L'oncle Bob n'a pas prié assez fort
Tampa Bay Lightning lundi, 19 janv. 2009. 21:48 samedi, 14 déc. 2024. 14:31
La famille s'était réunie, il y a 17 ans, pour célébrer le 80e anniversaire de naissance de l'oncle Bob, l'époux de la soeur de ma mère, tante Germaine. J'ai toujours eu beaucoup de respect pour eux, car ils m'ont élevé dans ma tendre enfance, lorsque je devins orphelin.
C'est donc le char plein de cadeaux que mon oncle devait mettre le cap sur St. Petersburg, Floride, le lendemain matin de sa fête, accompagné évidemment de sa tendre moitié. Depuis sa retraite comme fonctionnaire de la Ville de Montréal, Rolland Bob Alarie, de son vrai nom, passait ses hivers en Floride, tel que planifié en pré-retraite.
Gérant d'estrade
Bob n'était pas nécessairement le plus grand sportif sur terre. Non. Il avait d'autres priorités, mais il s'intéressait à la scène sportive et surtout au Canadien et aux Expos dans le temps. Comme tout le monde. Son idole était naturellement le Rocket, telle la majorité des partisans du Tricolore.
Quand les Expos disputaient des parties préparatoires aux Mets de New York ou aux Cardinals de St. Louis, qui s'entraînaient tous deux à St. Pete à l'époque, je me faisais un devoir, à titre de chroniqueur de baseball pour "Montréal Matin", de l'inviter aux matchs avec ses amis. Il insistait pour rencontrer le gérant du temps, Dick Williams, et quelques joueurs dans le vestiaire. Bob se permettait même de jouer aux gérants d'estrades et de "second guesser", soit mettre en doute certaines décisions pertinentes du pilote. Un autre "Rodger Brulotte", quoi. Il était donc légitime que je lui fasse un cadeau pour ses 80 ans, avant son départ pour la Floride.
J'eus soudainement une idée lumineuse. Un flash. Ça arrive parfois. Pourquoi ne pas lui offrir en cadeau, deux billets pour la prochaine visite du Canadien en Floride contre le Lightning de Tampa Bay. Je suis persuadé qu'il serait très heureux, lui un partisan du Canadien depuis sa tendre enfance.
Une agréable surprise de Serge Savard
Le Lightning disputait alors ses parties locales au stade de baseball couvert de St. Petersburg et avait déjà établi un record de la Ligue nationale en attirant une foule de plus de 23 000 spectateurs pour un match disputé à l'intérieur. Et cet amphithéâtre était situé à quelques pas de la résidence de Bob.
Par l'entremise de Serge Savard, alors directeur général du Tricolore et un ami de longue date, j'avais réussi à obtenir deux billets pour le prochain match des Glorieux à St. Petersburg en mars.
Alors c'est avec joie et empressement que Bob s'était rendu à l'hôtel du Canadien, en matinée, pour y rencontrer Savard et mettre la main sur les précieux billets. Des rouges en arrière du banc de la Sainte Flanelle.
-- C'est combien Monsieur Savard ?
-- C'est votre cadeau de fête. J'espère que vous apprécierez votre soirée et que le Canadien va jouer un bon match. Au fait, Monsieur Alarie, vous saluerez votre neveu.
-- Je n'oublierai pas. Merci, Monsieur Savard.
"Wow"! Et le soir venu, c'est avec orgueil et fierté - de sa loge royale - qu'il saluait ses amis québécois éparpillés un peu partout dans le "pit". Après le match, Bob avait eu accès au vestiaire du Tricolore, invité de Serge, et avait rencontré quelques joueurs. Il est finalement rentré chez-lui, heureux comme un poisson dans l'eau. "C'est le plus beau cadeau de ma vie" avait-il confié à ses compatriotes qu'il revoyait quotidiennement au club de "shuffle board" "Mirror Lake Club".
Des remerciements
Le lendemain du match en question, je recevais un appel interurbain de la Floride. C'était mon oncle Bob, qui tenait à me remercier pour cette inoubliable soirée.
"Ce fut une soirée inimaginable. Très agréable. Serge Savard s'est comporté comme un monsieur avec un "M" majuscule. Il a été d'une grande courtoisie. Nous avions d'excellents sièges et j'en ai profité pour me moquer de mes amis. En plus, on a gagné. Quelle soirée", conclut-il.
-- Mon oncle, J'ai le "Matin" devant moi. Vous faites erreur, ou il y a confusion. Le Canadien n'a pas nécessairement mal joué, mais a bel et bien perdu, 3-2. Auriez-vous trop fêté?
-- Non. Je n'ai pas trop fêté. Je ne fais pas d'erreur. Nous avons gagné, nous autres. Tous les Québécois qui passent l'hiver dans le coin encouragent le Lightning. Notre équipe. A la prochaine mon neveu.
Puis il raccrocha.
Je pense qu'il y avait exagération, car plusieurs Québécois qui passent l'hiver en Floride souhaitent une victoire du Canadien quand l'équipe montréalaise joue contre les Panthers ou le Lightning. À moins que les Maple Leafs de Toronto soient les visiteurs à Sunrise ou à Tampa.
