La situation qui perdure en lien avec la COVID-19 a fait naître de nombreux questionnements pour les amateurs de sport de la province et à travers le Canada. Le gouvernement du Québec a annoncé la reprise de sports individuels en respectant la distanciation sociale, mais d'autres sports ne peuvent reprendre leurs activités et demeurent incertains quant à un retour aux choses « normales ». C'est le cas du hockey mineur, qui pourrait être pratiqué d'une façon bien différente à l'automne, à travers le pays. 

 

En tant que parent d'un jeune hockeyeur, j'ai eu l'occasion de poser des questions que se posent plusieurs familles à travers le Québec. Le président de Hockey Canada, Tom Renney, et son homologue chez Hockey Québec, Paul Ménard, se sont généreusement prêtés à l'exercice via une vidéo-conférence, vendredi matin. 

 

Merci messieurs de nous accorder de votre temps précieux aujourd'hui. 

Les parents et les jeunes à travers le Québec et le Canada sont nombreux à se poser la question. À quoi peut-on s'attendre lors du retour du hockey?

 

Tom Renney 

C'est une bonne question et une question populaire. Ce sera différent, je ne crois pas que nous verrons du hockey conventionnel dès le départ. Ce n'est pas toujours une mauvaise chose, puisque cela pourrait nous permettre de nous concentrer sur le développement des habiletés individuelles et de permettre aux joueurs de reprendre contact avec la glace. Ce sera différent au niveau de la configuration dans son ensemble, par rapport au nombre de joueurs admis sur la patinoire par exemple, ou encore dans la façon de mettre en place les exercices. Il reste à évaluer à quel moment il sera possible de disputer des matchs, en s'appuyant sur les autorités de santé publique. Hockey Canada et Hockey Québec vont collaborer à ce niveau.

 

Paul Ménard 

Au niveau des regroupements, la seule façon de respecter les règles de distanciation est d'avoir moins de participants au même moment et il faut s'attendre à ce qu'il y en ait moins. C'est une opportunité au niveau des habiletés, mais le hockey est un jeu et on doit le rendre plaisant pour les jeunes. Nous publierons un guide à ce sujet, mais les associations devront faire preuve de créativité. Tout cela en respectant les règles de santé publique. 

 

À quoi peut-on s'attendre en ce qui concerne les règles de sécurité dans les arénas? Est-ce que des tests pourraient être nécessaires ou est-ce que le nombre de parents accompagnateurs pourrait être limité?

 

Tom Renney 

C'est une autre bonne question et c'est difficile d'y répondre, car les autorités de santé publique nous fourniront la marche à suivre à ce chapitre. J'aime beaucoup ce qui se déroule avec le ministère des Sports au Québec, qui a réuni les différents sports pour échanger dans le but d'établir un plan d'action. La priorité est que tout le monde soit en sécurité. Il y aura différentes étapes qui nous fourniront les réponses en lien avec les tests, mais également au niveau de l'importance de désinfecter les mains ou encore de s'assurer que les vestiaires restent propres. Une fois que les gouvernements prendront les décisions, nous serons prêts.

 

Étant donné le fait que l'on doit s'attendre à un format réduit au niveau du nombre de joueurs qui vont s'affronter sur la patinoire. Est-ce que le nombre d'inscriptions pourrait être réduit, puisque les heures de glace ne seront pas plus nombreuses qu'elles ne l'étaient à la base?

 

Paul Ménard

Au niveau des glaces, la distribution sera différente. Est-ce que la longueur des entraînements sera la même, puisque nous aurons moins de participants? 
 

Ce sont des choses à ajuster. Au niveau des inscriptions, il faudra réagir à la situation en lien avec la COVID-19, que ce soit à l'automne ou peut-être avant. Mais un fait demeure, lorsque nous ouvrirons, ce sera parce qu'il est sécuritaire de le faire. 

 

Tom, comme Paul vient de le mentionner, le hockey recommencera lorsqu'il sera sécuritaire pour tous. Est-ce que l'on peut s'attendre à la mise en place de visières spéciales pour les joueurs?

 

Tom Renney

Nous avons deux équipes, composées de bénévoles et de professionnels à travers le pays, qui sont en place présentement et qui évaluent deux domaines. Un aspect en particulier se situe au niveau des règles lors de la reprise des activités. Nous devrons être flexibles et ajuster les règles qui pourraient faciliter la transition. Certaines règles pourraient bien fonctionner et demeurer en place à long terme. Le scénario de la protection complète du visage est étudié présentement et nous espérons être en mesure de ratifier le tout autour du 1er juin. L'autre partie à considérer est au niveau de la sécurité et des risques qui sont en jeux. Nous devons être alertes pour s'assurer que tout le monde sera en sécurité et pourra avoir du plaisir à nouveau. Il est impossible de répondre entièrement à la question, mais nous avons de très bonnes personnes qui y travaillent pour être certain de faire les choses de la bonne façon.

 

Paul Ménard

Je suis heureux que Tom mentionne que de bonnes personnes travaillent là-dessus, puisque je suis impliqué dans le processus! Nous évaluons les possibilités au niveau de la sécurité et du respect des règles. Nous allons attendre de voir le résultat du travail des manufacturiers qui tentent de développer le produit et nous ajuster ensuite.

