En attendant les Américains...
Hockey samedi, 27 déc. 2008. 18:33 samedi, 14 déc. 2024. 04:03
Sans rien vouloir enlever à Équipe Canada Junior, j'ai été désagréablement surpris de l'opposition que lui a offerte la République tchèque vendredi soir.
Les Tchèques ont assez bien fait dans une première période serrée et on était en droit de s'attendre à une rencontre beaucoup plus relevée, mais John Tavares a pris les choses en main. En participant aux trois premiers buts du match, le jeune prodige des Generals d'Oshawa a été directement responsable de la déconfiture des Tchèques. Accusant un déficit de 0-3, ces derniers ont levé le pied, ont perdu toute trace de cohésion et se sont mis à commettre des revirements à la tonne.
Le match était à peine vieux de 25 minutes qu'il était déjà à sens unique.
Le Championnat mondial de hockey junior est un tournoi "à court terme" où tout relâchement peut te coûter cher. Tu ne peux pas te permettre un mauvais match, ou même une mauvaise période. Vendredi, les Tchèques ont décroché très rapidement.
Le Canada m'a montré une formation bien équilibrée. J'ai apprécié l'apport des quatre trios. On savait ce que les trois premiers étaient capables d'apporter offensivement et le quatrième, composé de Patrice Cormier, Stefan Della Rovere et Evander Kane, a rempli sa mission à la perfection. À la ligne bleue, j'ai été particulièrement impressionné par le jeune Ryan Ellis.
Les trois représentants de la Ligue junior majeur du Québec ont connu un début de tournoi exemplaire. J'ai beaucoup aimé l'explosion et la rapidité de Chris DiDomenico, des Sea Dogs de Saint-Jean. C'est un jeune homme très intense qui possède un bon équilibre sur ses patins et un flair offensif certain. Il n'hésite pas à payer le prix dans les coins de patinoire, à donner une bonne mise en échec quand le besoin s'en fait sentir. Au sein d'un trio offensif, il est le genre de joueur qui va s'occuper du sale boulot et qui, comme récompense, va récolter les buts pas toujours élégants grâce à son implication dans la circulation lourde.
Angelo Esposito est un joueur soulagé et ça paraît dans son jeu. Comme il n'est pas celui sur qui repose toute la pression au sein de cette équipe d'étoiles, il peut se permettre de se concentrer sur les petits détails et de polir son exécution. On le voit mettre beaucoup d'ardeur au travail et s'impliquer physiquement.
Pour ce qui est Cormier, le chapeau qu'on lui demande de porter lui va à merveille. Pour avoir participé à plusieurs matchs internationaux avec le programme canadien, je sais très bien comment on bâtit un alignement avec un paquet de joueurs aussi talentueux. Plusieurs joueurs vont se voir confier un rôle différent de celui qu'ils sont généralement appelés à remplir et ils doivent être capables d'apporter la contribution demandée.
Cormier l'a compris. Vendredi, il a passé quelques présences à envoyer ses adversaires sur la glace avec de bons coups d'épaules. Il est le genre de joueur qui gagne toujours le cœur de la foule lors du Championnat mondial junior. J'ai analysé plusieurs matchs de la Ligue nationale sur la galerie de presse de la Place Banque Scotia et croyez-moi, les partisans des Sénateurs d'Ottawa ne sont pas les plus bruyants. Il faut vraiment les emballer pour qu'ils se lèvent de leur siège et c'est ce qu'ils ont fait devant les efforts déployés par Cormier. Ce n'est pas peu dire!
On pense déjà au duel contre les États-Unis
J'ai assisté à l'entraînement canadien samedi, à la veille du match contre le Kazakhstan. Blessé à un pied contre la République tchèque, Della Rovere a essayé de patiner, mais il en a été incapable. C'est donc le défenseur P.K. Subban qui l'a remplacé au sein de son unité offensive.
Je savais que Subban n'avait pas peur du jeu physique, mais en l'observant plus attentivement samedi matin, j'ai été épaté par ses habiletés offensives. ÉCJ a tenu une compétition de tirs de barrage à l'entraînement et Subban a été l'un des meilleurs. Il a de très bonnes mains et a réussi des feintes assez incroyables.
Si Subban a été dérangé par son changement de position, ça n'a pas paru. Le jeune espoir du Canadien est un jeune homme très animé et son enthousiasme est contagieux. Toujours enjoué, il profite de la vie et ne se plaint jamais. C'est le genre de gars dont toute équipe a besoin : un joueur respecté, mais qui sait détendre l'atmosphère en faisant le clown.
