MONTRÉAL – Éric Bélanger, le nouvel entraîneur-chef des Lions de Trois-Rivières, savait que la question reviendrait sur le tapis. Il assure qu’il n’a pas bénéficié d’une faveur de la part de son ami, et directeur général du club, Marc-André Bergeron, pour obtenir ce poste convoité. 

« Je peux, à 100%, vous dire que je n’ai pas eu de traitement de faveur. Même que durant la première entrevue, après cinq minutes, je me disais ‘Hey, Marc-André, c’est Éric, on se connaît quand même’. J’ai fait le même processus que les autres (candidats) avec Mark (Weightman, le président), Marc-André (le directeur général) et Glenn, un de nos propriétaires », a répondu Bélanger durant le point de presse servant à confirmer sa nomination qui avait été annoncée par Steve Turcotte du Nouvelliste.  

« Je suis fier, ça me donne des frissons d’être le premier à obtenir ce poste. Je sais que je n’ai pas eu le rôle parce que Marc-André est mon chum, mais car il sait ce que je peux apporter », a ajouté Bélanger en entrevue avec le RDS.ca. 

« J'avais aucun doute qu'Éric Bélanger allait percer commen entraîneur »

Bergeron a profité de l’occasion pour y aller d’une précision. 

« Dans notre processus, on connaissait la relation d’amitié, mais beaucoup de collaborateurs nous ont rassuré sur le fait qu’Éric était notre candidat. C’est pour ça qu’il est ici et non parce qu’il a eu une faveur. À Trois-Rivières, on est là pour nous donner une occasion à nos joueurs, à notre personnel et à notre entraîneur », a mentionné Bergeron en indiquant que le processus d’embauche avait été long pour donner une chance à chaque candidat. 

Pour ceux qui soulèvent le point que Bélanger n’a dirigé que durant une « vraie » saison dans le Midget AAA, il a utilisé son franc-parler caractéristique. 

« Je vais corriger l’information parce que ça me gosse. J’ai six ans d’expérience comme entraîneur. J’ai fait mes classes dans le bantam (une année en Floride et une année au Québec), j’ai été deux ans au niveau midget espoir une avec finale, une coupe Dodge et un titre d’entraîneur de l’année et j’ai dirigé deux ans dans le Midget AAA. Oui, les gens vont dire que je n’ai pas l’expérience du junior, mais j’ai connu une carrière de 14 ans dans la LNH. J’ai eu du succès comme entraîneur et j’ai appris autant à diriger dans le bantam que je vais apprendre avec les Lions », a lancé Bélanger qui dirigeait auparavant les Chevaliers de Lévis.

« J’ai aussi joué en Russie, en Italie et dans la Ligue américaine pendant trois saisons; j’en ai vu des affaires. Ça ne me fait absolument pas peur. Je voulais être entraîneur après ma retraite et j’aurais pu user de mes contacts pour avoir un poste d’adjoint dans la LNH. Mais je me voyais plus comme entraîneur-chef donc j’ai commencé au bas de l’échelle. Oui, je n’ai pas l’expérience du junior majeur, mais je suis bien entouré et je vais bien m’entourer », a ajouté l’ancien des Kings, des Hurricanes, des Thrashers, du Wild, des Capitals, des Coyotes et des Oilers. 

Le lien de confiance avec Bergeron demeure un atout à ses yeux. 

« C’est sûr que ça aide de travailler avec quelqu’un que tu connais, on ne peut pas se mentir là-dessus. On va pouvoir se faire confiance dans les moments difficiles comme dans les beaux et ça me parlait », a reconnu Bélanger qui se joint à l’organisation du Canadien d’une autre manière.  

« Je n’ai jamais caché que j’aurais aimé jouer pour le Canadien à certaines étapes de ma carrière. Ce n’est pas arrivé, mais je rentre dans la famille comme entraîneur et j’en suis très fier. Ils ont monté une équipe dynamique et je pense qu’on aura un plaisir fou », a-t-il confié. 

