La fatigue physique, un obstacle majeur
Hockey mercredi, 23 févr. 2011. 16:06 jeudi, 12 déc. 2024. 23:48
MONTRÉAL - Le Canadien a réussi à maîtriser un opposant de premier plan, mardi à Vancouver, quand il s'est imposé 3-2 contre les Canucks. Mais il a aussi fait fi d'un autre adversaire plus formidable encore : la fatigue physique.
La fatigue qu'un hockeyeur de la LNH accumule au cours d'une saison représente un défi très important, affirme Scott Livingston, un thérapeute sportif et entraîneur en force et conditionnement physique qui a encadré les joueurs du Tricolore pendant huit saisons.
« Ça représente un obstacle énorme », souligne Livingston, qui est maintenant à la tête de sa propre entreprise spécialisée dans le domaine de l'entraînement physique, Haute Performance. « On s'attend à ce que les athlètes soient au maximum de leurs capacités en tout temps. Mais ils ne peuvent pas récupérer physiquement, jour après jour, compte tenu du nombre de matchs qu'ils doivent disputer. »
Cette saison, les joueurs du Canadien compléteront leur calendrier de 82 matchs en 178 jours, pour une moyenne d'une rencontre à tous les 2,17 jours.
« L'idéal serait que les athlètes aient de deux à trois jours pour récupérer après un match, a indiqué Livingston au cours d'un récent entretien avec La Presse Canadienne. Mais la réalité, c'est que les athlètes doivent en faire plus que ce leur corps est en mesure d'encaisser. »
Cette fatigue cumulative est particulièrement présente à ce stade-ci de la saison. Ce qui sauve le spectacle, c'est que le hockey est un sport où les capacités physiques ne sont pas le seul élément qui permet à un joueur de bien paraître.
« Si on compare le hockey et le football, on pourrait dire que le hockey dépend à 70 à 80 pour cent des habiletés, et de 20 à 30 pour cent des capacités physiques, tandis que le football est probablement à l'opposé », a avancé Livingston, qui a supervisé des joueurs de la LNH pendant 11 saisons, se joignant aux Islanders puis aux Rangers de New York avant de s'amener chez le Canadien. «C'est pourquoi on joue seulement une fois par semaine (au football). Sinon, la qualité du jeu en souffrirait énormément.
« Mais le hockey dépend avant tout d'habiletés comme la capacité à déplacer la rondelle, à tirer au but, à lire et visualiser le déroulement du jeu. Ce sont toutes des choses qu'on peut faire malgré la fatigue physique. Un joueur fatigué ne sera peut-être pas aussi vif qu'il le pourrait, mais son talent fera en sorte qu'il pourra livrer la marchandise. »
C'est ce qui explique que, bien souvent, une équipe qui dispute un deuxième match en deux soirs puisse vaincre une équipe au repos depuis trois jours.
Forces diminuées
Les joueurs créent l'illusion parce qu'à force de jouer, ils gagnent en aérobie et en anaérobie, tandis que leur rapidité d'exécution augmente et leur permet de mieux mettre en valeur leurs habiletés. En même temps, les effets de la fatigue restent bien présents, a rappelé Livingston.
« À cause de la fatigue accumulée, les joueurs ne peuvent s'adonner à des séances d'entraînement vraiment axées sur l'intensité de l'effort, et ils ne peuvent maintenir la masse musculaire qu'ils avaient en début de saison, a-t-il dit. C'est donc dire qu'en cours de saison, chaque athlète perd systématiquement en force et en capacités physiques.
« Les conséquences de cela ne sont pas évidentes sur la glace, mais ça peut se traduire par une capacité diminuée de résister à une mise en échec ou à une lutte à un contre un dans le coin de la patinoire », a expliqué Livingston.
« On peut alors voir des blessures qui ne seraient pas survenues autrement, parce qu'à cause de la fatigue, le joueur n'est pas aussi penché qu'il le devrait et n'est pas aussi solide sur ses patins, a-t-il ajouté. Mais ce n'est pas un lien de cause à effet qu'on peut vraiment quantifier. »
Entre l'arbre et l'écorce
La nature même du hockey fait également en sorte qu'il est difficile, pour les entraîneurs, de savoir si un repos complet ou un entraînement bien dosé s'avère le meilleur remède après un match âprement disputé.
« J'ai souvent vu un entraîneur donner un congé à des joueurs exténués, puis tenir un entraînement léger le lendemain, et l'équipe revenait avec un match pitoyable. Tout cela malgré un repos suffisant, a raconté Livingston. Ça arrive souvent quand l'adrénaline retombe. Ça devient difficile d'en faire remonter le niveau.
« C'est pourquoi une équipe fatiguée, mais qui carbure à l'adrénaline, peut avoir raison d'une équipe reposée. Si on donne trop de repos, le niveau des habiletés diminue. (Les entraîneurs) sont donc toujours pris entre l'arbre et l'écorce quand vient le moment de gérer la fatigue des joueurs.
« L'équation est beaucoup plus facile à comprendre, à définir et à établir dans les sports qui ne dépendent pas autant des habiletés », a ajouté celui qui a quitté le Canadien au printemps 2009 dans le but de fonder son entreprise, où il veille à la santé physique de plusieurs athlètes olympiques, dont la skieuse acrobatique Jennifer Heil.