J'ai également été témoin de l'entraînement des Américains, qui ont facilement gagné leur premier match contre l'Allemagne. Il ne faut pas se leurrer : après avoir vu la piètre prestation de la République tchèque, il faut s'attendre à une lutte à deux entre les États-Unis et le Canada pour la première place du groupe A.
À l'entraînement, les Américains ont porté beaucoup d'attention aux petits détails. On a travaillé sur le travail le long des rampes, les situations de deux contre deux dans les zones restreintes. Rien à voir avec les entraînements habituels où on se contente de faire plusieurs exercices de patin d'une extrémité à l'autre de la patinoire. Les entraîneurs donnaient beaucoup de directives aux joueurs, on semblait avoir des demandes très spécifiques.
La formation américaine possède l'une des meilleures attaques du tournoi. Son jeu de passe est à point, le jeu robuste ne l'effraie pas et elle commet peu d'erreurs dans son territoire. En effet, la brigade défensive américaine est assez solide avec l'espoir du Tricolore Ryan McDonagh, Kevin Shattenkirk, qui possède tout un plomb, et les Fairchild, Rust et Cole.
S'il y a un point d'interrogation qui l'accompagne, c'est peut-être devant le filet. Thomas McCollum ne m'a pas impressionné contre l'Allemagne, il faudra voir ce que Josh Unice a dans le ventre. Et on sait qu'au cours des dernières années, les États-Unis ont montré une tendance à se décourager rapidement et à tomber dans l'indiscipline quand ça va moins bien.
Une chose est certaine, les États-Unis sont concentrés sur l'affrontement contre le Canada le 31 décembre. En fait, je crois qu'ils n'ont qu'une chose en tête : venir gâcher la fête du pays hôte. Chez les Américains, personne n'a oublié l'affront de 2005, alors que le Canada était sorti en maître du tournoi présenté au Dakota du Nord. Depuis ce temps, les voisins du Sud cherchent à nous remettre la monnaie de notre pièce.
C'est sûr que les États-Unis visent l'or à Ottawa. Mais selon moi, ils seront tout aussi heureux s'ils parviennent à mettre des bâtons dans les roues du Canada.
En attendant impatiemment ce duel, j'espère que vous apprécierez les matchs contre le Kazakhstan et l'Allemagne!
On se reparle cette semaine...
*Propos recueillis par Nicolas Landry.
Les Tchèques ont assez bien fait dans une première période serrée et on était en droit de s'attendre à une rencontre beaucoup plus relevée, mais John Tavares a pris les choses en main. En participant aux trois premiers buts du match, le jeune prodige des Generals d'Oshawa a été directement responsable de la déconfiture des Tchèques. Accusant un déficit de 0-3, ces derniers ont levé le pied, ont perdu toute trace de cohésion et se sont mis à commettre des revirements à la tonne.
Le match était à peine vieux de 25 minutes qu'il était déjà à sens unique.
Le Championnat mondial de hockey junior est un tournoi "à court terme" où tout relâchement peut te coûter cher. Tu ne peux pas te permettre un mauvais match, ou même une mauvaise période. Vendredi, les Tchèques ont décroché très rapidement.
Le Canada m'a montré une formation bien équilibrée. J'ai apprécié l'apport des quatre trios. On savait ce que les trois premiers étaient capables d'apporter offensivement et le quatrième, composé de Patrice Cormier, Stefan Della Rovere et Evander Kane, a rempli sa mission à la perfection. À la ligne bleue, j'ai été particulièrement impressionné par le jeune Ryan Ellis.
Les trois représentants de la Ligue junior majeur du Québec ont connu un début de tournoi exemplaire. J'ai beaucoup aimé l'explosion et la rapidité de Chris DiDomenico, des Sea Dogs de Saint-Jean. C'est un jeune homme très intense qui possède un bon équilibre sur ses patins et un flair offensif certain. Il n'hésite pas à payer le prix dans les coins de patinoire, à donner une bonne mise en échec quand le besoin s'en fait sentir. Au sein d'un trio offensif, il est le genre de joueur qui va s'occuper du sale boulot et qui, comme récompense, va récolter les buts pas toujours élégants grâce à son implication dans la circulation lourde.
Angelo Esposito est un joueur soulagé et ça paraît dans son jeu. Comme il n'est pas celui sur qui repose toute la pression au sein de cette équipe d'étoiles, il peut se permettre de se concentrer sur les petits détails et de polir son exécution. On le voit mettre beaucoup d'ardeur au travail et s'impliquer physiquement.
