À l’automne 2014, les amateurs de hockey montréalais sont tombés rapidement en amour avec un Tchèque récemment atterri de la KHL. Jiri Sekac, un jeune ailier de 22 ans, a séduit les partisans du Club de hockey Canadien grâce à quelques bons matchs en début de saison. Il a même été l’une des six recrues à participer aux concours d’habiletés du Match des étoiles avant d’être échangé aux Ducks d’Anaheim.

Le passage de Sekac dans la LNH aura toutefois été de courte durée. Cet été, il est retourné dans le circuit eurasien.

« Je voulais avoir plus de temps de glace. En Amérique du Nord, je ne jouais pas souvent. Je suis encore jeune et j’ai besoin d’être actif pour continuer à progresser. »

Sekac est aujourd’hui un porte-couleur du Ak Bars de Kazan. Le club a fait l’acquisition de ses droits en date du 1er juillet 2014, bien avant son passage au circuit Bettman. Cet achat a bizarrement créé la panique à Montréal quatre mois plus tard après la création de toute pièce d’une fausse primeur liée à sa présence régulière sur la galerie de la presse durant les matchs du Tricolore. Le principal intéressé nie toutefois toute tentative de retour en Europe durant cette période.

« Il n’a jamais été question de mettre fin à mon entente avec le Canadien. J’ai signé un contrat de deux ans dans le but de m’implanter dans cette ligue. L’objectif a toujours été de jouer deux saisons complètes en Amérique du Nord et de faire un bilan après la fin du contrat. »

En fait, Sekac n’a jamais demandé de transaction. Les évènements se sont imposés au Tchèque et il a dû vivre avec la décision de la direction.

« J’adorais jouer à Montréal. J’ai savouré chaque moment sur la glace du Centre Bell. Ce n’est pas pour rien que j’ai choisi ce club. Je savais que ce serait magique à Montréal. Dans la LNH, on ne te demande pas la permission avant de t’échanger. Je n’ai pas eu mon mot à dire dans tout cela. J’ai dû accepter cette transaction et passer à autre chose. »

Après Montréal, Sekac a fait beaucoup de millage. Il a terminé sa première saison à Anaheim, mais il joué dans trois clubs différents durant sa deuxième année de contrat. Après 22 matchs avec les Ducks, il a été échangé aux Blackhawks de Chicago avant d’être réclamé au ballottage par les Coyotes de Phoenix. L’ancien du Canadien affirme toutefois que ce voyagement n’a pas terni son passage dans la LNH.

« Ça n’a pas toujours été facile, mais j’ai aussi eu beaucoup de plaisir à jouer dans la Ligue nationale. J’ai un peu plus de 100 matchs à ma fiche dans le circuit et la majorité d’entre eux ont été très plaisants. J’ai pu y tester la LNH et, maintenant, je sais ce que c’est d’y jouer. »

Le Tchèque n’est plus dans la LNH, mais il n’en est pas nostalgique. Au sein du Ak Bars de Kazan, il goûte aussi aux ligues majeures. Situé en plein cœur du Tatarstan, ce club est un des plus riches de la KHL. Sekac sait depuis longtemps qu’il y est le bienvenu.

« AK Bars est un club très bien structuré et il était déterminé à me ramener dans la KHL. Durant mon séjour dans la LNH, les dirigeants du club m’ont souvent contacté pour savoir si j’avais de l’intérêt pour jouer pour eu. Lorsque je suis devenu joueur autonome, je n’ai pas hésité à accepter leur offre. »

Kazan, une ville de hockey

Le Ak Bars n’est pas seulement un club riche et bien organisé. Il est aussi un club émérite en Russie. Le club a remporté le Championnat de Russie en 1998 et en 2006 avant d’être sacré champion de la Coupe Gagarine lors des deux premières saisons de la KHL. Sekac est content d’évoluer pour un club très prestigieux.