« Pour les marathoniens, les triathlètes et les cyclistes, par exemple, tu peux évaluer la réaction de l'athlète à la charge d'entraînement et manipuler les variables en conséquence. Au hockey, ce n'est pas la même chose du tout. »
La fatigue qu'un hockeyeur de la LNH accumule au cours d'une saison représente un défi très important, affirme Scott Livingston, un thérapeute sportif et entraîneur en force et conditionnement physique qui a encadré les joueurs du Tricolore pendant huit saisons.
« Ça représente un obstacle énorme », souligne Livingston, qui est maintenant à la tête de sa propre entreprise spécialisée dans le domaine de l'entraînement physique, Haute Performance. « On s'attend à ce que les athlètes soient au maximum de leurs capacités en tout temps. Mais ils ne peuvent pas récupérer physiquement, jour après jour, compte tenu du nombre de matchs qu'ils doivent disputer. »
Cette saison, les joueurs du Canadien compléteront leur calendrier de 82 matchs en 178 jours, pour une moyenne d'une rencontre à tous les 2,17 jours.
« L'idéal serait que les athlètes aient de deux à trois jours pour récupérer après un match, a indiqué Livingston au cours d'un récent entretien avec La Presse Canadienne. Mais la réalité, c'est que les athlètes doivent en faire plus que ce leur corps est en mesure d'encaisser. »
Cette fatigue cumulative est particulièrement présente à ce stade-ci de la saison. Ce qui sauve le spectacle, c'est que le hockey est un sport où les capacités physiques ne sont pas le seul élément qui permet à un joueur de bien paraître.
« Si on compare le hockey et le football, on pourrait dire que le hockey dépend à 70 à 80 pour cent des habiletés, et de 20 à 30 pour cent des capacités physiques, tandis que le football est probablement à l'opposé », a avancé Livingston, qui a supervisé des joueurs de la LNH pendant 11 saisons, se joignant aux Islanders puis aux Rangers de New York avant de s'amener chez le Canadien. «C'est pourquoi on joue seulement une fois par semaine (au football). Sinon, la qualité du jeu en souffrirait énormément.
« Mais le hockey dépend avant tout d'habiletés comme la capacité à déplacer la rondelle, à tirer au but, à lire et visualiser le déroulement du jeu. Ce sont toutes des choses qu'on peut faire malgré la fatigue physique. Un joueur fatigué ne sera peut-être pas aussi vif qu'il le pourrait, mais son talent fera en sorte qu'il pourra livrer la marchandise. »
C'est ce qui explique que, bien souvent, une équipe qui dispute un deuxième match en deux soirs puisse vaincre une équipe au repos depuis trois jours.
Forces diminuées
Les joueurs créent l'illusion parce qu'à force de jouer, ils gagnent en aérobie et en anaérobie, tandis que leur rapidité d'exécution augmente et leur permet de mieux mettre en valeur leurs habiletés. En même temps, les effets de la fatigue restent bien présents, a rappelé Livingston.
« À cause de la fatigue accumulée, les joueurs ne peuvent s'adonner à des séances d'entraînement vraiment axées sur l'intensité de l'effort, et ils ne peuvent maintenir la masse musculaire qu'ils avaient en début de saison, a-t-il dit. C'est donc dire qu'en cours de saison, chaque athlète perd systématiquement en force et en capacités physiques.
« Les conséquences de cela ne sont pas évidentes sur la glace, mais ça peut se traduire par une capacité diminuée de résister à une mise en échec ou à une lutte à un contre un dans le coin de la patinoire », a expliqué Livingston.
« On peut alors voir des blessures qui ne seraient pas survenues autrement, parce qu'à cause de la fatigue, le joueur n'est pas aussi penché qu'il le devrait et n'est pas aussi solide sur ses patins, a-t-il ajouté. Mais ce n'est pas un lien de cause à effet qu'on peut vraiment quantifier. »
Entre l'arbre et l'écorce
La nature même du hockey fait également en sorte qu'il est difficile, pour les entraîneurs, de savoir si un repos complet ou un entraînement bien dosé s'avère le meilleur remède après un match âprement disputé.
« J'ai souvent vu un entraîneur donner un congé à des joueurs exténués, puis tenir un entraînement léger le lendemain, et l'équipe revenait avec un match pitoyable. Tout cela malgré un repos suffisant, a raconté Livingston. Ça arrive souvent quand l'adrénaline retombe. Ça devient difficile d'en faire remonter le niveau.
« C'est pourquoi une équipe fatiguée, mais qui carbure à l'adrénaline, peut avoir raison d'une équipe reposée. Si on donne trop de repos, le niveau des habiletés diminue. (Les entraîneurs) sont donc toujours pris entre l'arbre et l'écorce quand vient le moment de gérer la fatigue des joueurs.
« L'équation est beaucoup plus facile à comprendre, à définir et à établir dans les sports qui ne dépendent pas autant des habiletés », a ajouté celui qui a quitté le Canadien au printemps 2009 dans le but de fonder son entreprise, où il veille à la santé physique de plusieurs athlètes olympiques, dont la skieuse acrobatique Jennifer Heil.
« Pour les marathoniens, les triathlètes et les cyclistes, par exemple, tu peux évaluer la réaction de l'athlète à la charge d'entraînement et manipuler les variables en conséquence. Au hockey, ce n'est pas la même chose du tout. »