modifiées, d'un retour au travail. Les propriétaires, comme je le notais, ont tous été bien informés sur les enjeux et aussi sur la tournure des événements face au refus des joueurs de reconnaître que le hockey a besoin d'un nouveau système économique, un système basé entre autres sur les trois autres sports majeurs, le football, le baseball et le basketball.

Parce qu'ils ont reçu la consigne du commissaire de ne pas parler publiquement de la situation actuelle, Pierre Boivin, avec qui j'ai jasé hier, se garde bien de s'aventurer sur la stratégie qu'entendent préconiser la Ligue nationale et ses propriétaires. Il insiste cependant sur une déclaration de Bettman aux joueurs, déclaration que Ted Saskin, le négociateur de l'Association des joueurs, a répandu avec fracas. " Nous ne parlons même pas le même langage, " a déclaré le commissaire aux joueurs refusant toujours d'envisager un plafond salarial.

(s.t.) Les propos de Bettman

" Les joueurs ont interprété les propos de Gary à leur façon, disait le président du Canadien, hier. Ce qu'il a tout simplement dit aux joueurs, c'est que si les patineurs croient que la Ligue nationale va poursuivre ses activités sans un modèle économique sain, ils se trompent carrément. "

Résumons donc, que ce soit un plafond salarial ou encore un pourcentage déterminé pour la distribution des revenus générés par les clubs et la ligue, les propriétaires, même s'ils reconnaissent avoir été en grande partie responsables des problèmes majeurs de l'industrie du hockey professionnel, une révision du passé ne fait pas avancer un dossier.

" Disons que le sport professionnel est une entreprise particulière, soutient Pierre Boivin. Les propriétaires des équipes ne sont pas des idiots. Ils ne dirigent pas leur entreprise sportive comme leurs autres sociétés parce qu'ils n'achètent pas des concessions pour strictement pour faire de l'argent mais bien et surtout pour gagner. Ils veulent gagner, ils sont des passionnés et ils veulent plaire aux amateurs. Ce sont là des éléments qui éloignent parfois la rationalisation. "

Il ajoute : " Nous voulons tous en venir à un accord avec les joueurs. Mais, le hockey est atteint d'une maladie grave qu'on ne peut guérir avec une aspirine. " Or, les propriétaires doivent dresser des barrières. Ils ne peuvent plus fonctionner dans un système économique où 76% des revenus s'en vont directement dans les poches des athlètes. Depuis cinq ans, si le hockey connaît autant de difficulté, reconnaissent-ils, c'est parce qu'ils doivent gérer de la décroissance.
(s.t.) Modifier la stratégie

Cependant, j'imagine qu'ils demanderont à Bettman s'il entend modifier son plan d'attaque. Jusqu'ici, il a été inébranlable relativement à un plafond salarial de $ 31 millions. On ne négocie pas en se montrant aussi intraitable et c'est la même chose du côté des joueurs quand ils disent qu'un plafond salarial est inacceptable.

Questionné à savoir si la Ligue nationale avait ajusté son tir au sujet du plafond à $31 millions, le président du Tricolore n'a pas voulu s'aventurer sur un terrain glissant. Sauf que dans les coulisses, on soutient le commissaire a haussé le plafond salarial de $31 millions à près de $38 millions.

On comprendra que Bettman et les propriétaires défendent leur thèse sur une réalité bien évidente : pourquoi le hockey ne profiterait-il pas d'un système économique appuyé d'un contrôle des salaires comme le font le baseball, le basketball et le football? Une chose est certaine, dès que les deux clans démontreront une volonté ferme de créer un système économique répondant aux exigences du sport professionnel, un système avec une structure plagiée sur le système des trois autres sports, les chiffres tomberont en place et le hockey reprendra ses activités. Mais il faut des hommes qui ont une volonté de créer un solide partenariat. Or, jusqu'ici, cette volonté est inexistante.