MONTRÉAL – Dominic Talbot-Tassi a connu une carrière junior plus qu’honnête. Comme défenseur, il a livré une saison de 42 points à l’âge de 19 ans, puis une autre de 52 points comme quart-arrière des Wildcats de Moncton à sa dernière année d’admissibilité.

Ses habiletés offensives ne lui ont toutefois jamais valu plus qu’un coup d’œil de la part des évaluateurs de talent qui scrutent la Ligue de hockey junior majeur du Québec. Il n’a été ni repêché, ni courtisé comme joueur autonome, ni même invité à un camp de développement par une organisation de la Ligue nationale.

« Je n’ai pas été le genre de joueur qui a eu un parcours flamboyant, approuve le jeune homme de 26 ans. J’ai toujours été coupé à ma première saison pee-wee, bantam, midget. La petite déception, je l’ai connue assez tôt dans ma carrière de hockey, ça fait que rendu dans le junior, ce n’était même plus des déceptions. Même si je faisais quand même beaucoup de points, c’était juste normal pour moi de ne plus être invité. J’ai fait la paix avec ça assez tôt dans ma carrière. »

Mais pour Talbot-Tassi, acceptation n’était pas synonyme de résignation. Son ambition a toujours été de jouer au hockey professionnel et l’héritage qu’il a laissé derrière lui avec la conclusion de sa cinquième saison à l’Université McGill devrait lui donner une carte de visite convaincante.

Entre son arrivée sur le campus montréalais en 2015 et l’élimination crève-cœur des Rouges en première ronde des séries il y a un peu plus d’une semaine, celui qu’on surnomme « Tass » est devenu l’homme de fer du programme en disputant 140 matchs consécutifs en saison régulière. Il a accumulé 135 points durant cette période, une récolte record pour un défenseur dans l’histoire plus que centenaire de l’organisation.

« Je suis un joueur qui analyse beaucoup et qui a tendance des fois à trop penser, décrit celui qui a dominé la colonne des pointeurs de son équipe avec 24 points en 28 matchs cette saison. Je pense qu’à McGill, ce qui m’a permis d’avoir du succès, c’est la façon dont les vétérans m’ont accueilli. Quand je suis arrivé à ma première saison, on m’a mis sur le jeu de puissance et au lieu de sentir de la jalousie, tous les vétérans m’encourageaient et me disaient de m’amuser. Je sentais tellement d’entraide que je me laissais aller sur la glace et je ne pensais pas aux erreurs que je faisais. C’est vraiment là que ça a commencé. Ça m’a encouragé à jouer ma game. Après ça, une fois que la confiance est là, tout est réalisable. »

Au niveau universitaire, l’arrière de 5 pieds 9 pouces a donc renoué avec la camaraderie qui est pour lui l’essence même du sport.

« Dans le junior, tout le monde est un peu en compétition, que ce soit pour se faire repêcher ou autre chose. C’est plus individualiste comme mentalité. Quand je suis rentré à McGill, je demandais à des gars ce qu’ils visaient comme carrière dans le hockey et ils partaient à rire. Ils avaient déjà une job en sortant et continuaient à jouer juste pour le fun de gagner. Il y a des gars qui ne comptaient pas un seul but de la saison et ça ne paraissait pas. Ils étaient juste fiers qu’on gagne et je sentais zéro compétition dans l’équipe. »

Talbot-Tassi se sent maintenant prêt à retourner dans la jungle où règne la loi du plus fort. Depuis la fin de la saison, il a utilisé ses contacts pour explorer quelques options du côté de la ECHL. Il a finalement décidé de prioriser ses études – il termine un baccalauréat en génie minier – mais entend reprendre ses recherches une fois qu’il aura son diplôme en main.

L’Europe est dans son viseur et un pays comme l’Autriche, où son passeport italien pourrait lui ouvrir des portes, se profile comme une terre accueillante attirante. Le défenseur Samuel Labrecque, l’un des vétérans qui l’a encadré à son arrivée à McGill, est passé par là et pourrait lui servir une fois de plus de mentor dans la prochaine étape de son parcours.

« Si j’étais capable de jouer encore avec lui, je ne dirais pas non », rêvasse Talbot-Tassi.