La LNH, un rêve possible : A. Roy
Hockey vendredi, 14 nov. 2008. 12:48 mercredi, 11 déc. 2024. 09:46Gagnez un exemplaire du livre de Luc Gélinas
Notre collègue Luc Gélinas a récemment écrit un ouvrage racontant une tranche de vie de huit hockeyeurs québécois, soit Steve Bégin, Francis Bouillon, Martin Brodeur, Simon Gagné, Ian Laperrière, Vincent Lecavalier, Roberto Luongo et André Roy. D'ici au 28 novembre, vous aurez la chance de lire sur le RDS.ca des extraits de chaque chapitre. Aujourd'hui, nous vous proposons un extrait du chapitre d'André Roy.
L'intervention providentielle de Steve Latreille
Extrait des pages 113,114 et 115
Malgré la grande frustration qui l'habite, la retraite est cependant de courte durée pour André. Trois jours après avoir rangé son équipement - de manière définitive, croit-il -, le plus jeune retraité de Saint-Jérôme reçoit un coup de fil de son ancien entraîneur, Steve Latreille. Ce dernier a hérité de la formation bantam CC et n'accepte pas la décision de son ancien protégé.
Dès qu'il a appris la nouvelle, Latreille s'est empressé de téléphoner chez les Roy afin de convaincre André de venir jouer pour lui.
Viens au moins jouer un match avec nous. Juste un match, André. Tu vas voir, on va avoir une maudite bonne équipe, pis j'ai besoin de toi dans ce club-là. Si tu lâches, tu vas leur donner raison. Si tu viens jouer pour moi, tu vas pouvoir leur prouver qu'ils se sont trompés. À chaque fois que tu vas compter deux ou trois buts, les gens qui t'ont coupé du AA devront expliquer pourquoi ils ont pas voulu te garder et, en fin de compte, ils vont avoir l'air fou. Les gens sont pas stupides. Ils finiront par comprendre ce qui s'est passé...
« Je suis arrivé là, se souvient André, et Steve m'a donné le C du capitaine. Ça peut paraître anodin, mais, pour moi, c'était un geste très significatif. C'était la première fois de ma vie que j'étais capitaine d'un club. Ça m'a automatiquement donné confiance et remonté le moral. Je n'avais jamais eu de « lettre » sur mon chandail. J'étais du genre à mettre l'équipe dans le trouble à l'occasion et les coachs n'aimaient pas trop ça. Quand je me faisais surveiller trop étroitement par un rival, je pouvais lui balancer un coup de poing en plein visage ou bien lui assener un bon coup de bâton dans les mollets. C'est pour ça, dans le fond, que je n'avais jamais été capitaine ou assistant, et je n'avais jamais cru que ça m'arriverait un jour ! Donc, quand Steve m'a remis le chandail du capitaine, j'étais abasourdi. »
Bien des années plus tard, Latreille se rappelle encore de cet instant où il a informé André qu'il en faisait son capitaine. « Mon idée était faite et je me suis dit : S'il accepte de venir jouer dans mon club, c'est lui et personne d'autre qui aura le C'.
Je me souviens de son expression stupéfaite Je lui aurais donné 1 000 piastres qu'il n'aurait pas été plus heureux. J'ai été clair avec lui. Je lui ai dit sans détour : À partir d'aujourd'hui, tu es mon leader, et un leader ça donne l'exemple partout, et pas seulement sur la glace. Je veux que tu saches que je mets ma tête sur le billot en te nommant capitaine, car tout le monde est persuadé que je vais me planter. Mais je te fais confiance et je sais que je ne serai pas déçu. Il a pris son rôle de capitaine très au sérieux et je n'ai jamais regretté cette décision. Il n'a jamais fait passer ses intérêts avant ceux de l'équipe. Il aurait facilement pu marquer cinq ou six buts par partie, mais il a préféré donner la rondelle à ses compagnons de trio, Sébastien Gladu et Éric Locas.
En plus d'être le meilleur joueur que j'ai eu l'occasion de diriger, c'était aussi un bon garçon. Après ce qu'il venait de vivre, il avait besoin d'attention et d'une énorme dose d'estime de soi. » André ne fut d'ailleurs pas la seule victime de ces adultes au jugement douteux puisque, quelques années plus tard, les mêmes individus ont retranché le gardien Yann Danis - qui, en 2004, remporterait le prestigieux trophée Howie Baker, récompense remise au meilleur joueur universitaire américain. Ils ont aussi fait subir le même sort à Martin Grenier, qui sera tout de même repêché en deuxième ronde par l'Avalanche du Colorado, en 1999.