Toujours est-il que l'oncle Bob a rendu l'âme huit ans plus tard à l'âge de 88 ans. Si le Lightning se retrouve dans une situation aussi précaire aujourd'hui, c'est peut-être que son partisan d'un soir n'a pas prié assez fort là haut pour son bien être. Ou Bob est-il trop occupé à prier pour que le Canadien gagne enfin une 25e coupe Stanley ?
Plausible. Fort plausible.
C'est donc le char plein de cadeaux que mon oncle devait mettre le cap sur St. Petersburg, Floride, le lendemain matin de sa fête, accompagné évidemment de sa tendre moitié. Depuis sa retraite comme fonctionnaire de la Ville de Montréal, Rolland Bob Alarie, de son vrai nom, passait ses hivers en Floride, tel que planifié en pré-retraite.
Gérant d'estrade
Bob n'était pas nécessairement le plus grand sportif sur terre. Non. Il avait d'autres priorités, mais il s'intéressait à la scène sportive et surtout au Canadien et aux Expos dans le temps. Comme tout le monde. Son idole était naturellement le Rocket, telle la majorité des partisans du Tricolore.
Quand les Expos disputaient des parties préparatoires aux Mets de New York ou aux Cardinals de St. Louis, qui s'entraînaient tous deux à St. Pete à l'époque, je me faisais un devoir, à titre de chroniqueur de baseball pour "Montréal Matin", de l'inviter aux matchs avec ses amis. Il insistait pour rencontrer le gérant du temps, Dick Williams, et quelques joueurs dans le vestiaire. Bob se permettait même de jouer aux gérants d'estrades et de "second guesser", soit mettre en doute certaines décisions pertinentes du pilote. Un autre "Rodger Brulotte", quoi. Il était donc légitime que je lui fasse un cadeau pour ses 80 ans, avant son départ pour la Floride.
J'eus soudainement une idée lumineuse. Un flash. Ça arrive parfois. Pourquoi ne pas lui offrir en cadeau, deux billets pour la prochaine visite du Canadien en Floride contre le Lightning de Tampa Bay. Je suis persuadé qu'il serait très heureux, lui un partisan du Canadien depuis sa tendre enfance.
Une agréable surprise de Serge Savard
Le Lightning disputait alors ses parties locales au stade de baseball couvert de St. Petersburg et avait déjà établi un record de la Ligue nationale en attirant une foule de plus de 23 000 spectateurs pour un match disputé à l'intérieur. Et cet amphithéâtre était situé à quelques pas de la résidence de Bob.
Par l'entremise de Serge Savard, alors directeur général du Tricolore et un ami de longue date, j'avais réussi à obtenir deux billets pour le prochain match des Glorieux à St. Petersburg en mars.
Alors c'est avec joie et empressement que Bob s'était rendu à l'hôtel du Canadien, en matinée, pour y rencontrer Savard et mettre la main sur les précieux billets. Des rouges en arrière du banc de la Sainte Flanelle.
-- C'est combien Monsieur Savard ?
-- C'est votre cadeau de fête. J'espère que vous apprécierez votre soirée et que le Canadien va jouer un bon match. Au fait, Monsieur Alarie, vous saluerez votre neveu.
-- Je n'oublierai pas. Merci, Monsieur Savard.
"Wow"! Et le soir venu, c'est avec orgueil et fierté - de sa loge royale - qu'il saluait ses amis québécois éparpillés un peu partout dans le "pit". Après le match, Bob avait eu accès au vestiaire du Tricolore, invité de Serge, et avait rencontré quelques joueurs. Il est finalement rentré chez-lui, heureux comme un poisson dans l'eau. "C'est le plus beau cadeau de ma vie" avait-il confié à ses compatriotes qu'il revoyait quotidiennement au club de "shuffle board" "Mirror Lake Club".
Des remerciements
Le lendemain du match en question, je recevais un appel interurbain de la Floride. C'était mon oncle Bob, qui tenait à me remercier pour cette inoubliable soirée.
"Ce fut une soirée inimaginable. Très agréable. Serge Savard s'est comporté comme un monsieur avec un "M" majuscule. Il a été d'une grande courtoisie. Nous avions d'excellents sièges et j'en ai profité pour me moquer de mes amis. En plus, on a gagné. Quelle soirée", conclut-il.
-- Mon oncle, J'ai le "Matin" devant moi. Vous faites erreur, ou il y a confusion. Le Canadien n'a pas nécessairement mal joué, mais a bel et bien perdu, 3-2. Auriez-vous trop fêté?
-- Non. Je n'ai pas trop fêté. Je ne fais pas d'erreur. Nous avons gagné, nous autres. Tous les Québécois qui passent l'hiver dans le coin encouragent le Lightning. Notre équipe. A la prochaine mon neveu.
Puis il raccrocha.
Je pense qu'il y avait exagération, car plusieurs Québécois qui passent l'hiver en Floride souhaitent une victoire du Canadien quand l'équipe montréalaise joue contre les Panthers ou le Lightning. À moins que les Maple Leafs de Toronto soient les visiteurs à Sunrise ou à Tampa.
Toujours est-il que l'oncle Bob a rendu l'âme huit ans plus tard à l'âge de 88 ans. Si le Lightning se retrouve dans une situation aussi précaire aujourd'hui, c'est peut-être que son partisan d'un soir n'a pas prié assez fort là haut pour son bien être. Ou Bob est-il trop occupé à prier pour que le Canadien gagne enfin une 25e coupe Stanley ?
Plausible. Fort plausible.