Poehling et Primeau sont éliminés, mais Desharnais peut remporter le Frozen Four
Hockey vendredi, 5 avr. 2019. 15:07 samedi, 14 déc. 2024. 05:47MONTRÉAL – Le tournoi de hockey universitaire américain menant au Frozen Four a déjà réservé son lot de surprises avec les éliminations hâtives des équipes de Ryan Poehling et Cayden Primeau. S’ils ont pu se consoler en signant leur premier contrat avec le Canadien, le Québécois Vincent Desharnais aspire encore aux grands honneurs de la compétition.
D’abord ignoré au repêchage de la LHJMQ, l’immense défenseur de six pieds six pouces et 230 livres a ensuite refusé de se joindre à l’Armada de Blainville-Boisbriand pour emprunter la voie de la NCAA. En raison de ses forces et ses faiblesses, Desharnais a déterminé que le long chemin lui convenait davantage afin d’atteindre la LNH.
Le colosse réputé pour sa contribution défensive n’a pas encore atteint son objectif ultime, mais son évolution a convaincu les Oilers d’Edmonton d’investir un choix de septième ronde sur lui en 2016.
Desharnais demeure en attente d’un contrat avec les Oilers sinon il deviendrait joueur autonome. Mais cette préoccupation ne l’affecte point présentement puisque son équipe, les Friars de l’Université Providence, a accédé au prestigieux carré d’as d’une manière fabuleuse.
En lever de rideau du tournoi impliquant 16 formations, Providence s’est creusé un déficit de 0-3 face à Minnesota State. Desharnais et ses coéquipiers ont toutefois refusé que leur aventure se termine abruptement et ils ont riposté avec SIX buts sans réplique.
« La clé, c’est qu’on n’a jamais eu aucun doute qu’on allait perdre. Notre coach (Nate Leaman) nous disait "Ne lâchez pas, on s’en fout du score, on joue notre game!" Dès qu’on a compté notre deuxième but, on savait qu’on allait gagner ce match. Même si on avait tiré de l’arrière 5-0, on aurait trouvé une façon de gagner », a raconté Desharnais à propos de cette remontée résumée dans cette vidéo donnant un aperçu de l’ambiance de ces matchs.
Le lendemain, les Friars ont été sans pitié pour les représentants de l’Université Cornell avec un triomphe de 4-0 dans lequel le blanchissage est revenu à Hayden Hawkey, l’ancien gardien de l’organisation du Canadien.
« On ne leur a pas donné de chance, c’est vraiment ça ! On n’a pas ralenti pendant 60 minutes, on était partout sur la glace. C’est encourageant de voir qu’on a battu Cornell qui aurait pu gagner le championnat. Ça nous a donné beaucoup de confiance et c’est important pour le Frozen Four parce que ce sont les petits détails qui feront la différence », a-t-il témoigné au RDS.ca.
En l’espace de deux matchs, Providence a prouvé la puissance du sentiment de fraternité qui s’est développé au sein de cette équipe cette année.
« Ça vient de la saison qu’on a eue. On a traversé tellement de hauts et de bas alors que différents événements ont créé de l’adversité. Notre entraîneur est aussi très tough envers nous. En fin de compte, quand tu arrives dans des matchs comme ceux-là qui sont exigeants mentalement, tu es prêt », a exposé celui qui complète, cette session, un diplôme en gestion des affaires.
« On était souvent supérieurs à l’autre équipe sans pouvoir trouver une façon de gagner. C’est frustrant quand tu joues super bien sans pouvoir trouver une manière de gagner », a précisé Desharnais en ayant notamment en tête ce revers de 3-2 face à UMass (l’Université du Massachusetts) en dépit de 31 lancers contre 13.
Les Friars de 2018-2019 ont également subi plus d’une fois l’affront d’un « sweep », un balayage de deux matchs lors d’une fin de semaine.
« C’était la première fois en quelques années que ça nous arrivait. Ça faisait mal d’y penser. Ce n’était pas une saison tout en beauté, mais c’est ce qui fait qu’on est un groupe aussi serré », a ajouté le droitier qui porte l’un des trois titres de capitaine avec Kasper Björkqvist et Jacob Bryson.
« Au moins, le parcours a créé des effets positifs. Il aura fallu que les joueurs démontrent une grande force mentale et une évolution », a jugé Leaman en entrevue à The Pipeline Show animé par Guy Flaming.
