La finale de la Coupe Stanley va opposer deux machines réglées au quart de tour qui présentent que très peu de faiblesses. En d'autres mots, la série entre les Sénateurs d'Ottawa et les Ducks d'Anaheim possède tous les ingrédients pour devenir un classique.

Au début de la saison, plusieurs observateurs voyaient les Ducks en finale de la coupe Stanley. À l'opposé, peu de gens pensaient que les Sénateurs y parviendraient. La manière avec laquelle les deux équipes ont obtenu leur laissez-passer pour la finale vient cependant changer dramatiquement les idées préconçues au sujet des deux formations.

Les Sénateurs ont été pratiquement parfaits face aux Penguins de Pittsburgh, aux Devils du New Jersey et aux Sabres de Buffalo, éliminant ces trois opposants en cinq rencontres. Ottawa n'a jamais tiré de l'arrière dans une série et présente une fiche de 7-3 lors des parties qui se sont décidées par un but. Les Sénateurs dominent la LNH avec une moyenne de 3,20 buts par match et n'ont alloué que 2,07 filets par rencontre.

Les joueurs utilisés en infériorité numérique ont également été dominants, n'accordant que neuf buts en 79 occasions. Contre Buffalo, ils n'ont permis que deux buts en 29 tentatives. Neuf fois à leurs 13 dernières parties, Ottawa n'a concédé aucun but en infériorité numérique. Les Sénateurs n'ont aussi jamais perdu lorsqu'ils ont marqué les premiers. Et comme si ce n'était pas assez, Dany Heatley, Jason Spezza et Daniel Alfredsson ont combiné 58 points depuis le début des éliminatoires.

Les Sénateurs peuvent aussi compter sur un duo défensif de grande qualité en Chris Philipps et Anton Volchenkov, qui ont aidé leur équipe à limiter les Sabres, la meilleure offensive de la LNH, à seulement 10 buts en cinq matchs.

Les Ducks, de leur côté, peuvent miser sur plusieurs joueurs étoiles, particulièrement à la ligne bleue. Chris Pronger, Scott Niedermayer et François Beauchemin passent plus de 30 minutes par rencontre sur la patinoire.

Anaheim compte aussi en ses rangs Teemu Selanne, un guerrier qui veut gagner sa première coupe Stanley, et Jean-Sébastien Giguère, un cerbère sous-évalué qui présente un dossier de 12-1 en prolongation depuis le début de sa carrière en séries.

Mais la prestation d'Anaheim face aux Red Wings de Detroit en finale de la Conférence de l'Ouest suscite davantage de questions que de réponses. La plus grande interrogation demeure à savoir si les Ducks pourront faire preuve de discipline face à une formation qui possède énormément de profondeur.

La série en cinq points

1. Les gardiens

Peut-on arrêter de dire que Giguère n'est pas respecté par ses adversaires? S'il vous plaît. Le plan de l'entraîneur-chef Randy Carlyle est de convaincre ses joueurs que tout le monde est contre eux, et ce, même si les journalistes sont capables de regarder les statistiques.

Giguère présente une moyenne de buts alloués de 1,87 et un pourcentage d'arrêts de ,931. Lors de la troisième période du match de mardi face aux Red Wings, Detroit a dominé 16-3 au chapitre des tirs au but, mais Giguère a tout bloqué. Il va se mesurer à un gardien efficace et pas tellement spectaculaire en Ray Emery. Emery a maintenu une moyenne de buts alloués de 1,95 et un pourcentage d'arrêts de ,919 depuis le début des séries.

Giguère donne un avantage aux Ducks à ce chapitre. Toutefois c'est bien le seul aspect qu'Anaheim peut se targuer d'être le meilleur.

2. La profondeur

Carlyle prétend qu'il utilise ses quatre trios, mais la réalité est tout autre.

Lors du match numéro six face aux Red Wings, Brad May, Joe Motzko et Ryan Carter ont combiné un temps de glace de 9:33. Plus tôt dans la série, lorsque Dustin Penner a connu des moments difficiles, il n'a joué qu'un peu plus de 10 minutes par rencontre. Carlyle possède deux trios offensifs, un défensif et c'est pas mal tout.

Les Sénateurs, de leur côté, ont vu tout le monde mettre l'épaule à la roue. 11 joueurs différent ont marqué au moins un but, contrairement à huit dans le camp des Ducks. Aucun joueur des Sénateurs ne joue plus de 24 minutes par parties, tandis que Pronger, Neidermayer et Beauchemin passent plus de 30 minutes sur la patinoire à chaque match. Si la série est longue, cela va avantager Ottawa.

3. Les tours jumelles revisitées

Durant la finale de l'Ouest, Niedermayer n'était pas à son mieux. Il a écopé de pénalités stupides. Il a été pris hors position à plusieurs reprises lorsque Detroit trouvait le fond du filet. Cependant, Niedermayer a produit lors de moments clés. Il a trouvé le moyen de marquer en prolongation lors du match numéro deux ainsi qu'avec une minute à faire lors de la cinquième partie.

Pronger, évidemment, a perdu la tête lors du match numéro trois lorsqu'il a frappé à la tête Tomas Holmstrom. Il n'a récolté que trois passes en cinq parties, mais a été dominant lors de la sixième rencontre.

Si Niedermayer et Pronger jouent à la hauteur de leur talent, les chances des Ducks vont augmenter drastiquement.

4. Les oisons

Les gens aiment bien appeler Ryan Getzlaf, Corey Perry et Dustin Penner les oisons, même si aucun d'entre eux en est un. Peu importe comment vous les appeler, particulièrement si vous êtes les Sénateurs, vous ne pouvez les ignorer. Plus la série face aux Red Wings avançait, plus ce trio était dangereux. Getzlaf est maintenant utilisé sur la première unité en avantage numérique et est devenu un remplaçant de choix depuis que Chris Kunitz est sur la touche.

Le rendement des ces trois jeunes joueurs aura une incidence directe sur le rendement des Ducks.

5. Le capitaine et son armée

Après avoir été critiqué de toutes parts durant des années, Alfredsson est maintenu devenu un héros à Ottawa. Et ce n'est pas seulement parce qu'il récolte des points en quantité industrielle. Il excelle en infériorité numérique et effectue des jeux clés à des moments critiques.

Ses compagnons de trio de sont pas différents. Heatley continue de s'illustrer en séries et est devenu un joueur plus complet que prévu. Spezza, de son côté, est une véritable révélation. L'objectif des Ducks sera de les empêcher de faire la différence chaque soir.

Le face-à-face Pahlsson-Niedermayer-Moen contre les Sénateurs

Le brio du trio défensif des Ducks a forcé Mike Babcock à séparer Pavel Datsyuk et Henrik Zetterberg. Les trois joueurs d'Anaheim devront s'assurer de jouer profondément dans le territoire des Sénateurs pour empêcher Heatley-Spezza-Alfredsson de prendre de la vitesse.

Ducks: Selanne a récolté six points à ses trois derniers matchs, dont le but vainqueur en prolongation du match numéro cinq. Avant cela, il n'avait amassé aucun point lors des quatre premières rencontres. Andy McDonald n'a touché la cible qu'une seule fois à ses neuf derniers matchs.

Sénateurs: Alfredsson totalise 10 buts en séries, dont celui qui a permis d'éliminer les Sabres. L'avantage numérique des Sénateurs n'a rien fait à ses trois dernières parties face à Buffalo.

Prédiction: Trop de profondeur, trop de gros trios, trop de karma. Les Sénateurs vont mettre la main sur la coupe Stanley. Ottawa en six.