Champion de la coupe Memorial avec le Canadien Jr en 1957-58. Champion de la coupe Stanley avec le Canadien, pour qui il a joué de 1960-61 à 69-70. Médaillé d'argent avec l'équipe du Canada aux Jeux olympiques de 1960 à Squaw Valley en Californie. Vainqueur du trophée Calder accordé à la meilleure recrue de la saison dans la Ligue Nationale en 1961-62 avec le Canadien.

Performance étincelante de cinq buts contre Roger Crozier des Red Wings de Detroit au Forum le 1er février 1964. Tir de pénalité réussi contre Bruce Campbell des Bruins de Boston au Forum et ce sur un lancer décoché un peu en dedans de la ligne bleue.

Lequel de ces exploits a procuré la plus grande sensation à Bob Rousseau?

"Il n'est pas dans ta liste, Jaypee. C'est quand j'ai réussi un Albatros, soit deux coups sur une normale cinq d'une distance de 495 verges avec un fer 4 au club Flamingo de Naples en Floride, il y a certainement une quinzaine d'années, sinon plus", répond-il avec un sourire de grande satisfaction. On savait que Bob était un golfeur émérite, mais caler sa balle en deux coups sur une normale cinq dépasse presque la réalité. Faut le faire.

"Des témoins Bob?"

"Demande à Huguette, ma femme. Dommage, les autres ne sont plus de ce monde", dit-il.

Des fleurs de Radio-Canada

C'est naturellement au hockey que Bob s'est fait le plus remarqué.

"J'ai gradué avec le Canadien en 1960-61, mais pour seulement 15 parties. J'ai été le dernier joueur de centre de Maurice Richard, mais dans des circonstances assez spéciales et dont je me souviendrai toujours. C'était lors d'une séance d'entraînement à l'automne de 1960. Je formais un trio avec Maurice et Guy Black et nous avions marqué neuf buts ce matin-là. Le Rocket, pour sa part, en avait mis quatre dedans je crois. Puis, avant la fin de la journée, une bombe éclata quand Maurice annonça sa retraite. C'est Frank Selke, le directeur général, qui l'avait persuadé d'accrocher, suite aux nombreuses blessures subies précédemment", de raconter Bob.

Rousseau, né à Montréal mais élevé à St-Hyacinthe, a vécu une grande sensation quand il a savouré sa première coupe Stanley avec le Canadien. "La première est toujours spéciale. Mais je me souviendrai toujours de ma soirée de cinq buts contre Detroit au Forum il y aura 46 ans le premier février. C'était la première fois qu'on montrait les reprises à 'La soirée du hockey' à Radio-Canada. Les gars étaient tellement contents, qu'ils m'avaient fait parvenir une gerbe de fleurs en guise d'appréciation. Bien sûr, j'avais donné une rose à mes deux compagnons de ligne ce soir-là, Jean Béliveau et Gilles Tremblay", de souligner Robert.

120$ par semaine aux Olympiques

Représenter le Canada aux Jeux olympiques fut une expérience qui en valait la peine.

"Je n'avais que 19 ans, dit-il. Je jouais pour le Canadien Junior, mais j'avais été rappelé, avec Cliff Pennington et un certain défenseur, par les représentants du Canada, les Dutchmen de Kitchener-Waterloo, gagnants de la coupe Allen, emblème du championnat senior amateur canadien. Les règlements permettaient l'ajout des trois meilleurs juniors au pays sur l'équipe canadienne."

"Nous avions battu les Russes 7-3 en cours de route, mais perdu 2-1 en finale contre les Américains, grâce à la tenue sensationnelle du gardien Jack McCartan, qui a ensuite signé avec les Rangers. Je n'ai pas tellement joué dans ce tournoi, car l'entraîneur Bobby Bauer, ancien membre de la fameuse ligne 'Choucroute' avec Milt Schmidt et Woodie Dumart chez les Bruins de Boston jadis, voulait gagner avec ses propres joueurs."

"Tout de même ce fut une expérience enrichissante. J'ai touché 120$ par semaine pour mon voyage, toutes dépenses payées, et j'ai encore ma médaille d'argent, qui vaut de l'or à mes yeux. Comme il y a des hauts et des bas dans la vie, j'ai connu les moments les plus tristes de ma carrière en 1970 quand le Canadien m'a échangé aux North Stars du Minnesota, avec Ted Harris contre Claude Larose. Ce fut l'enfer au Minnesota, où le directeur général Wren Blair et l'entraîneur Jack Gordon étaient continuellement à couteaux tirés."

"J'ai retrouvé le goût de jouer quand je fus échangé aux Rangers contre Bob Nevin. Le patron, Émile Francis, m'avait accueilli à bras ouvert. Malheureusement, j'ai dû prendre ma retraite peu de temps après à cause de maux de dos persistants. C'est là que le golf est devenu non seulement mon passe-temps favori, mais également mon gagne-pain."

Bob a commencé à s'intéresser au golf à 16 ans, avec ses frères, Guy, qui a obtenu une passe sur le 400e but du Rocket, Rolland, Gilles et Jean. Il a été professionnel à Joliette en 1964-65, à Bromont de 1975 à 1978 et sept ans à Sorel. Aujourd'hui il est propriétaire du club Louiseville depuis 1986 et du club Grand ‘Mère depuis huit ans.

"Disons que je suis à la semi-retraite. Mon fils Pierre, diplômé comme agronome de l'université de Guelph en Ontario, s'occupe des clubs de golf et je passe mes moments de loisirs à jouer au golf et à faire de la peinture à l'huile", conclut-il.

Robert Rousseau planifie de passer les prochaines semaines en Floride. L'histoire ne dit pas si son sac de golf sera accompagné de son capot de chat sauvage et celui d'Huguette de son manteau de vison.

Bon séjour Bob.