Pour ce qui est Cormier, le chapeau qu'on lui demande de porter lui va à merveille. Pour avoir participé à plusieurs matchs internationaux avec le programme canadien, je sais très bien comment on bâtit un alignement avec un paquet de joueurs aussi talentueux. Plusieurs joueurs vont se voir confier un rôle différent de celui qu'ils sont généralement appelés à remplir et ils doivent être capables d'apporter la contribution demandée.
Cormier l'a compris. Vendredi, il a passé quelques présences à envoyer ses adversaires sur la glace avec de bons coups d'épaules. Il est le genre de joueur qui gagne toujours le cœur de la foule lors du Championnat mondial junior. J'ai analysé plusieurs matchs de la Ligue nationale sur la galerie de presse de la Place Banque Scotia et croyez-moi, les partisans des Sénateurs d'Ottawa ne sont pas les plus bruyants. Il faut vraiment les emballer pour qu'ils se lèvent de leur siège et c'est ce qu'ils ont fait devant les efforts déployés par Cormier. Ce n'est pas peu dire!
On pense déjà au duel contre les États-Unis
J'ai assisté à l'entraînement canadien samedi, à la veille du match contre le Kazakhstan. Blessé à un pied contre la République tchèque, Della Rovere a essayé de patiner, mais il en a été incapable. C'est donc le défenseur P.K. Subban qui l'a remplacé au sein de son unité offensive.
Je savais que Subban n'avait pas peur du jeu physique, mais en l'observant plus attentivement samedi matin, j'ai été épaté par ses habiletés offensives. ÉCJ a tenu une compétition de tirs de barrage à l'entraînement et Subban a été l'un des meilleurs. Il a de très bonnes mains et a réussi des feintes assez incroyables.
Si Subban a été dérangé par son changement de position, ça n'a pas paru. Le jeune espoir du Canadien est un jeune homme très animé et son enthousiasme est contagieux. Toujours enjoué, il profite de la vie et ne se plaint jamais. C'est le genre de gars dont toute équipe a besoin : un joueur respecté, mais qui sait détendre l'atmosphère en faisant le clown.
J'ai également été témoin de l'entraînement des Américains, qui ont facilement gagné leur premier match contre l'Allemagne. Il ne faut pas se leurrer : après avoir vu la piètre prestation de la République tchèque, il faut s'attendre à une lutte à deux entre les États-Unis et le Canada pour la première place du groupe A.
À l'entraînement, les Américains ont porté beaucoup d'attention aux petits détails. On a travaillé sur le travail le long des rampes, les situations de deux contre deux dans les zones restreintes. Rien à voir avec les entraînements habituels où on se contente de faire plusieurs exercices de patin d'une extrémité à l'autre de la patinoire. Les entraîneurs donnaient beaucoup de directives aux joueurs, on semblait avoir des demandes très spécifiques.
La formation américaine possède l'une des meilleures attaques du tournoi. Son jeu de passe est à point, le jeu robuste ne l'effraie pas et elle commet peu d'erreurs dans son territoire. En effet, la brigade défensive américaine est assez solide avec l'espoir du Tricolore Ryan McDonagh, Kevin Shattenkirk, qui possède tout un plomb, et les Fairchild, Rust et Cole.
S'il y a un point d'interrogation qui l'accompagne, c'est peut-être devant le filet. Thomas McCollum ne m'a pas impressionné contre l'Allemagne, il faudra voir ce que Josh Unice a dans le ventre. Et on sait qu'au cours des dernières années, les États-Unis ont montré une tendance à se décourager rapidement et à tomber dans l'indiscipline quand ça va moins bien.
Une chose est certaine, les États-Unis sont concentrés sur l'affrontement contre le Canada le 31 décembre. En fait, je crois qu'ils n'ont qu'une chose en tête : venir gâcher la fête du pays hôte. Chez les Américains, personne n'a oublié l'affront de 2005, alors que le Canada était sorti en maître du tournoi présenté au Dakota du Nord. Depuis ce temps, les voisins du Sud cherchent à nous remettre la monnaie de notre pièce.
C'est sûr que les États-Unis visent l'or à Ottawa. Mais selon moi, ils seront tout aussi heureux s'ils parviennent à mettre des bâtons dans les roues du Canada.
En attendant impatiemment ce duel, j'espère que vous apprécierez les matchs contre le Kazakhstan et l'Allemagne!
On se reparle cette semaine...
*Propos recueillis par Nicolas Landry.