 

Les arénas sont actuellement fermés à travers le Québec. Qu'en est-il du hockey d'été? Certaines ligues de hockey de printemps ont étiré la possibilité de présenter leur saison au cours de l'été. Est-ce envisageable?

 

Paul Ménard 

Les autorités de santé publique prendront les décisions en ce qui concerne l'ouverture des arénas. Je participe à un comité avec Sports Québec et les autres fédérations. Il y a différentes étapes à respecter. Le gouvernement a fait des annonces en ce qui concerne la première phase, mais nous n'avons pas encore l'information au sujet des arénas. Présentement, je ne peux répondre à cette question, parce que nous ne sommes pas rendus là.

 

Tom Renney

Tout est possible, mais nous devons d'abord respecter les mesures de la santé publique. Nous voulons nous assurer que le hockey soit sanctionné, c'est très important pour nous.

 

Seul le temps nous dira à quoi les choses ressembleront et le niveau de liberté que nous aurons pour faire les choses. Ce qui est important de souligner, c'est que ce n'est pas une course pour être le premier, c'est une course pour faire les choses de la bonne façon. Deux choses doivent d'abord arriver. La santé et la sécurité de nos participants, que ce soit pour les joueurs ou les parents, mais également la santé du public en général. Nous avons le devoir de porter attention à cet aspect d'abord et avant tout. Il ne faut pas aller trop vite et risquer de nous tromper. 

 

Paul Ménard

Ce que nous déposerons respectera les règles de distanciation et les mesures sanitaires. Je suis vraiment sur la même longueur d'onde que Tom lorsqu'il mentionne que ce n'est pas une course. Il faut d'abord mettre en place un système qui permettra à nos participants et leurs familles d'être en sécurité.

 

En ce qui concerne les régions autour de Montréal, certaines villes ne font pas face aux mêmes restrictions, même si elles évoluent dans les mêmes ligues. Comment pensez-vous trouver l'équilibre pour éviter de faire face à du mécontentement?

 

Paul Ménard

Ce qui sera important à la base, c'est que le hockey soit joué sur une base locale. Ensuite, il y aura de la circulation à travers les villes quand la santé publique le permettra. À travers le Québec et le Canada, il y a des zones plus « chaudes » et d'autres plus « froides » et nous nous ajusterons en lien avec l'évolution du dossier. Une chose est certaine, le hockey sera différent au début et les autorités de santé publique détermineront à quel rythme nous pourrons retrouver le hockey auquel nous sommes habitués. Notre rôle est d'être prêt pour la prochaine étape, c'est ce sur quoi nous travaillons. 

 

Monsieur Renney, quelle est la marche à suivre de votre côté en ce qui concerne les équipes nationales?

 

Tom Renney 

C'est similaire. Les choses évoluent à un rythme différent à travers le pays et nous sommes encore loin de pouvoir vivre de grands rassemblements, peu importe le nombre de personnes. Pour les équipes nationales, notre espoir est que les athlètes continuent de s'entraîner, que ce soit en solitaire ou en groupe dans lequel la distanciation sociale est respectée, selon les règles mises en place dans les provinces. Au cours de l'été, les choses pourraient évoluer positivement. Nous souhaitons mettre en place notre programme des moins de 17 ans à compter du mois de novembre et ensuite le championnat mondial junior en décembre et janvier. Ces événements sont toujours prévus à notre calendrier. Pour le moment, nous sommes en mode attente et s'il le faut nous devrons accélérer notre préparation si la tenue de ces événements s'avère possible.

 

À quel point les deux derniers mois ont-ils représenté un défi pour vous?

 

Tom Renney

C'est dans notre ADN en tant que Canadiens et Québécois de faire face aux défis. Il ne faut pas se laisser emporter et réaliser que de bonnes personnes nous aident à gérer la situation. Nous sommes très chanceux d'avoir des personnes comme Paul, qui ont beaucoup de connaissances et d'expérience. Le fait de voir tout le monde travailler aussi fort me permet d'avoir l'esprit tranquille. Personnellement, je vais bien et ma famille se porte bien. Nous pouvons parler de hockey autant que nous voulons, mais nous jouons un match plus important présentement, celui de la vie. Les enjeux sont importants et nous devons prendre les choses au sérieux. Il faut reconnaître qu'il y a plus que du hockey, et cela nous aide à surmonter le tout.

 

Paul Ménard 

C'est du jamais vu, on avance au fur et à mesure dans une salle qui est très noire et nous tentons de trouver le meilleur chemin. Nous sommes vraiment bien entourés. Les gens de hockey ont la capacité de s'ajuster, comme lorsque nous sommes dans un tournoi avec une équipe de hockey, c'est un ajustement constant. Nous sommes chanceux d'avoir l'appui de Hockey Canada, qui nous guide sur le droit chemin et nous fournit de bonnes idées. Les choses ne sont pas faciles, mais il est intéressant de voir le moral des gens qui veulent que le hockey revienne et travaillent activement pour que ce soit possible. Les gens sont passionnés et cela nous aide beaucoup. La priorité demeure que tout le monde demeure en santé.