L'influence du revers crève-coeur de 2018
Certes, les leçons de la saison ont été payantes, mais il ne faut surtout pas sous-estimer l’impact de la défaite cruelle encaissée l’an dernier. Providence avait échappé l’honneur de jouer au Frozen Four avec 27 secondes à écouler au match face. Ce revers de 2-1 contre Notre Dame, le club de Jake Evans, est devenu une puissante arme de motivation.
« Ouais, ouais, c’est sûr que tu t’en souviens. Je vais me souvenir de ce feeling pour le reste de ma vie. Le coach nous en a parlé tout de suite après la partie contre Minnesota State et entre chaque période face à Cornell », a reconnu l’auteur de cinq buts et huit aides à sa quatrième et dernière année universitaire.
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À son arrivée à Providence, Desharnais se joignait à l’équipe championne en titre. Aussi bien dire une année trop tard. Mais non, il possède à son tour l’occasion de quitter le campus en tant que champion. Précisons que l'étape demi-finale aura lieu le 11 avril et la finale le 13 avril.
« Je ne réalise pas encore qu’on s’en va au Frozen Four. Ma mère me demandait justement si je le réalisais et je lui ai répondu "Non, pantoute!" C’est cool, c’est ma dernière et on était presque morts, il fallait que deux équipes perdent pour qu’on accède à la compétition. On pensait que nos chances étaient plutôt faibles, mais c’est arrivé et on a ensuite effectué la remontée contre Minnesota State. Le scénario est assez cool de se retrouver là après tout ça », a convenu le volubile étudiant-athlète.
Cette identification est importante puisque les cours ne sont pas terminés. Les joueurs auront raté six jours d’université en l’espace de trois semaines.
« C’est quand même beaucoup donc il faut s’organiser avec nos profs. Mais quand on s’en va au Frozen Four, les professeurs savent qu’on ne saute pas un cours pour aller fumer du pot. On le fait pour essayer de gagner un championnat national », a décrit Desharnais qui se considère chanceux n’ayant que deux cours à compléter à sa dernière session comparativement à quatre ou cinq pour certains coéquipiers.
Une mobilité rassurante en vue de la LNH
Desharnais trouve plus facilement les mots pour parler de la quête actuelle de son équipe que de son avenir avec les Oilers.
« Je ne sais pas, je ne sais pas… Ils n’ont pas de directeur présentement donc je ne sais pas trop ce qui se passe. J’attends, mais je vais m’attarder là-dessus dans deux semaines quand j’aurai une casquette de champion et le trophée qui l’accompagne », a-t-il répondu quant à ses chances de signer un contrat sous peu.
Il pourra compter sur son entraîneur pour glisser de bons mots en sa faveur.
« D’abord, il mesure six pieds six pouces et il est mobile. Quand il est arrivé avec nous, on a eu à travailler un peu là-dessus. Pour les joueurs de sa charpente, c’est aussi plus difficile de jouer de manière intense défensivement pendant toute une présence. Ces joueurs doivent renforcer plusieurs muscles de leur corps pour y parvenir et il a bien développé ça. Il a été nommé le meilleur défenseur défensif dans notre ligue cette année. Il ne sera jamais un grand joueur offensif, mais ce qui le rend spécial c’est que ses pieds sont assez bons pour ne pas laisser trop d’espace à ses adversaires, il peut les surveiller de près sans se faire battre et il a le gabarit le rendant difficile à affronter », a évalué Leaman à The Pipeline Show.
Lorsque l’Armada courtisait Desharnais, Joël Bouchard lui a prodigué des conseils sur la patinoire à quelques occasions. Même s’il n’a pas réussi à le convaincre de joindre son club à cette époque, Bouchard se ravit de ses progrès.
« C’est un late bloomer. Mon expression avec lui, c’était de dire qu’«il n’est pas bête», il y a quelque chose en lui. Je peux comprendre les Oilers d’avoir tenté leur chance avec lui. Quand tu réussis à tout assembler avec un défenseur de ce format, ça te donne un joueur qui est capable de prendre beaucoup de place et qui est fiable défensivement. C’est un jeune qui a de l’aplomb et qui est solide avec une belle maturité », a conclu Bouchard.