Si la richesse d'un homme se mesure par l'étendue de son cercle d'amis, Jacques Demers peut quitter le monde du hockey en sachant qu'il est plein aux as.

Le coach, qui a décidé de prendre sa retraite après 38 ans derrière les bancs de la Ligue nationale ou devant les caméras du Réseau des Sports, a reçu un dernier grand hommage mercredi soir au restaurant bleu blanc rouge de Rosemère, un événement organisé par l'équipe de L'Antichambre.

Flanqué d'Alain Crête, son complice de toujours, Jacques a reçu la visite d'anciens joueurs, d'anciens patrons et de plusieurs collègues qui ont tous vanté, souvent avec une teinte d'humour, les grandes qualités qui font de lui un homme apprécié et respecté.

"C'est toi qui nous a permis de gravir les plus hauts échelons", a dit le grand patron de RDS, Gerry Frappier, à son ancien employé et grand ami.

"En 1999, RDS était encore une jeune entreprise et on n'avait pas encore fait notre coup d'éclat. Tu as été, en quelque sorte, le premier grand joueur autonome vedette qui est venu se joindre à l'équipe et qui a totalement transformé notre équipe. Tu as été notre joueur de concession", a poursuivi M. Frappier.

"C'est la première fois que j'ai vécu, dans ma carrière professionnelle d'homme d'affaires, qu'un individu entre chez nous et non seulement change immédiatement la qualité et la performance de l'équipe devant la caméra, mais qui transforme vraiment la chimie, la culture et la façon de faire des autres. Jacques a fait ça chez nous à RDS", a terminé M. Frappier avant de remettre au fêté un chandail à son nom aux couleurs de l'équipe et un uniforme spécialement dessiné illustrant sa nouvelle carrière de Sénateur.

Ses anciens soldats

Parmi ceux qui ont fait la file pour rendre hommage à Jacques, on retrouvait évidemment les joueurs qui l'ont aidé à soulever la coupe Stanley en 1993.

"Certains entraîneurs tentent de faire sortir le meilleur de leurs joueurs avec des moyens pas toujours catholiques, mais Jacques savait mettre tout le monde à l'aise de façon très positive", s'est rappelé Éric Desjardins, le premier invité de l'équipe de L'Antichambre.

"Je retiendrai de Jacques son côté cœur, a poursuivi Patrice Brisebois, un autre membre de la brigade défensive de la dernière édition championne du Canadien. Plus tard dans ma carrière, Jacques n'était plus mon entraîneur, mais quand j'avais des moments difficiles, il m'appelait. Il me disait de ne pas lâcher, il m'encourageait. Il n'avait pas besoin de le faire, mais il le faisait."

"J'ai joué pendant 18 ans et il est le meilleur entraîneur que j'ai eu, mais il est avant tout un grand homme, a tenu à souligner Vincent Damphousse. Jacques est un gars extrêmement loyal."

"Je me souviendrai de Jacques d'abord et avant tout pour ses valeurs humaines. Il se souvenait du nom de toutes les femmes des joueurs", a précisé Benoît Brunet.

"Un gars généreux, authentique, un homme de cœur", a résumé Stéphan Lebeau.

Des anecdotes savoureuses

Un flirt avec Chantal Machabée, une source d'information unique pour Pierre Houde, une attention particulière envers Gaston Therrien... Les amis se sont succédé pour raconter des histoires qui ont marqué leur relation avec Jacques.

"En 1993, Jacques est venu me voir pour emprunter mon auto, il voulait s'en aller à Ste-Anne de Beaupré. C'était sorti dans les médias, mais j'avais appelé les journalistes pour leur dire que c'était moi qui y était allé, pour lui enlever de la pression!", a avoué Serge Savard.

"Tout le monde parle de sa générosité, mais il n'a jamais payé le souper!, a rigolé Savard. Et pour avoir négocié des contrats avec lui, je peux vous dire qu'il ne savait peut-être pas lire, mais il savait compter!"

"En 1980, Jacques avait été congédié par les Nordiques et on m'avait engagé. Je préparais le camp d'entraînement avec Maurice Filion et André Boudrias et Jacques était supposé aller diriger notre club ferme, mais on n'en avait pas encore! J'avais alors demandé à Maurice si Jacques pouvait se joindre à nous et il avait accepté. Je crois que Jacques avait vraiment apprécié et c'est là qu'est née une belle amitié", a raconté Michel Bergeron.

"En 1993, je faisais mes débuts à la couverture du Canadien et j'avais vraiment l'impression qu'il me traitait sur un pied d'égalité avec les autres journalistes même si j'étais une verte recrue, a ajouté Luc Gélinas. Ce qui est extraordinaire avec Jaques, c'est la façon avec laquelle il se sert de sa notoriété pour faire plaisir aux gens autour de lui."

"Je me rappelle d'un match à St. Louis, en saison régulière. Je ne sais plus ce qui était arrivé, mais Jacques n'était pas content de mon jeu et m'avait dit que je ne jouerais pas en soirée. J'étais tellement fâché et j'étais allé marcher pendant deux heures. Et juste avant le match, Jacques m'a annoncé que j'allais jouer. J'avais marqué trois buts", s'est remémoré Guy Carbonneau.

"Quand Jacques nous a dit qu'on allait surprendre le monde du hockey, on s'est tous regardé et on se disait qu'il avait sûrement raté le couvre-feu!", a blagué Patrick Roy.

Une liste impressionnante

Voici les autres personnalités du monde du hockey qui ont tenu à rendre hommage à Jacques Demers.

- Pierre Lacroix, Alain Côté, Maurice Filion et Marcel Aubut (Nordiques)

- Claude Maillhot et Rodger Brulotte

- Gilbert Delorme

- Steve Yzerman

- Gerard Gallant

- Stéphane Langdeau

- Scotty Bowman

- Bertrand Raymond

- Mario Leclerc

- Larry Smith

- Barry Melrose

- Guy Lafleur

- Gary Bettman

- Ron MacLean et Don Cherry

- Michael Landsberg