Le hockey québécois fête aujourd’hui un bien triste anniversaire. Il y a 20 ans, jour pour jour, les Nordiques de Québec disparaissent. Le groupe de propriétaires dirigé par Marcel Aubut vendait la franchise des Nordiques à Comsat Communication. Le conglomérat américain s’en servira pour fonder l’Avalanche du Colorado.

Deux décennies plus tard, les partisans des Nordiques sont toujours meurtris par la perte de leur équipe. Ils ne sont pas les seuls. Les anciens joueurs parlent avec nostalgie du défunt club de Québec. Martin Rucinsky est un de ceux-ci.

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« J’ai dû prendre du recul et encaisser le coup comme le font tous les joueurs professionnels. J’étais vraiment très triste. Je ne voulais pas quitter Québec. J’aimais tellement jouer là-bas. J’aimais Québec du plus profond de mon cœur. La ville ressemble beaucoup aux vieilles cités européennes. On y trouve de vieilles bâtisses dans des petites rues et lorsqu’on descend plus bas dans la vieille ville, on y trouve des terrasses ainsi que le Château Frontenac. Ça ressemble à Prague en plus petit. Je me sentais comme à la maison. »

Rucinsky a joué ses deux premiers matchs dans la LNH avec les Oilers d’Edmonton. Après avoir traîné presqu’une saison complète dans la Ligue américaine, le rusé Pierre Pagé a fait son acquisition en échange de Ron Tugnutt et Brad Zavisha, en mars 1992. Le Tchèque ne décevra pas les partisans de Québec. Il récoltera 48 points en 77 joutes la saison suivante. Le natif de Most ne garde que de bons souvenirs des Nordiques.

« Le club était génial. Nous étions presque tous des jeunes. Participer à la reconstruction du club, c’était vraiment plaisant. On me donnait du temps de glace avec de très bons joueurs. Ça m’a permis de progresser du point de vue sportif, mais aussi sur le plan personnel. Ce club et sa ville m’ont tout donné. Je n’ai que de bonnes choses à dire sur les Nordiques. »

L’ancien numéro 25 des Fleurdelisés a tout de même connu des moments difficiles lors de son passage à Québec. Cela n’a rien à voir avec la ville. Rucinsky a avalé difficilement l’élimination de son club en première ronde des séries éliminatoires de 1993.

« Ce fut un coup dur. Nous avions une jeune équipe et nous manquions d’expérience. Il avait certes quelques vétérans comme Steve Duchesne et Ron Hextall dans l’équipe, mais nous étions presque tous de jeunes joueurs. Nous avions tout de même confiance. Nous avons réellement cru que nous gagnerions contre le Canadien de Montréal. Malheureusement, après deux victoires à domicile, nous avons subi quatre défaites en ligne. Ce fut difficile à avaler. Nous étions très déçus, mais nous avons tous appris de cette expérience. C’est la raison pour laquelle l’équipe a remporté la Coupe en 1996, au Colorado. »

Le déménagement des Nordiques n’a pas seulement fait mal aux gens de Québec. La disparition de l’équipe a aussi mis fin à une grande rivalité avec le Club de hockey Canadien. Cette nouvelle situation aura des conséquences inattendues. Six mois plus tard, les deux concessions ont procédé à une transaction historique. Patrick Roy et Mike Keane ont pris le chemin de Denver, tandis que Jocelyn Thibault, Andrei Kovalenko et Rucinsky se sont retrouvés à Montréal.

« Au début, c’était très bizarre. Dans mon cœur, j’étais encore un joueur des Nordiques et le Canadien était l’ennemi juré de ce club. Je me suis toutefois Martin Rucinskyrapidement plu à Montréal. Les dirigeants me donnaient beaucoup de temps de glace et j’ai réellement pu devenir un meilleur joueur grâce à eux. Je dois avouer que ce n’est pas toujours facile de jouer à Montréal. Lorsque ça va mal, on passe des moments difficiles. En contrepartie, lorsque le club gagne, c’est merveilleux. Ce fut une expérience extraordinaire de jouer pour un club aussi légendaire. »

Rucinsky a quitté la Ligue nationale à l’été 2008, après la fin de son contrat avec les Blues de St-Louis. Il a rejoint le Sparta de Prague pour transférer au HC Litvinov en 2010. Il n’a toujours pas accroché ses patins. À 44 ans, il a compté 19 buts et récolté 35 aides pour produire 54 points en 51 joutes dans l’Extraliga tchèque. Cette saison de rêve lui a permis d’aider le club de Litvinov à remporter le premier championnat national de son histoire.

« Ce fut une saison extraordinaire. Nous avons gagné la Coupe! C’était la première fois en 70 ans que l’équipe de ma ville natale était sacrée championne. On avait une très belle équipe. Je me sentais super bien. Je suis resté en santé presque toute l’année. Ça m’a permis de connaître une saison exceptionnelle. Je ne me suis pas blessé avant la fin des séries. »

L’ancien des Nordiques est fier d’avoir enfin remporté son premier titre national, mais le prix à payer a été élevé. Sa blessure lui a fait rater les Championnats mondiaux de hockey. Le vétéran de 44 ans a dû laisser sa place au sein de l’équipe nationale, lors du tournoi disputé à Prague.

« C’est triste. Après avoir vu le médecin, j’ai compris que je ne serais pas prêt pour le Championnat mondial. Je devais faire partie de l’équipe. J’avais été sélectionné par le personnel d’entraîneur. C’est triste, mais c’est la vie. »

Il n’y a pas de doute, Rucinsky est déçu d’avoir raté le Championnat mondial. Une question demeure toutefois en suspend. Sera-t-il de retour avec le HC Litvinov l’année prochaine? Le principal intéressé n’a toujours pas pris de décision à ce sujet.

« L’automne dernier, j’ai annoncé que c’était ma dernière saison. C’était sûr à 99 % que j’arrêtais. Après avoir gagné la Coupe, tout le monde s’est mis à me demander si j’allais revenir sur ma décision. Je dois l’avouer, je ne suis plus certain de mes plans pour l’année prochaine. Je vais voir dans les prochains mois si je me sens bien. Si je me sens d’attaque, je vais y retourner. Dans le cas contraire, je vais arrêter. Je ne suis pas pressé par le temps, alors je vais m’assurer de bien y penser pour prendre la bonne décision. »