(RDS) - A chaque année, le match des étoiles de la Ligue nationale de hockey et les activités qui s'y rattachent s'avèrent d'abord et avant tout un gros happening, une opération charme et un coup de marketing qui sert à vendre le hockey de la LNH. Gary Bettman et ses sbires cherchent à plaire aux commanditaires et aux fans tout en essayant subtilement de cacher les problèmes fondamentaux que vit la LNH. Mais mercredi soir, dans un chic gala mis de l'avant par l'Association des anciens joueurs de la LNH, Jean Beliveau a servi un avertissement très sérieux à Bettman et aussi aux joueurs...surtout aux joueurs.

Honoré en tant que personnalité de l'année chez les membres de l'Association des anciens joueurs de la LNH, l'ancien capitaine du Canadien prenait la parole en public pour la première fois depuis deux ans. Avec son calme et sa légendaire sagesse, Monsieur Béliveau a d'abord remercié ses comparses pour une telle nomination puis il lancé un message qui venait du fond de son coeur, un message que les personnalités jouissant d'un tel statut n'osent habituellement pas partager publiquement.

"J'estime que les anciens joueurs possèdent assez d'expérience pour que leurs opinions soient en mesure d'aider la LNH et l'Association des joueurs (NHLPA), a t-il d'abord avancé. Le hockey n'est pas qu'une question d'argent. La ligue se dirige lentement vers la saison 2004 et la négociation d'un nouveau contrat de travail. J'espère seulement que les deux parties impliquées pourront s'assurer que les prochaines négociations serviront le bien du hockey. Je dis ça après avoir passé près de 25 ans sur le conseil d'administration des Brasseries Molson et je sais pertinemment qu'il y a énormément d'argent d'impliqué dans les sports professionnels. Mais je crois que le but premier du hockey n'est pas de faire de l'argent", a lancé Monsieur Béliveau devant une salle muette et respectueuse.

Mais malheureusement, Gary Bettman n'était pas sur place pour ce discours réfléchi et plein de sens car l'orateur de la soirée devait par la suite servir un coup de jarnac à la LNH. " Il y a des problèmes à régler sur la glace. L'accrochage et l'obstruction ralentissent le jeu, ce qui empêche les joueurs talentueux de pouvoir s'exprimer. Il faut changer les règlements et l'arbitrage. Le hockey est le meilleur sport au monde à condition qu'il se ne soit pas une combinaison avec la WWF. Si on veut que le hockey de la LNH demeure excitant, il faut que les vedettes soient en mesure de démontrer leur immense talent", d'ajouter Monsieur Béliveau avant de quitter, on s'en doute, sous une salve d'applaudissements.

Très peu de journalistes ont eu le privilège d'être invités à cette soirée hommage. Seul reporter de Montréal a avoir accepté l'invitation de la LNH, j'étais assis aux côtés du collègue Michael Farber du magazine américain Sports Illustraded et, lorsque que Monsieur Béliveau a quitté la scène, nous étions tous deux impressionnés par ses propos, car de nos jours, la mode est aux clichés et il aurait été beaucoup plus facile de remercier gentillement tout le monde en récitant un texte vide de contenu. "Je pensais ce que j'ai dis. Ça faisait longtemps que je ne n'avais pas pris la parole en public et j'aurais aimé que mon discours soit un peu plus fluide. Mais ce que j'ai dis, il fallait que je le dise et c'est ce qui compte", de dire Monsieur Béliveau quelques minutes après son allocution.

Croisé à la fin de la soirée, le président du Canadien Pierre Boivin affichait un large sourire. Le hockey de la LNH est malade. Les équipes canadiennes sont à l'agonie. Les propos de Jean Béliveau trouveront échos auprès des propriétaires. "Demain on a un meeting du bureau des gouverneurs. Regarde ce que j'ai ici, de dire Monsieur le président en montrant le texte du discours de la soirée. Je vais faire des copies pour tout le monde et je vais les distribuer demain (vendredi). " Même si l'ancienne étoile du Canadien leur a lancé un sérieux avertissement quant à la qualité du produit, les propriétaires se retrouvent avec un allié de taille dans leurs rangs.

Espérons que les propos de Monsieur Béliveau feront réfléchir les décideurs influents...sauf que les joueurs dictés par Bob Goodenow vont probablement s'en foutre royalement. On verra bien d'ici deux ans si le spectacle offert dans la LNH aura progressé...mais pour vérifier cela, il faudra éviter grève et lock-out.