BROSSARD, Qc - À pareille date l'an dernier, Gabriel Dumont s'apprêtait à vivre ses premières séries éliminatoires dans la Ligue nationale de hockey.

Alors âgé de 22 ans, Dumont avait mis sa fougue au service du Canadien pour trois des cinq matchs qui avaient suffi aux Sénateurs d'Ottawa pour éliminer la formation montréalaise.

La défaite faisait mal, mais le bilan final était tout de même encourageant pour l'énergique attaquant. À sa troisième saison chez les professionnels, on lui avait donné la chance de disputer un total de 13 matchs dans la LNH, une dizaine de plus que l'année précédente. Avant le délire des séries était venu le premier combat, puis le premier but dans la grande ligue. Une belle progression pour un jeune homme qui avait été un choix de cinquième ronde quatre ans plus tôt.

Gabriel DumontMais mardi soir, c'est sans lui que le Canadien a éliminé le Lightning de Tampa Bay. Exception faite d'une brève promotion de deux matchs au mois de novembre, Dumont est resté « en bas » cette année. Et à moins d'une hécatombe que personne ne souhaite, il y restera au moins jusqu'à l'automne prochain.

« Si tu demandes à n'importe qui, personne ne veut jouer dans les mineures dans la vie. C'est sûr que je ne voulais pas passer l'année dans la Ligue américaine. Ce n'était pas ça mon but quand je suis arrivé ici au mois de septembre. Mais de dire que c'est un pas de recul dans ma carrière, je pense que ça serait un peu gros », croit toutefois le fier compétiteur, rencontré cette semaine dans un corridor du complexe d'entraînement du Canadien.

« Dire que j'ai fait un pas de recul reviendrait à dire que j'ai perdu une année. Mais je ne suis pas allé à Hamilton pour perdre mon année », insiste-t-il ensuite avec son accent du Bas-St-Laurent.

Les chiffres corroborent l'affirmation. Pour la première fois depuis sa dernière année junior, alors que ses 51 buts lui avaient permis de dominer la colonne des marqueurs des Voltigeurs de Drummondville, Dumont a été le meilleur franc-tireur de son équipe cette saison avec 19 filets. Ses 17 mentions d'aides, 36 points et 111 minutes de pénalité représentent aussi des sommets personnels chez les pros et des accomplissements sur lesquels il s'appuie pour jauger ses succès au terme d'une année globalement difficile pour les Bulldogs de Hamilton.

« Ça a été dur au début de l'année. Après avoir encaissé le choc de mon renvoi au camp d'entraînement, ça m'a pris jusqu'en novembre avant de prendre mon erre d’aller. J'ai beaucoup parlé avec le personnel d'entraîneurs là-bas et quand je suis remonté ici, j'ai aussi eu une bonne discussion avec Michel Therrien. Ça m'a motivé pour le reste de la saison. »

« À partir de janvier, ça a vraiment bien été. J'étais un des leaders de l'équipe et j'ai continué de m'améliorer. C'est ça le plus important... »

Victime de la profondeur

Le directeur général du Canadien, Marc Bergevin, a posé plusieurs gestes pour améliorer la profondeur de son club au cours de la dernière année. La mise sous contrat de George Parros à l'ouverture du marché des joueurs autonomes et l'acquisition de Dale Weise à la date limite des transactions ont ajouté des options à Therrien dans la gestion de ses trios « d'énergie ».

La percée de Michaël Bournival a aussi contribué à bloquer Gabriel Dumont au niveau inférieur.

« C'est décourageant, mais d'un autre côté, je ne peux pas être à Hamilton et broyer du noir toute la saison, admet-il lorsqu'on lui fait remarquer qu'en plus, le Canadien connaît présentement du succès en séries sans même la contribution d'autres joueurs de soutien comme Travis Moen et Ryan White. Il faut que je continue à aller vers l'avant. Il y a des gens qui assistent à tous nos matchs et si jamais ils ont besoin de moi, je suis convaincu que je suis prêt à embarquer n'importe quand. »

En attendant d'obtenir sa prochaine chance, Dumont martèle le même discours qu'il tenait il y a cinq ans, alors qu'il avait accordé une entrevue au RDS.ca quelques jours avant d'entrer dans la grande famille du Canadien.

« Je veux toujours garder mon identité, assure-t-il. Chaque fois que j'embarque sur la glace, je veux être le gars le plus intense, celui qui travaille le plus fort. De cette façon-là, il y a toujours des portes qui vont rester ouvertes. »