(RDS) - Bonne semaine chers internautes. Comme vous le savez probablement, Nancy Drolet ne participera pas aux prochains Jeux olympiques de Salt Lake City puisqu'elle a été retranchée de l'équipe canadienne lundi soir. Drolet était avec nous depuis 1992. Pourquoi avoir apporté un changement?

Suite à l'analyse des récentes performances de notre équipe,.nous avons décidé qu'un changement apporterait plus d'offensive à l'équipe. Malheureusement, une décision de la sorte n'est certainement pas facile à prendre lorsque l'on pense a l'athlète et à sa famille; Nancy est une bonne personne et elle a toujours bien représenté le hockey féminin. Elle demeure au sein de notre programme.

Petit rappel historique

Lors de la première participation de l'équipe masculine du Canada aux Jeux olympiques de Belgique en 1920, le Canada a récolté 27 buts en trois matchs pour remporter l'or contre la Suède lors de la finale. Les pointages lors du tournoi furent : 15-0 contre la République tchèque, 2-0 contre les États-Unis et 12-1 contre la Suède. Le tournoi olympique comptait alors sept équipes.

L'histoire s'est répétée lors des Jeux de Chamonix en France. Le Canada remporte à nouveau l'or avec une nette domination de 132-3 au chapitre des buts comptés en six matchs. Le pointage le plus élevé fut de 30-0 sur la République tchèque lors du tournoi à la ronde. Il a fallu plus de 28 ans pour que les amateurs assistent à un tournoi plus compétitif entre les six premières équipes.

Je ne crois que ça va prendre autant de temps, soit environ 28 ans, pour que le hockey féminin soit compétitif; c'est-à-dire avec six à huit équipes capables de batailler pour une première place. Oui, le Canada et les États-Unis sont dans une classe à part, mais il y a entre six et huit pays qui se livrent une chaude lutte. Si on enlevait le Canada et les États-Unis, la compétition serait égale. Maintenant, il faut s'assurer que ces pays nous rattrapent. Si la Russie, la Suède et la Finlande poursuivent dans la même direction (à mettre les ressources nécessaires comme c'est le cas actuellement), je crois que, dans huit ou dix ans, ces pays nous auront rattrapés comme l'ont déjà fait les États-Unis.

Mentalités différentes

Certaines personnes se demandent pourquoi les autres nations traînent de la patte comparativement au Canada et aux États-Unis au hockey féminin. On pourrait expliquer la situation par un mélange de facteurs : l'argent, les ressources et les croyances. Dans certains pays du globe, le sport féminin n'a pas la même importance que le sport masculin, et plus particulièrement le hockey qui est un sport pratiqué exclusivement par les hommes depuis des lustres. Pour cette raison, le sport féminin est souvent sous-financé. Changer les mentalités dans certains pays requiert souvent plus de temps ailleurs. Ici, 60 000 femmes pratiquent le hockey féminin, ce qui n'est pas le cas dans d'autres pays. Ici, la compétition est bonne, les médias s'intéressent au sport, les fédérations sportives nous supportent, Sport Canada croit en nous... ça aide énormément à développer le sport.

À la base, pour développer le hockey féminin, il faut vendre l'intérêt pour le sport. C'est exactement ce que nous faisons quand nous jouons en Europe dans des petites communautés. Plus les jeunes femmes sauront que le hockey féminin existe, mieux ce sera pour le sport, car elles voudront y participer. Cela créera des demandes et des attentes (financières) auprès des associations sportives... c'est une roue qui tourne. Je sens que l'intérêt pour le sport progresse depuis quelques années. Cette année, pour la toute première fois, un match de hockey féminin a été télévisé en Finlande... c'est vraiment un bon signe.

Sport crédible

Je crois que la crédibilité du sport est là. Les gens aiment voir les États-Unis et le Canada jouer. Dernièrement, nous avons effectué une tournée avec les Russes et les gens ont adoré le spectacle. Ils ont été surpris, car le hockey féminin ressemble beaucoup au hockey européen : beaucoup de mouvements de rondelle, beaucoup de stratégie, moins de lancers mais plus de finesse. Pour maintenir l'intérêt, il faut augmenter la compétition au niveau mondial. Les amateurs voudraient voir plus de pays se battre pour l'obtention de l'or.

Pour être compétitifs sur la scène mondiale, des pays comme le Kazakhstan, la France, le Japon et la Chine devront développer des structures internes pour s'assurer que la compétition soit forte à l'intérieur même du pays. Ici, les filles ont régulièrement la chance de jouer contre des équipes de forces égales. Alors que dans d'autres pays, ils ont peu de bonnes équipes... ça devient dur de développer un bon produit dans ces circonstances. Une des missions du Canada et des États-Unis est de permettre à ces équipes d'évoluer en Amérique du Nord le plus souvent possible lors de tournois. Il faut également les accueillir au sein des circuits universitaires ou au sein de la Ligue nationale de hockey féminin regroupant sept équipes de l'Ontario et du Québec.

Je sens que la volonté de développer le hockey féminin dans les autres pays est de plus en plus présente; ils sont en quelque sorte "jaloux" des succès du Canada et des États-Unis et ils voudraient également gagner une tonne de médailles sur la scène internationale. Nous devons dont continuer à influencer positivement les autres nations.

*Propos recueillis par Sylvain Leclerc.