MONTREAL (PC) - Il y avait encore plus de journalistes que d'habitude, certains même venus du secteur des nouvelles générales, au premier entraînement du Canadien à son retour de l'Ouest américain, mais ce n'était pas pour célébrer ses trois victoires en quatre matchs.

Mercredi, on voulait plutôt connaître les réactions au sujet de l'incident Todd Bertuzzi. Et aussi rencontrer la nouvelle superstar Alexei Kovalev.

Comme leurs collègues à travers la LNH, les joueurs du Canadien ont condamné la charge de Bertuzzi à l'endroit de Steve Moore et dit souhaiter une longue suspension.

Cependant, à l'exception de Joé Juneau, tous ceux interrogés préfèrent que ce soit la ligue, et non la Justice civile, qui règle l'affaire.

"Parce que la ligue n'a pas été assez sévère, on en est rendu au point où on n'a peut-être plus le choix de porter ces problèmes devant la Justice", a déclaré Juneau, qui a rappelé avoir lui-même subi cinq ou six commotions cérébrales résultant de coups portés à la tête.

Quoiqu'il en soit, "la suspension devra être énorme", a-t-il dit.

Pour tous les autres joueurs consultés, il serait préférable de continuer à traiter ce genre de problème à l'interne.

"Il faut séparer ce qui se passe dans un match et dans la société en général", a résumé José Théodore.

"Sinon, où ça va s'arrêter? a questionné Stéphane Quintal. Où va être la limite?

"Un gars qui poserait un geste semblable dans la rue irait certainement en prison. Mais nous sommes une ligue et j'espère que ça va être réglé à ce niveau. On est supposé être bien géré", a déclaré le défenseur, qui prévoit une longue suspension.

"Je ne suis pas fier de ma ligue et des joueurs", a-t-il renchéri, rappelant également les bagarres à n'en plus finir du récent match Ottawa-Philadelphie.

Malgré tout, dans l'ensemble, Quintal ne croit pas qu'on assiste à une recrudescence de la violence dans la LNH.

Langdon connaît Bertuzzi

Darren Langdon, lui-même un dur-à-cuire qui se bat régulièrement, a été le co-chambreur de Bertuzzi dans les hôtels à l'étranger lorsqu'il a joué à Vancouver.

"Ce n'est pas le genre de gars à faire ça, a-t-il dit. Mais c'est malheureux pour lui. Il va devoir vivre avec les conséquences de son geste, et je m'attends à une longue suspension.

"C'est une chose de frapper un joueur et une autre de frapper comme il l'a fait, beaucoup trop fort (et par en arrière)."

"Ce que je trouve dommage un peu, c'est que 'Bert' n'est pas vraiment un mauvais gars", a également noté Juneau.

"Ces choses-là ne devraient pas exister, on en parle chaque année, mais chaque année ça recommence", a noté Patrice Brisebois, qui pense lui aussi que c'est à la Ligue nationale de sévir, même si de son propre aveu elle a été parfois trop clémente.

"Quand ça implique un superstar, on donne souvent moins de matchs de suspension, a-t-il noté. Les suspensions sont plus sévères pour les joueurs de troisième ou de quatrième trio."

Claude Julien a refusé de se prononcer, et il a justifié pourquoi.

"Je me concentre sur mon équipe et sur mon travail, non pas sur celui de la Ligue nationale, et je n'ai pas à faire une déclaration publique sans connaître tous les détails.

"C'est une affaire regrettable et si on peut la régler à l'interne, tant mieux. Sinon il va falloir accepter les faits."

Quant à savoir comment il réagirait si son équipe se trouvait impliquée dans un match contre un adversaire annonçant d'avance qu'il va chercher vengeance, Julien a servi le commentaire suivant: "Un entraîneur aborde toujours le même sujet avant un match, surtout un gros: le contrôle des émotions."