Il faudra éventuellement, lorsqu'il aura mis de l'ordre dans son entreprise et ça, on ne sait pas encore s'il en a les capacités, que Gary Bettman sorte de son bureau au cœur de Manhattan et réalise que l'avenir de la Ligue nationale passe par l'Europe.

Qu'il s'agit d'une destination incontournable.

Le président René Fasel, de la Fédération internationale de hockey sur glace, un administrateur que j'ai rencontré en quelques occasions et qui n'a jamais craint d'émettre ses opinions, croit que les propriétaires de la LNH devront étudier attentivement les possibilités qui s'offrent au marché du hockey professionnel.

On y retrouve des villes qui ont des affinités avec le hockey. Des villes qui ont une histoire reliée à ce sport. Bettman et les propriétaires devront saisir l'occasion qui se présente pour élargir les horizons. La ligue veut un système économique à toute épreuve alors c'est le moment d'envahir le marché européen. Droits de télé, l'Euro, une devise forte, des villes qui comptent sur des milliers d'amateurs, bref, tout est en place. Il suffit maintenant que les propriétaires américains ouvrent les yeux. Il suffit que les propriétaires canadiens y voient une occasion d'affaires exceptionnelle. Il suffit de dire à Bettman que les Etats-Unis ne constituent plus l'avenir du hockey.

Que toutes les options ont été épuisées chez les Américains.

Que des villes comme Nashville, Floride, Caroline, Anaheim, Washington n'ont aucune chance de réussite. Que Pittsburgh n'a toujours pas d'amphithéâtre pour permettre à Mario Lemieux de récupérer l'argent que cette concession lui doit depuis plus de cinq ans. C'est le moment pour Bettman d'enlever son chapeau d'Américain borné et de penser à franchir la frontière européenne.

L'Europe s'avère la planche de salut du hockey de la Ligue nationale quand les activités s'ébranleront à nouveau dans deux mois, dans un an, dans deux ans, enfin quand les propriétaires et les joueurs auront mis fin à une dispute ridicule, insensée. Les Américains ont déjà tourné le dos au sport du hockey, par conséquent, il n'est pas certain qu'ils se bousculeront aux tourniquets à la reprise des activités, déjà qu'avant le conflit, ils manifestaient un intérêt de plus en plus mitigé.

Qu'on tente l'expérience, une expérience de 32 formations avec quatre divisions de huit équipes.

CANADA/USA EUROPE USA (est) USA (ouest)
MONTREAL Moscou Boston Dallas
Ottawa Prague New York (R) St. Louis
Toronto Helsinki New York (I) Chicago
Calgary Stockholm New Jersey Colorado
Edmonton Zurich Atlanta Minnesota
Vancouver Berlin Columbus Phoenix
Detroit Londres Philadelphie Los Angeles
Buffalo Oslo Tampa San Jose

Pourquoi Detroit et Buffalo dans la division canadienne? Parce que ce sont deux villes qui profitent du marché canadien étant collées sur la frontière. Plusieurs résidents de Windsor ont des abonnements saisonniers au Joe Louis Arena. Et une grosse partie du marché des Sabres provient du territoire de Niagara Falls, St. Catharines et même Hamilton.

Autre point, la question du transport ne représente plus un obstacle de nos jours. Y a-t-il vraiment une différence entre Montréal et Londres et Montréal et Vancouver?

Je reconnais que 32 formations, c'est beaucoup. Déjà qu'on souhaiterait qu'il y ait moins d'équipes dans la Ligue nationale mais pour jeter les premières bases d'une telle ligue, il faut faire des compromis et profiter aussi des villes qui ont des stades modernes.

C'est peut-être l'unique moyen pour le hockey professionnel d'atteindre la même notoriété que le baseball, le football et le basketball. Les grandes chaînes de la télévision américaine y verrait un intérêt particulier, notamment au niveau international mais également et surtout au niveau des commanditaires.

Ça fait 10 ans que le marché européen est à la portée de Bettman mais il n'y a jamais cru. Peut-être devra-t-il reconnaître un jour qu'il s'agit d'une destination incontournable. A moins que les Européens décident de former leur propre ligue professionnelle