Imposer un plafond salarial d'une façon unilatérale s'avère-t-il un élément que les propriétaires de la Ligue nationale envisagent dans le but de régler l'impasse. En terme de loi, au Canada comme aux États-Unis, lorsqu'il y a un arrêt de travail (lock-out) et que les deux clans demeurent à des années lumière d'une entente, l'impasse est décrétée et, comme le football de la NFL, il y a quelques années, une ligue peut alors imposer sa propre convention de travail.

Il s'en suit une grève déclenchée par les joueurs.

Vendredi après-midi, j'ai pu converser pendant plusieurs minutes avec Bill Daly, le négociateur de la Ligue nationale, depuis sont bureau de New York, et la conversation a surtout porté sur la " stratégie de l'impasse " et sur ce qu'entendent faire les propriétaires de la Ligue nationale au cours des prochaines semaines.

Question : Comment peut-on déterminer qu'il y a impasse dans les négociations?

B. Daly : " On peut appliquer le principe de l'impasse autant aux États-Unis qu'au Canada. Il n'y a pas vraiment de temps limite pour décréter qu'il y a impasse entre deux groupes tentant de négocier une convention de travail. "

Notes : On peut s'attendre cependant à ce que les propriétaires misent sur cette carte pour trancher le débat.

Question : Est-ce à dire qu'il y a impasse actuellement?

B.Daly : " Absolument. Dans les faits, après plusieurs rencontres, il est clair que, présentement, nous nous retrouvons dans l'impasse. Cela ne veut pas dire que nous allons nous prévaloir de ce que la loi prévoit dans une telle situation. "

Notes : Dans le contexte actuel, les propriétaires pourraient effectivement déclarer qu'il y a impasse et imposer unilatéralement leur plan d'une convention de travail impliquant un plafond salarial et tout ce qui implique un tel système économique.
(s.t.) Un plafond de $31 millions?

Question : Les propriétaires suggèrent un plafond salarial de $31 millions, les joueurs ne veulent rien entendre d'un plafond salarial. Comment peut-on espérer un dénouement qui permettra aux amateurs de retrouver leur sport?

B. Daly : " Je voudrais mentionner ici que le chiffre de $31 millions a été avancé dans les médias d'information mais cela ne veut pas dire que c'est le montant que nous proposons. "

Notes : Ce que les propriétaires convoitent avant tout c'est un modèle basé sur le partenariat, comme celui que l'on retrouve dans la NFL. La Ligue nationale cherche à réduire le montant (75% des revenus) versé aux joueurs. Le chiffre convoité serait de 55%. La Ligue nationale demande aux joueurs que le salaire moyen des joueurs soit réduit de $1.8 millions à $1.3 millions. Puisqu'il s'agit d'une négociation, il y aurait sans aucun doute un accord autour de $1.5 millions.

Question : N'est-il pas étrange ou encore particulièrement embarrassant pour des propriétaires cherchant à créer un nouveau système économique de voir des équipes offrir des contrats à gauche et à droite et aussi de voir des formations avec des masses salariales de plus de $40 millions (comme le Canadien) alors que l'objectif est de limiter la masse salariale à $31 millions?

B. Daly : " Encore là, comme je l'ai mentionné plus tôt, le chiffre de $31 millions est celui avancé dans les médias. Cependant, je comprends très bien que les contrats signés au cours des derniers jours constituent une situation pour le moins étrange dans le contexte actuel. Cependant, les décisions d'une équipe ou de deux équipes ne veulent pas nécessairement dire qu'il s'agit là de la philosophie de la ligue. Prenons l'exemple de l'Avalanche du Colorado. Il s'agit d'une des organisations les plus flamboyantes de la ligue. Cette équipe a les revenus pour maintenir une masse salariale de plus de $60 millions. Les administrateurs prennent des décisions appuyées sur un marché fort lucratif. Par contre, quand l'Avalanche prend une décision, cela a aussi des conséquences sur les autres formations de la ligue. Par conséquent, c'est la raison pour laquelle nous avons besoin d'un nouveau système économique pour qu'il soit profitable à tous les ans. "

Notes : En d'autres mots, les gens de l'Avalanche ont les moyens financiers pour payer le gros prix, pour permettre à leur formation d'aspirer à la coupe Stanley à tous les ans, parce que l'équipe possède des conditions exceptionnelles dans un marché exceptionnel. Or, ce que les propriétaires convoitent, c'est un système qui pourra mettre les autres équipes à l'abri des conséquences découlant des décisions prises par des équipes bien nanties.
(s.t.) A quand la reprise des discussions?

Question : Maintenant que les négociations sont au beau fixe, donc qu'il ne se passe absolument rien depuis le 9 septembre 2004, peut-on croire que les discussions reprendront dans un avenir rapproché?

B. Daly : " Au moment où on se parle, donc, vendredi le 17 septembre 2004, je n'ai aucunement l'intention de communiquer avec l'Association des joueurs de la Ligue nationale dans le but de planifier une réunion. Pourquoi adopterions-nous cette position puisque la dernière offre des joueurs était nettement inférieure à celle déposée il y a 15 mois et celle déposée l'an dernier, était inacceptable. "

Notes : Même si les propriétaires se gardent bien de parler d'une stratégie de dernière heure, celle où ils pourraient déclarer qu'il y a impasse, il s'agit néanmoins d'une carte qui pourrait sortir du jeu des administrateurs de la Ligue nationale. Quand? Personne ne le sait. Par contre, des observateurs avancent que la Ligue nationale est dans une situation inconfortable puisqu'elle ne reconnaîtrait pas légalement, aux États-Unis, le statut du syndicat des joueurs. Mais là encore, ce serait une bataille d'avocats qui vont remplir leurs coffres dans ce dossier.