Pat Brisson avoue qu'il a contacté les grands penseurs du Centre Bell. Il voulait savoir s'il y avait un intérêt particulier pour son illustre client, Sergei Fedorov, qui a signé une entente de cinq ans avec les Mighty Ducks de Anaheim, tard, vendredi soir.

« J'ai appelé mais le Canadien, et je comprends ça, a d'autres priorités, disait Brisson, hier, au cours d'un entretien téléphonique. Mais je voulais savoir, tu sais, c'est un marché difficile, un marché qui ne ressemble en rien à ce qui se passait il y a deux ou trois ans. Les propriétaires sont sur le qui-vive, ils sont minutieux dans leur gestion financière et la possibilité d'un lockout dans un an complique davantage les choses. »

Il y avait trois ou quatre autres équipes intéressées à Fedorov mais si Brisson a contacté les hausses instances du Canadien, c'est que son client apprécie la ville de Montréal et il aurait possiblement réfléchi longuement si le Tricolore s'était manifesté. Finalement, ce sont les Mighty Ducks qui ont accepté une proposition innovatrice de Brisson.

On a la preuve maintenant qu'il ne voulait plus jouer à Detroit sinon il aurait possiblement accepté l'offre de $50 millions pour cinq ans en début de saison, ou celle de $40 millions pour quatre ans, il y a quelques mois. Sauf qu'il ne se plaisait plus dans le système actuel de l'équipe, il voulait plus de temps sur la surface de jeu, il voulait avoir un rôle encore plus déterminant dans la structure de l'équipe. Il s'agissait aussi d'un défi de taille pour Brisson surtout dans le contexte actuel.

L'élément déclencheur

Puis, Paul Kariya a quitté pour le Colorado, c'est l'élément déclencheur qu'attendait le jeune agent. Brisson a établi les contacts avec les Mighty Ducks et Bryan Murray qui se faisait varloper à Anaheim.

Bryan Murray lui a tendu une oreille attentive parce que Fedorov se voulait une solution de rechange exceptionnelle d'autant plus qu'il avait eu l'occasion de diriger l'athlète russe lors de son passage à Detroit au début des années 90.

Brisson a concocté un contrat particulier, un contrat qui sort de l'ordinaire mais lui fallait-il trouver un directeur général intéressé. Le contrat de cinq ans, évalué à plus de $40 millions, stipule que Fedorov touchera $10 millions en 2003-2004 et qu'il recevra la somme de $6 millions en 2004-2005. A la troisième saison, il aura l'option de poursuivre sa carrière avec les Mighty Ducks à raison de $8 millions, par saison, pour les trois années suivantes ou encore de tester le marché des joueurs autonomes sans restriction une autre fois. « La deuxième année du contrat était importante puisque s'il y a conflit de travail, souligne Brisson, et que le conflit s'étend sur une période d'un an, cette saison-là sera perdue pour le joueur. »

Fedorov perdra alors $6 millions si jamais le hockey s'en va en lockout plutôt que $8 ou $10 millions. « Il y a aussi les années d'option à la discrétion du joueur qu'il faut considérer, poursuit Brisson. Sergei pourra donc choisir, au terme de la deuxième année, ou encore au retour au travail si le hockey arrête pendant un an, de continuer sa carrière à Anaheim ou dans une autre ville. » On peut s'imaginer que les grandes vedettes du circuit retiendront les grandes lignes de cette entente. Mike Modano, par exemple, deviendra joueur autonome sans restriction à la fin de la saison et il ne serait pas étonnant qu'il cherche à obtenir un contrat similaire à celui de Fedorov.

Devant les Kings

Est-il besoin de préciser qu'à Anaheim, les Mighty Ducks qui cherchent à élargir leurs horizons aux dépens des Kings de Los Angeles, ont grandement amélioré leur formation depuis le départ de Paul Kariya. Fedorov est un joueur polyvalent, capable d'exceller en attaque, solide en défense, intelligent en infériorité numérique et créatif en supériorité numérique, et l'entraineur Mike Babcock confiait à la presse de Anaheim, au cours du weekend, qu'il se propose de lui confier plusieurs missions. Les Ducks compteront aussi sur un autre joueur autonome puisqu'ils ont fait signer une entente de cinq ans à Vaclav Prospal, du Lightning de Tampa Bay. En l'espace de quelque jours, ils ont ajouté 161 points à leur attaque.

Qu'on dise de Fedorov qu'il était un joueur difficile à contrôler, qu'on mentionne qu'il n'était pas un joueur d'équipe, force est d'admettre cependant que les Red Wings de Detroit auront du mal à compétitionner contre les meilleures formations de l'Association ouest avec des effectifs qui commencent à tirer de la patte. Leur attaque reposera sur un centre, Steve Yzerman, diminué physiquement.

On s'attend d'ailleurs à ce que les Wings se tournent du côté des Rangers ou encore du côté des Blues dans l'espoir de dénicher un joueur de centre. Curtis Joseph sera offert aux deux équipes et les Wings s'intéressent particulièrement au dossier Eric Lindros ou encore ils pourraient envoyer Joseph à St. Louis pour Doug Weight.

Un joueur d'impact

J'imagine que Fedorov aurait été un joueur d'impact avec le Canadien, qu'il aurait donné une autre dimension à l'attaque du Canadien, en partageant les grandes missions avec Saku Koivu.

J'imagine qu'il aurait aussi contribué à la progression des jeunes joueurs de l'organisation comme il permettra à Stanislav Chistov et à Alexei Smirnov de devenir de meilleurs patineurs.

Il aurait été agréable de le voir en supériorité numérique avec Andrei Markov au point d'appui.

Enfin