Animé par l'énergie du désespoir en troisième période, Équipe Canada junior a éventuellement payé cher pour une performance inégale lors des retrouvailles avec ses rivaux de la Russie en demi-finale du Championnat du monde de hockey junior.

Un an après avoir été victime d'une remontée historique pour voir la médaille d'or lui glisser entre les doigts, ÉCJ a failli se retrouver du bon côté d'un scénario tout aussi rocambolesque, mais a été incapable de se faire justice et de poursuivre sa route vers la récompense ultime.

La troupe dirigée par Don Hay a chèrement vendu sa peau pour finalement s'avouer vaincue par la marque de 6-5 mardi soir au Saddledome de Calgary.

Accusant un déficit cinq buts avec douze minutes à faire en troisième période, le Canada s'est affiché au tableau quatre fois en l'espace de 4:57. Dougie Hamilton, Jaden Schwartz, Brendan Gallagher et Brandon Gormley ont semé la panique dans le camp russe et devant l'assaut désespéré de l'équipe hôtesse, le gardien Andrei Vasilevski a cédé sa place à Andrei Makarov pour les minutes fatidiques.

Les troupiers de Don Hay ont gardé la pédale au plancher et sont passés à un cheveu de créer l'égalité quand Ryan Strome a touché le poteau au début de la dernière minute, mais le miracle ne s'est finalement pas concrétisé.

"C'est difficile, a commenté Gallagher, la voie tremblotante et les yeux rougis au terme de la partie. Nous avons bataillé jusqu'à la toute fin, nous n'avons pas abandonné, mais tout ça ne veut rien dire parce que nous étions venus ici pour gagner la médaille d'or."

Le Canada a terminé la rencontre avec un avantage de 56-24 au chapitre des tirs au but.

"C'est une défaite qui fait mal, mais c'était à nous de mieux jouer dans les deux premières périodes. C'est difficile de gagner quand vous accordez six buts dans un match", a simplifié Gormley.

L'or échappera donc au Canada pour une troisième année consécutive et pour la première fois en onze ans, l'Unifolié ne sera pas représenté en finale du tournoi.

Le Canada tentera de limiter les dégâts en bataillant pour le bronze jeudi soir contre la Finlande. La Russie, elle, tentera de défendre son trône face à la Suède. Elle aura l'occasion de remporter deux titres de suite pour la première fois depuis ses triomphes en 2002 et 2003.

Seul joueur des champions en titre à avoir contribué à la débâcle canadienne de 2011, Yevgeni Kuznetsov s'est fait un plaisir de mettre des bâtons dans les roues des favoris locaux. Le capitaine russe a complété son tour du chapeau en plus d'obtenir une passe pour passer au premier rang du classement des compteurs du tournoi.

Nikita Nesterov, Alexander Khokhlachev et Nikita Kucherov ont aussi touché la cible pour la Russie. Nail Yakupov a récolté quatre aides.

Le dernier but de Kuznetsov, qui portait la marque à 4-1, a signé l'arrêt de mort du gardien canadien Scott Wedgewood, qui avait été préféré au vétéran Mark Visentin pour débuter cette rencontre ultime. Ébranlé après avoir encaissé la chute d'un adversaire sur le jeu, Wedgewood a pris la direction des douches après avoir cédé quatre fois sur seulement 13 lancers.

La présence de Visentin, qui s'était complètement écroulé dans la troisième période fatale de la finale de 2011, n'a pas découragé les Russes, qui ont augmenté leur coussin dès son entrée dans le match et qui ont conservé une avance jugée confortable jusqu'au réveil du Canada dans les dix dernières minutes.

"Nous n'avons pas joué comme nous avons l'habitude de le faire, a évoqué Don Hay pour justifier le mauvais début de match de son équipe. Peut-être était-ce la nervosité, mais une chose est certaine, ils en ont profité. À 2-1, je nous croyais revenus dans le match, mais nous leur avons facilité la tâche sur leurs deux buts suivants et ça nous a coûté cher."

Brett Connolly a été l'autre buteur de la formation canadienne. Prêté par le Lightning de Tampa Bay pour la durée de la compétition, l'attaquant de 19 ans a marqué une fois dans chacun des matchs de son équipe.

Un manque de sang-froid

Le Canada avait participé à toutes les finales de 2002 à 2011, compilant un dossier de 5-5.

La barre était donc placée très haute pour l'édition 2012 de l'équipe. Les Russes ont cependant dominé lors des 40 premières minutes de jeu.

Quand Wedgewood a quitté la rencontre en deuxième période, les Canadiens ont perdu leur sang-froid. La Russie a inscrit son cinquième but et son deuxième en supériorité pendant une punition à Gallagher pour bâton élevé.

Boone Jenner a reçu une punition majeure et une inconduite de partie pour avoir dardé un peu plus tard et Jonathan Huberdeau a été puni pour conduite antisportive avec moins de deux minutes à faire à l'engagement.

"Vous ne pouvez jamais vous permettre de vous tirer dans le pied et c'est exactement ce que nous avons fait ce soir", a résumé l'entraîneur.

Les Canadiens ont évité le cachot en troisième et ont marqué deux de leurs quatre buts avec un homme en plus sur la patinoire.

Le Canada avait été parfait lors de la ronde préliminaire. Ils avaient dominé leurs adversaires 9-0 au chapitre des buts marqués en première période et 26-5 au total, mais ils n'étaient vraisemblablement pas prêts à affronter une équipe aussi rapide et talentueuse que celle de la Russie.

Les Russes avaient eu besoin d'une prolongation pour vaincre la République tchèque 2-1 lors des quarts de finale, lundi, mais ils ont amorcé la demi-finale en force.

Ils semblaient un peu perdu quand le Canada a amorcé sa remontée en troisième, mais ils ont tenu le coup et signé la victoire.