La journée du grand déménagement
Hockey vendredi, 19 déc. 2008. 15:05 samedi, 14 déc. 2024. 18:30
N'entrait pas qui voulait dans la résidence de Maurice Richard, rue Péloquin, dans le quartier Ahuntsic à Montréal. Heureusement, j'étais le bienvenu et lors d'une entrevue réalisée dans les années '80, le "Rocket", de bonne humeur, m'avait invité à regarder en sa compagnie, à la télévision, le match qui opposait ce soir-là le Canadien aux Whalers à Hartford. Quel privilège, pour ne pas dire quel honneur.
Entre deux Dow (le Rocket avait divorcé d'avec Molson à l'époque), il me parlait de son enfance.
"À 16 ans, racontait-il, je jouais au hockey sept jours par semaine et pour quatre équipes: Bordeaux, où j'habitais, Omer Barrière Chaussure, Paul-Emile Paquette (club commandité par Esso Imperial au parc Lafontaine) et l'École technique dans une ligue junior "B" de Lachine. J'habitais chez mes parents. Nous étions huit à la maison. Cinq garçons - René, Jacques, Henri et Claude - et trois filles - Georgette, Rollande et Marguerite. J'étais l'aîné. Mon père, Onésime, travaillait aux "Shops Angus" pour le CPR et ce depuis l'âge de 15 ans. Malheureusement, il lui arrivait souvent de manquer de travail. C'est ce qui explique pourquoi on s'est déjà retrouvé sur le secours direct, aujourd'hui appelé communément le BS."
"L'été, je me faisais un peu d'argent en agissant comme "caddie" aux clubs Islemere et Marlboro, à Cartierville. Je pouvais aller chercher 0,75$ ou 1,00$ pour 18 trous. Je m'étais fait des amis, dont un monsieur Raoul, son deuxième nom m'échappe, qui plus tard, soit en 1945-46 après ma saison de 50 buts, m'avait fait cadeau d'une part comme membre à Islemere. On ne gagnait pas cher et il fallait deux emplois pour arriver à arriver. Fin des années '40, je vendais des billets au pari mutuel à Blue Bonnets, pendant l'été, pour arrondir mes fins de mois. Je garde toutefois un souvenir inoubliable de mes 16 ans, car c'est en 1937 que j'ai rencontré la femme de ma vie, Lucille Norchet, cette courageuse femme qui devait plus tard devenir mon épouse adorée. C'est son frère Georges, l'un de mes coéquipiers avec le club Paquette, qui me l'avait présentée. Ce fut le coup de foudre".
"J'ai aussi failli aller à la guerre. Vers 19 ou 20 ans, j'ai été appelé par l'armée. Je jouais alors avec le Canadien Senior en compagnie de Butch Bouchard. J'avais une cheville dans le plâtre, ayant subi une fracture J'ai naturellement été exempté. On m'a rappelé une seconde fois plus tard, mais cette fois, j'avais le poignet dans le plâtre résultat d'une autre fracture. On se souviendra que j'étais très fragile au début de ma carrière professionnelle et qu'à un certain moment, ma carrière fut sérieusement compromise", dit-il.
Son meilleur moment le 28 décembre 1944
Naturellement, la conversation tourna sur son illustre carrière. Maurice en a connu plusieurs matchs inoubliables, mais il a vécu son meilleur moment, à son dire, au Forum le 28 décembre 1944 contre Harry Lumley, des Red Wings de Detroit. Ce soir-là, il a réussi une performance électrisante de cinq buts et trois passes.
"J'étais épuisé, vidé, quand je me suis présenté au Forum, car j'avais déménagé toute la journée. J'avais expliqué la situation à l'entraîneur Dick Irvin, soulignant que je n'étais pas en assez bonne forme pour jouer. Je lui avais même demandé congé. Il insista pour que je joue car un match contre Detroit était toujours primordial. Réussir cinq buts, dont deux en huit secondes, et trois passes dans de telles conditions était irréalisable. Incroyable, mais vrai. C'est pourquoi ce fut ma performance la plus satisfaisante", de rappeler le Rocket. Il aurait pu ajouter que cette soirée ce cinq buts l'avait lancé sur sa saison de 50 buts en 50 parties, le premier dans l'histoire de la LNH à réussir un tel exploit.
"Un autre bon souvenir, se rappelait-il, est survenu durant les séries éliminatoires contre ces mêmes Red Wings, à l'Olympia de Detroit en 1951. Il avait marqué le but gagnant contre Terry Sawchuk en quatrième période supplémentaire et répéta l'exploit le match suivant cette fois en troisième période de prolongation. Faut le faire. Dans un autre match des séries, en mars 1944, il avait compté les cinq buts de son club dans une victoire de 5-1 sur les Maple Leafs de Toronto. Sur la une du "Montréal-Matin" le lendemain, on pouvait lire: Richard: 5 Toronto: 1. Le rédacteur sportif Charles Mayer, du "Petit Journal", lui avait accordé les trois étoiles. C'est à la suite de cet exploit que Conn Smythe, grand patron des Leafs, avait porté de 25,000$ à 50,000$ son offre pour acheter le contrat de Maurice Richard. La direction du Canadien avait naturellement refusé cette offre. Heureusement, sans quoi il y aurait eu tumulte rue Ste-Catherine.
