Colin Campbell, le préfet de la discipline, a cherché à trancher la poire en deux. Il envoie Todd Bertuzzi sur la touche pour le reste de la saison. Il ne jouera pas pendant les séries éliminatoires et, à partir de septembre, Gary Bettman se pointera le nez. Il décidera, en fonction du nombre de matchs qu'auront disputés les Canucks de Vancouver à l'occasion du tournoi printanier, si la suspension doit être prolongée.

D'ici septembre, la ligue connaîtra tous les détails si jamais la police de Vancouver décide d'intenter une poursuite au criminel contre Bertuzzi à la suite de son action d'une extrême violence contre Steve Moore, de l'Avalanche du Colorado. Mais, Bettman et Campbell devront, avant tout, se servir de leur jugement, ils devront réaliser à quel point Bertuzzi fait mal paraître une ligue déjà inquiète par une popularité qui s'amenuise aux États-Unis.

L'impact de cette action risque d'avoir des conséquences terribles sur un jeune homme qui avait atteint le plus haut niveau de sa profession, je pense à Steve Moore. Les événements de lundi dernier à Vancouver remettent aussi en question la responsabilités des entraineurs, des joueurs, des propriétaires et des dirigeants de la Ligue nationale.

Todd Bertuzzi a attaqué sauvagement un confrère de travail.

Il a peut-être brisé la carrière de Steve Moore.

Un public lésé

En plus, Todd Bertuzzi a lésé le public de Vancouver. Il a aussi lésé ses employeurs, les Canucks de Vancouver, et du même coup la Ligue nationale de hockey. Il en ressort donc que Campbell et Bettman n'ont qu'en partie résolu le problème. Le dossier Bertuzzi ne peut pas prendre la direction de la filière comme ça. Il est du devoir du commissaire d'en faire un point de repère pour :

. revoir en profondeur le livre des règlements, modifier l'interprétation des lois, inviter des ex-joueurs, des ex-entraîneurs, des ex-directeurs généraux, des membres de l'AJLNH, des propriétaires actuels, bref, le hockey doit se donner une nouvelle gestion d'opération sur la surface de jeu;

. inviter l'AJLNH - Bob Goodenow surtout - et ses membres à une prise de conscience sur leur comportement : on n'a jamais vu autant de gestes dangereux, de bâtons portés au visage de l'adversaire, de coups vicieux… c'est la folie furieuse;

. dresser un code d'honneur, pour toute faute entraînant une suspension, outre la perte de salaire, le joueur devrait payer une forte amende. C'est peut-être l'unique moyen pour obliger les joueurs à se pencher sur les problèmes qui mutilent la crédibilité du hockey professionnel.

Todd Bertuzzi, par exemple, touche une somme de $7 millions ou presque pour ses talents athlétiques et son sens du spectacle. Les Canucks ne le paient pas pour se comporter comme un imbécile. Pour avoir manqué à ses engagements de hockey professionnel parce qu'il va rater le reste de la saison et les séries éliminatoires, la Ligue nationale et les Canucks devraient lui imposer une sanction d'une sévérité exemplaire.


Un code d'honneur

Et si vous voulez que la sanction ait un impact solide, allez fouiller dans les poches du coupable. Bertuzzi, en plus de cette suspension qui, le souhaite-t-on, s'étirera sur un plus grand nombre de matchs, devrait débourser une imposante somme d'argent. Pas seulement les $500,000 qu'il devra remettre aux Canucks mais une somme nettement plus écrasante, quelque chose comme $2 millions pour toutes les conséquences que son geste entraîne.

On dira de Bertuzzi qu'il n'est pas un criminel, qu'il a perdu la tête, que les deux entraîneurs ont carrément perdu la tête, que les arbitres et la ligue auraient pu éviter un tel incident en condamnant le geste de Moore à l'endroit de Markus Naslund, il y a quelques semaines, à Denver, il reste néanmoins qu'un athlète doit savoir gérer ses émotions, il doit savoir respecter un code d'honneur malgré la frustration qu'on peut nourrir dans le cours d'une compétition.

Entre-temps, la Ligue nationale se retrouve avec un œil au beurre noir, un visage tuméfié, parce qu'elle est dirigée par des gens qui refusent d'aller de l'avant avec une gestion avant-gardiste, une gestion adaptée aux années 2000. Gary Bettman s'entête à ne pas consulter ceux qui ont fait l'événement, ceux qui ont popularisé ce sport.

Pourtant, autour de lui, il y a tellement d'anciens joueurs et ceux de la présente génération et de propriétaires (Gretzky et Lemieux) qui n'attendent qu'une invitation pour refaire l'image du hockey. Mais il faut la volonté des têtes dirigeantes et, malheureusement, depuis des années, on laisse passer les opportunités. Au contraire, on s'empêtre dans un marasme qui produit des événements comme celui de lundi soir à Vancouver… Mais, Bertuzzi n'est pas le seul coupable… Il y a aussi ceux qui encouragent un système pourri!