INNSBRUCK, Autriche - La feuille de route de Mark Habscheid n'a rien de bien reluisant.

Onze saisons dans la Ligue nationale, sa meilleure saison se résume par une production de 54 points. Il n'a jamais rien cassé pendant les séries éliminatoires.

Il était un bon plombier. Un excellent plombier. Il ne manquait pas de culot et c'était le genre de joueur qui plaît à un entraîneur. Vous savez le joueur qui ne craint pas de saigner du nez, comme le veut l'expression populaire.

Curieusement, dans le monde du hockey, il arrive souvent que ces athlètes aux talents mitigés s'affichent comme des entraîneurs de premier plan. On reconnaît à Habscheid de belles qualités au niveau de l'enseignement et de la communication.

Avant d'arriver dans le programme de développement de Hockey-Canada, il a fait ses classes dans le hockey junior majeur de l'Ontario, atteignant la coupe Memorial en deux occasions. Un bilan qui lui a permis de gagner la confiance de Bob Nicholson, le grand manitou de Hockey-Canada. Nicholson qui désirait à tout prix embaucher un entraîneur à temps plein pour le programme canadien n'a consulté qu'un candidat : Habscheid.

Le contrat stipule qu'il a droit de regard sur toutes les opérations hockey et que son rôle dans l'organisation lui confère automatiquement le poste de pilote pour le championnat du monde. On ne savait pas si les dirigeants de l'organisation seraient en mesure de respecter cette entente. Dans les faits, le poste revenait presque automatiquement à Pat Quinn et à ses adjoints Jacques Martin et Ken Hitchcock.

On marchait donc sur des œufs mais Habscheid corrigea vite la situation en affirmant qu'il n'avait aucun problème à céder les guides à Quinn et à sa groupe et qu'il serait disponible pour toute tâche qu'on voudrait bien lui confier. Quand Gretzky a tiré sa révérence afin de demeurer près de sa mère atteinte d'un cancer, c'est à ce moment-là qu'on a donné à Habscheid plein contrôle de l'équipe.

En Autriche, il ne pourra cependant pas éviter les comparaisons si sa formation ne connaît pas les succès escomptés. Il ne pourra pas s'appuyer sur le fait que les effectifs les plus importants du hockey canadien sont demeurés au pays pour différentes raisons. Les autres pays impliqués dans ce tournoi sont également amputés de leurs meilleurs effectifs.
Ceux qui ont côtoyé Habscheid comme joueur et ceux qui l'ont observé comme entraîneur, ne doutent aucunement de son talent et de son jugement derrière le banc. Cependant ce sera une toute nouvelle expérience. Il dirige des athlètes professionnels, des joueurs qui, à l'intérieur de leur formation, exercent un impact important.
Jusqu'ici, on estime qu'il a manœuvré avec doigté, gagnant le respect des joueurs.

Il est le premier à reconnaître que sa façon de diriger ne sera pas nécessairement celle qu'il pronaît avec les Rockets de Kelowna, de la Ligue junior de l'Ouest. Il n'aura pas à faire trop d'enseignement sauf d'imposer son style de jeu, un style qui s'apparente à celui qu'applique John Tortorella avec le Lightning de Tampa Bay.

Échec-avant, pression sur le porteur du disque adverse, il veut que ses joueurs prennent des risques et incommodent l'adversaire.

Ce sera une compétition intéressante. Va-t-elle capter l'intérêt des amateurs?

Martin Brodeur a beau dire que les joueurs impliqués dans ce championnat représentent avant tout leur pays. Qu'il ne s'agit pas d'une activité de la Ligue nationale. Vrai. Mais, ceux qui participent à cette compétition sont tout de même membres attitrés de l'Association des joueurs de la Ligue nationale. Et, au Canada, les membres de l'AJLNH ont soulevé l'ire des amateurs de hockey.

Si le Canada offre de solides performances, s'il s'impose, comme prévu, comme l'une des formations les plus redoutables de la compétition, graduellement, les amateurs suivront les événements avec plus d'attention et surtout avec plus de passion.

Mark Habscheid se retrouvera inévitablement au centre de toutes les comparaisons.

A surveiller : la République Tchèque qui, malgré l'absence de Zdeno Chara, sera un rival redoutable pour le Canada. La Russie? On ne sait jamais comment cette formation réagira, pourtant, ce n'est pas le talent qui manque. La Suède? Les leaders, à part Daniel Alfredsson, n'y sont pas. La Finlande? Koivu a préféré prendre du repos et on le comprend. La Slovaquie? De bons éléments mais des gardiens inquiétants? Les États-Unis : une cure de rajeunissement et les indésirables ont été remplacés.