Ma visite chez le Rocket devait se terminer par son plus mauvais souvenir, l'émeute provoquée par sa suspension en 1955.
"Cette suspension, je ne l'ai jamais digérée", conclut-il.
Les partisans du Canadien non plus.
Entre deux Dow (le Rocket avait divorcé d'avec Molson à l'époque), il me parlait de son enfance.
"À 16 ans, racontait-il, je jouais au hockey sept jours par semaine et pour quatre équipes: Bordeaux, où j'habitais, Omer Barrière Chaussure, Paul-Emile Paquette (club commandité par Esso Imperial au parc Lafontaine) et l'École technique dans une ligue junior "B" de Lachine. J'habitais chez mes parents. Nous étions huit à la maison. Cinq garçons - René, Jacques, Henri et Claude - et trois filles - Georgette, Rollande et Marguerite. J'étais l'aîné. Mon père, Onésime, travaillait aux "Shops Angus" pour le CPR et ce depuis l'âge de 15 ans. Malheureusement, il lui arrivait souvent de manquer de travail. C'est ce qui explique pourquoi on s'est déjà retrouvé sur le secours direct, aujourd'hui appelé communément le BS."
"L'été, je me faisais un peu d'argent en agissant comme "caddie" aux clubs Islemere et Marlboro, à Cartierville. Je pouvais aller chercher 0,75$ ou 1,00$ pour 18 trous. Je m'étais fait des amis, dont un monsieur Raoul, son deuxième nom m'échappe, qui plus tard, soit en 1945-46 après ma saison de 50 buts, m'avait fait cadeau d'une part comme membre à Islemere. On ne gagnait pas cher et il fallait deux emplois pour arriver à arriver. Fin des années '40, je vendais des billets au pari mutuel à Blue Bonnets, pendant l'été, pour arrondir mes fins de mois. Je garde toutefois un souvenir inoubliable de mes 16 ans, car c'est en 1937 que j'ai rencontré la femme de ma vie, Lucille Norchet, cette courageuse femme qui devait plus tard devenir mon épouse adorée. C'est son frère Georges, l'un de mes coéquipiers avec le club Paquette, qui me l'avait présentée. Ce fut le coup de foudre".
"J'ai aussi failli aller à la guerre. Vers 19 ou 20 ans, j'ai été appelé par l'armée. Je jouais alors avec le Canadien Senior en compagnie de Butch Bouchard. J'avais une cheville dans le plâtre, ayant subi une fracture J'ai naturellement été exempté. On m'a rappelé une seconde fois plus tard, mais cette fois, j'avais le poignet dans le plâtre résultat d'une autre fracture. On se souviendra que j'étais très fragile au début de ma carrière professionnelle et qu'à un certain moment, ma carrière fut sérieusement compromise", dit-il.
Son meilleur moment le 28 décembre 1944
Naturellement, la conversation tourna sur son illustre carrière. Maurice en a connu plusieurs matchs inoubliables, mais il a vécu son meilleur moment, à son dire, au Forum le 28 décembre 1944 contre Harry Lumley, des Red Wings de Detroit. Ce soir-là, il a réussi une performance électrisante de cinq buts et trois passes.
"J'étais épuisé, vidé, quand je me suis présenté au Forum, car j'avais déménagé toute la journée. J'avais expliqué la situation à l'entraîneur Dick Irvin, soulignant que je n'étais pas en assez bonne forme pour jouer. Je lui avais même demandé congé. Il insista pour que je joue car un match contre Detroit était toujours primordial. Réussir cinq buts, dont deux en huit secondes, et trois passes dans de telles conditions était irréalisable. Incroyable, mais vrai. C'est pourquoi ce fut ma performance la plus satisfaisante", de rappeler le Rocket. Il aurait pu ajouter que cette soirée ce cinq buts l'avait lancé sur sa saison de 50 buts en 50 parties, le premier dans l'histoire de la LNH à réussir un tel exploit.
"Un autre bon souvenir, se rappelait-il, est survenu durant les séries éliminatoires contre ces mêmes Red Wings, à l'Olympia de Detroit en 1951. Il avait marqué le but gagnant contre Terry Sawchuk en quatrième période supplémentaire et répéta l'exploit le match suivant cette fois en troisième période de prolongation. Faut le faire. Dans un autre match des séries, en mars 1944, il avait compté les cinq buts de son club dans une victoire de 5-1 sur les Maple Leafs de Toronto. Sur la une du "Montréal-Matin" le lendemain, on pouvait lire: Richard: 5 Toronto: 1. Le rédacteur sportif Charles Mayer, du "Petit Journal", lui avait accordé les trois étoiles. C'est à la suite de cet exploit que Conn Smythe, grand patron des Leafs, avait porté de 25,000$ à 50,000$ son offre pour acheter le contrat de Maurice Richard. La direction du Canadien avait naturellement refusé cette offre. Heureusement, sans quoi il y aurait eu tumulte rue Ste-Catherine.
Ma visite chez le Rocket devait se terminer par son plus mauvais souvenir, l'émeute provoquée par sa suspension en 1955.
"Cette suspension, je ne l'ai jamais digérée", conclut-il.
Les partisans du Canadien non plus.