C'était la cohue aux bancs des joueurs depuis la matinée.

En compagnie des reporters des autres réseaux de télévision, nous devions faire la navette ente la patinoire et le vestiaire pour faire les entrevues avec les joueurs lors des concours d'habiletés du week-end des étoiles…

À un certain moment, je prends une petite pause de cinq minutes et je me dirige juste à côté du vestiaire du Canadien où des sièges sont alignés. Les joueurs se promènent librement. Des joueurs de l'Association de l'Ouest semblent envier ceux de l'Est qui occupent le vestiaire du Canadien. Ils entrent dans « la chambre » et scrutent les lieux.

Tout sourire, Alex Kovalev arpente le corridor menant au vestiaire. Il a l'air heureux. Lui, d'ordinaire si sérieux, si responsable, si concentré, affiche des yeux rieurs. Il me fait un signe de la tête et entre dans le vestiaire. Une fraction de seconde plus tard, il fait un pas en arrière, me regarde et dit « ça va? ». L'Artiste avait le goût de jaser!

J'ai eu l'occasion d'interviewer Kovalev à maintes reprises depuis qu'il joue avec le Canadien mais ce n'est pas le genre de joueur avec qui tu discutes spontanément de tout et de rien mais lorsqu'il est dans son « élément », ça lui arrive. Je me rappelle, une fois au Minnesota, Pierre, Yvon et moi étions assis au banc des joueurs à la fin d'un entraînement de l'équipe lorsque nous admirions le 27 faire ses trucs de magie sur la patinoire. Il enseignait sa technique aux jeunes de l'équipe qui n'arrivaient pas à le suivre; même Tomas Plekanec avait beaucoup de mal à imiter son coéquipier et riait de bon cœur après quelques tentatives infructueuses.

Nous étions emballés et nous rigolions de la situation. Kovalev s'est alors approché de nous pour nous demander de le mettre au défi. « Qu'est-ce que vous aimeriez voir? » Nous sommes alors entré dans son jeu avec plaisir, lui demandant d'exécuter des prouesses que lui seul peut faire dans cette équipe. Ce dix minutes dont nous avons été témoin, valait le prix d'un billet de match. Du Kovalev à son mieux.

Lors du week-end des étoiles, il était motivé au maximum. Il voulait démontrer aux autres étoiles que personne ne lui arracherait le titre de joueur par excellence devant ses partisans. Il a tenu parole. Si on fait exception de l'an passé où il a amassé 84 points en 82 matchs, Kovalev avait connu sa meilleure campagne avec les Penguins en 2001-2002 alors qu'il avait pris les choses en main en raison de l'absence de Mario Lemieux. Kovy avait récolté 76 points en 67 matchs pour terminer au premier rang des marqueurs de l'équipe pendant que le 66 ne disputait que 24 matches en raison de blessures à une hanche et au dos. Alex Kovalev est un athlète fier. C'est lorsqu'il a des responsabilités qu'il est à son mieux, qu'il gonfle ses statistiques et qu'il fait gagner son équipe.

Après avoir participé au concours des échappées, Kovalev était un peu déçu car il n'avait pas réussi à exécuter parfaitement ce qu'il avait en tête. «Je voulais tellement plaire aux partisans… » m'a-t-il confié sans finir sa phrase…L'Artiste n'a pas à s'en faire, les partisans sont déjà conquis!

Tout ce que l'organisation du Canadien souhaite maintenant c'est que son joueur étoile soit assez heureux d'ici la fin de la saison pour mener l'équipe au sommet!