Évidemment, la prochaine étape sera de composer son personnel d’entraîneurs. 

« On a créé une liste avec Marc-André et on ne sait pas encore si ce sera un ou deux adjoints, il faut regarder les avenues budgétaires. Mais, comme premier adjoint, je veux certainement un adjoint avec de l’expérience. C’est un critère important pour moi et Marc-André. Vu que je suis un ancien joueur, je veux probablement un profil différent du mien », a reconnu Bélanger qui étudiera toutes les options. 

« Je ne cache pas que je suis intense, j’ai parfois besoin de me faire remettre les pieds sur terre », a-t-il enchaîné avec franchise. 

Un attrait évident pour bien des joueurs du Québec

Parlant d’intensité, elle se remarquera également sur la patinoire. Afin de comparer avec une référence à la portée de plusieurs, on lui a demandé si l’identité de sa troupe se rapprochera de celle de Joël Bouchard avec le Rocket de Laval. 

« J’aime la façon dont les équipes de Joël jouent, j’ai un peu la même philosophie. Depuis que je suis entraîneur, j’ai eu du succès en déployant des équipes rapides. J’aime étirer le jeu et former des équipes qui sont difficiles à affronter », a-t-il réagi.  

« J’ai hâte de commencer en SVP surtout après la COVID. On aura un produit auquel les partisans pourront s’identifier. Un peu comme quand j’étais joueur, je n’étais pas Sidney Crosby, mais je donnais mon 100% tous les soirs et ce sera l’identité de mon équipe. Un club qui joue avec du rythme et qui travaille. Il n’y aura pas trop de raccourcis, je vous le promets. Ce sera une équipe à l’image de Trois-Rivières », a maintenu Bélanger.  

L’entraîneur-chef promet d’être transparent et bienveillant avec son groupe. 

« Une de mes qualités, c’est de comprendre le joueur qui est passé par là. Je sais ce qu’ils ressentent dans leur tête, je peux les aider dans les épreuves. J’ai vécu des déceptions à tous les niveaux comme être retranché Midget AAA et rappelé un mois plus tard, jouer dans LNH et être cédé dans la Ligue américaine, être blessé et être échangé. On sait bien que certains joueurs ne seront pas contents d’être ici quand ils vont être rétrogradés de Laval. Mon message sera que tu dois te retrousser les manches pour qu’on travaille ensemble et pas de baboune dans ton coin », a-t-il plaidé. 

Certes, ce n’est pas plaisant d’être cédé de la LAH à l’ECHL. Mais, d’un autre côté, le Canadien n’aura aucune difficulté à combler les postes à Trois-Rivières. Du moins, ce sera nettement plus facile que si l’équipe avait été établie dans un coin lointain et moins attrayant aux États-Unis. 

« C’est sûr, avec la visibilité et la couverture médiatique. Ça fait quelques semaines que je regarde des joueurs ciblés et on aura une formation à saveur québécoise. Que ce soit pour les dirigeants du Rocket ou du Canadien, ce n’est qu’à 1h de route. C’est certain que c’est le trio idéal pour une équipe LNH d’avoir cette proximité », a confirmé Bélanger qui a cité Bob Hartley et Dave Tippett à titre de ses inspirations comme entraîneur. 

Il semble que Trois-Rivières deviendra une destination courtisée pour des athlètes au développement tardif ou pour ceux qui ne veulent pas quitter en Europe. 

« Marc-André a commencé le travail depuis assez longtemps et on a une liste excessive de noms, a-t-il lancé en riant. Le Canadien est très impliqué avec lui. Ils veulent aider leur petit frère, ils veulent nous donner les meilleurs outils pour réussir ici et à Laval. » 

« Il y a des joueurs qui peuvent être à un stade de leur carrière où ils veulent revenir près de la maison que ce soit pour la famille, les enfants ou l’épuisement de voyager. Beaucoup de joueurs ont démontré de l’intérêt, c’est très positif », a conclu Bélanger.