« Nous avons toujours de bonnes foules à nos matchs et il est impossible de passer à côté de la riche histoire du club lorsqu’on vit dans cette ville. Nous avons notre propre centre d’entraînement et on n’y voit toutes les décorations remportées par l’équipe. Ak Bars, c’est loin d’être un club comme les autres. »

Subventionné par la compagnie de pétrole Tatneft depuis plusieurs années, le club a joui d’une stabilité financière exceptionnelle. Le club a donc la capacité de signer des contrats à long terme avec ses joueurs vedettes ainsi qu’avec son personnel d’entraineurs.

Zinetoula BilialetdinovLe meilleur exemple est l’entraîneur-chef de l’équipe, Zinetoula Bilialetdinov. Membre émérite de l’équipe nationale soviétique durant les années 70 et 80, l’ancien défenseur du Dinamo de Moscou a tout raflé sur la scène internationale. Le Moscovite de 61 ans a remporté une médaille d’or olympique à Sarajevo en 1984, Coupe Canada en 1981 et six médailles d’or aux Championnats mondiaux. Toujours non rassasié, Bilialetdinov s’est recyclé en entraîneur, dès 1988, après avoir pris une saison de repos. Sekac est fier de jouer sous sa direction.

« C’est un entraineur extraordinaire. Il connaît très bien le hockey et il est juste. Lorsqu’on livre la marchandise, on reçoit le temps de glace qu’on mérite. C’est plaisant de jouer sous sa direction, car c’est un entraineur très expérimenté. Il a travaillé dans toutes les ligues importantes. Il a même dirigé dans la LNH. »

À l’automne de 1993, après quatre saisons au sein du personnel d’entraineur du Dinamo de Moscou, Bilialetdinov passe au Jets de Winnipeg pour y travailler avec John Paddock. Après le licenciement de ce dernier, le Russe porte main forte à Kevin McCarthy au sein des Falcons de Springfield dans la Ligue américaine durant la saison 1995-96. Il rejoint les Coyotes de Phoenix la saison suivante.

Zinetoula Bilialetdinov retourne occuper le poste d’entraîneur-chef avec le Dinamo en 1997. C’est avec son ancienne équipe qu’il remporte son premier championnat de Russie à titre d’entraineur au printemps de l’an 2000. C’est toutefois à la barre du Ak Bars qu’il fera sa marque. Il y remporte un deuxième championnat national et deux coupes Gagarine en cinq saisons. Après un passage peu fructueux comme dirigeant de l’équipe nationale russe, le vieux routier est revenu à Kazan et il a bien l’intention d’y remporter un troisième titre de la KHL. Sur ce point, Sekac est sur la même longueur d’onde que son patron.

« Ici, chaque année, l’objectif c’est d’être sacré champion. Nous sommes déjà certains de jouer en séries éliminatoires et il faut maintenant se préparer pour y entrer en force. Dans mon cas, la dernière fois où j’ai joué dans les séries éliminatoires de la Coupe Gagarine, je suis passé à un match de la remporter. Je ne veux donc pas rater mon coup cette année. »

C’est certainement l’aspect le plus bizarre de la carrière de Jiri Sekac. Lorsque les éclaireurs du Canadien ont jeté leur dévolu sur le Tchèque, c’est après l’avoir vu jouer en finale de la Coupe Gagarine. Dix semaines après s’être incliné devant le Metallurg de Magnitorsk de Mike Keenan lors du septième match de la finale, le Lev de Prague s’est dissout sans laisser de trace. L’ancien du Canadien est certes heureux à Kazan, mais il demeure toutefois nostalgique lorsqu’on parle de son premier club dans la KHL.

« Ma dernière saison à Prague, ça a été la meilleure de ma carrière. J’étais à la maison et nous avons eu énormément de succès. Je ne vois pas comment on peut vivre quelque chose d’aussi génial lorsqu’on joue au hockey. Au sein du Lev, tout était parfait et c’est triste que cette aventure se soit terminée comme cela. »

En 40 joutes cette saison, Jiri Sekac a compté 12 buts et il récolté 14 aides pour produire 26 points. Dans la LNH, le Tchèque a marqué à 10 occasions et il a amassé 19 passes pour cumuler 29 points en 108 joutes.