Ainsi donc, Bobby Hull sera le premier commissaire de l'Association mondiale de hockey, version II. Il entend mettre l'accent sur les joueurs qui approcheront de la retraite et qui voudront ajouter quelques dollars à leur compte de banque déjà bien garni.

Première cible : le fils du commissaire. Brett Hull qui en est à ses derniers moments avec les Red Wings de Detroit.

Trente ans plus tard, l'AMH version II s'attaque au marché du hockey professionnel malgré tous les problèmes que les propriétaires et les joueurs n'ont toujours pas réglés et qui entraineront, à moins d'un revirement inattendu, un arrêt de travail en 2004.

L'AMH version II voudra, même si les dirigeants de la nouvelle ligue soutiennent que c'est pure coincidence (mon œil!), profiter du lockout pour lancer leur ligue avec des visages connus, avec des joueurs de premier plan. Mais, encore là, ce n'est que de la poudre aux yeux. Supposons que les joueurs qui ont décidé de participer à la relance de l'AMH voient le conflit prendre fin en novembre, par exemple, delaisseront-ils alors leurs employeurs immédiats pour rejoindre leur équipe de la Ligue nationale?

Pour vous dire la vérité, le hockey nord-américain n'a pas besoin d'une autre ligue, bien au contraire. Déjà que la Ligue nationale compte trop d'équipes, que le marché est saturé, que la qualité du spectacle dégrade à chaque saison. Déjà que les propriétaires actuels ne parviennent plus à joindre les deux bouts, c'est quoi l'idée de lancer une autre ligue.

S'il y a une menace sérieuse qui guette la Ligue nationale, si jamais elle ne parvient pas à résoudre ses problèmes avec l'AJLNH, elle viendra de l'Europe. Elle viendra des joueurs européens qui sauteront sur la chance de s'établir dans leur patelin. Ils ne gagneront sûrement pas les mêmes salaires qu'en Amérique du Nord mais ils deviendront les éléments essentiels pour la création d'une super ligue professionnelle, un projet mis sur la table par des intervenants influents du hockey européen.

Une telle ligue a vu le jour il y a quelques années pour disparaître aussi rapidement qu'elle a été lancée parce que l'intérêt local n'y était pas. Les bons joueurs européens étaient pour la plupart en Amérique du Nord. Mais, un lockout ouvrira toutes grandes les portes à la possibilité de faire renaître cette ligue, un dossier que véhicule actuellement un groupe d'hommes d'affaires.

Il est assuré qu'on assistera aussi à l'exode de plusieurs joueurs canadiens et américains - peut-être les moins fortunés - qui chercheront des emplois en Allemagne par exemple ou encore en Suisse. Les dirigeants du hockey européens seraient idiots de ne pas profiter des événements qui pertubent le hockey nord-américain. Des événements qui feront des dommages terribles à une entreprise déjà amochée par la gestion ridicule des propriétaires.

Je vois déjà Gary Bettman brandir la menace que tout joueur signant un contrat avec une équipe européenne ne pourra jouer dans la Ligue nationale pour au moins un an. J'imagine que les équipes européennes exigeront aussi des garanties voulant que les joueurs qui signent des ententes acceptent de passer toute la saison avec leurs nouveaux employeurs.

Mais qui sera le plus affecté si jamais il y avait exode des joueurs vers l'Europe? C'est la Ligue nationale.

Quant à l'AMH version II, le projet ne fait pas sérieux. Bobby Hull a été une grande vedette sur la patinoire, en s'associant à l'AMH, il y a 30 ans, il lui a donné beaucoup de crédibilité. Le problème, c'est que Bobby Hull ne joue plus. L'autre problème, c'est qu'il y a 30 ans, on pouvait attirer des joueurs étoiles comme lui, aujourd'hui, les joueurs étoiles n'écoutent même pas pour une somme de $1 million.

Et qui sont les bailleurs de fonds? Qui veut s'aventurer dans un projet aussi audacieux, un projet voué à l'échec?

La menace, elle viendra de l'Europe. Les principales fédérations possèdent les infrastructures, des hommes d'affaires n'attendent que l'opportunité pour créer une ligue solide et crédible. Peut-être pourront-ils le faire avec les effectifs de la Ligue nationale?

Peut-être profiteront-ils de cette situation instable en Amérique du Nord pour se faire du capital politique et financier afin de forcer la Ligue nationale à créer une division européenne, ce qu'elle aurait dû faire depuis quelques années.

… à suivre…

Encore les gardiens

On a marqué en moyenne 5.3 buts par match, l'an dernier, on est donc loin de la moyenne de 7.4 buts par rencontre en 1990-91, par conséquent pour aider les « frustrés » joueurs d'attaque, la Ligue nationale vient d'imposer un nouveau règlement aux gardiens de but.

Dorénavant, aucun gardien ne pourra utiliser des jambières de plus de 38 pouces de hauteur, ou si vous préférez, 76 centimètres.

Marty Turco des Stars de Dallas ne s'en plaint pas. Mais Roberto Luongo a peté des plombs en apprenant la nouvelle. « Toujours les gardiens, encore les gardiens. A chaque année, on invente un nouveau règlement pour nous compliquer l'existence. »

Luongo porte des jambières de 39.5 pouces et il reconnaît qu'il sera désavantagé à cause de sa grandeur et de son style de jeu. Je ne suis pas contre le règlement qu'impose maintenant la LNH aux gardiens parce qu'il y avait dépassé vraiment la logique, notamment des gardiens comme Garth Snow. Cependant, il faudra qu'un jour, les penseurs de l'Avenue des Amériques à New York, réalisent que si le hockey n'est pas aussi spectaculaire qu'autrefois, c'est qu'on a dilué le produit, les joueurs surdoués comme Wayne Gretzky et Mario Lemieux n'ont jamais été remplacés, et qu'au fil des ans, on a modifié la surface de jeu pour améliorer les performances et cette décision s'est avérée un fiaco.

Ce sont les dirigeants qu'il faut blâmer et non les gardiens.