« Le message de Steve Latreille était clair. Il me voulait comme leader de son équipe. Il m'a fait jouer à profusion, et ce, dans toutes les circonstances. Je n'étais peut-être pas dans le AA, mais j'étais le meilleur du CC et j'ai énormément gagné en confiance durant cette saison-là », se remémore André, qui a terminé au premier rang des marqueurs du circuit régional de l'année 1990-1991.
L'intervention providentielle de Steve Latreille
Extrait des pages 113,114 et 115
Malgré la grande frustration qui l'habite, la retraite est cependant de courte durée pour André. Trois jours après avoir rangé son équipement - de manière définitive, croit-il -, le plus jeune retraité de Saint-Jérôme reçoit un coup de fil de son ancien entraîneur, Steve Latreille. Ce dernier a hérité de la formation bantam CC et n'accepte pas la décision de son ancien protégé.
Dès qu'il a appris la nouvelle, Latreille s'est empressé de téléphoner chez les Roy afin de convaincre André de venir jouer pour lui.
Viens au moins jouer un match avec nous. Juste un match, André. Tu vas voir, on va avoir une maudite bonne équipe, pis j'ai besoin de toi dans ce club-là. Si tu lâches, tu vas leur donner raison. Si tu viens jouer pour moi, tu vas pouvoir leur prouver qu'ils se sont trompés. À chaque fois que tu vas compter deux ou trois buts, les gens qui t'ont coupé du AA devront expliquer pourquoi ils ont pas voulu te garder et, en fin de compte, ils vont avoir l'air fou. Les gens sont pas stupides. Ils finiront par comprendre ce qui s'est passé...
« Je suis arrivé là, se souvient André, et Steve m'a donné le C du capitaine. Ça peut paraître anodin, mais, pour moi, c'était un geste très significatif. C'était la première fois de ma vie que j'étais capitaine d'un club. Ça m'a automatiquement donné confiance et remonté le moral. Je n'avais jamais eu de « lettre » sur mon chandail. J'étais du genre à mettre l'équipe dans le trouble à l'occasion et les coachs n'aimaient pas trop ça. Quand je me faisais surveiller trop étroitement par un rival, je pouvais lui balancer un coup de poing en plein visage ou bien lui assener un bon coup de bâton dans les mollets. C'est pour ça, dans le fond, que je n'avais jamais été capitaine ou assistant, et je n'avais jamais cru que ça m'arriverait un jour ! Donc, quand Steve m'a remis le chandail du capitaine, j'étais abasourdi. »
Bien des années plus tard, Latreille se rappelle encore de cet instant où il a informé André qu'il en faisait son capitaine. « Mon idée était faite et je me suis dit : S'il accepte de venir jouer dans mon club, c'est lui et personne d'autre qui aura le C'.
Je me souviens de son expression stupéfaite Je lui aurais donné 1 000 piastres qu'il n'aurait pas été plus heureux. J'ai été clair avec lui. Je lui ai dit sans détour : À partir d'aujourd'hui, tu es mon leader, et un leader ça donne l'exemple partout, et pas seulement sur la glace. Je veux que tu saches que je mets ma tête sur le billot en te nommant capitaine, car tout le monde est persuadé que je vais me planter. Mais je te fais confiance et je sais que je ne serai pas déçu. Il a pris son rôle de capitaine très au sérieux et je n'ai jamais regretté cette décision. Il n'a jamais fait passer ses intérêts avant ceux de l'équipe. Il aurait facilement pu marquer cinq ou six buts par partie, mais il a préféré donner la rondelle à ses compagnons de trio, Sébastien Gladu et Éric Locas.
En plus d'être le meilleur joueur que j'ai eu l'occasion de diriger, c'était aussi un bon garçon. Après ce qu'il venait de vivre, il avait besoin d'attention et d'une énorme dose d'estime de soi. » André ne fut d'ailleurs pas la seule victime de ces adultes au jugement douteux puisque, quelques années plus tard, les mêmes individus ont retranché le gardien Yann Danis - qui, en 2004, remporterait le prestigieux trophée Howie Baker, récompense remise au meilleur joueur universitaire américain. Ils ont aussi fait subir le même sort à Martin Grenier, qui sera tout de même repêché en deuxième ronde par l'Avalanche du Colorado, en 1999.
« Le message de Steve Latreille était clair. Il me voulait comme leader de son équipe. Il m'a fait jouer à profusion, et ce, dans toutes les circonstances. Je n'étais peut-être pas dans le AA, mais j'étais le meilleur du CC et j'ai énormément gagné en confiance durant cette saison-là », se remémore André, qui a terminé au premier rang des marqueurs du circuit régional de l'année 1990-1991.