MONTRÉAL - Yanni Gourde réalise que l'objectif suprême d'accéder un jour à la LNH demeure lointain, même s'il estime bien faire à sa première saison chez les professionnels.

« La Ligue américaine de hockey est peut-être le dernier pallier donnant accès à la Ligue nationale, mais c'est un long escalier avec plusieurs marches. Il faut les monter une à la fois, sans s'enfarger », image le jeune attaquant, qui évolue cette saison au sein de l'organisation des Sharks de San Jose, à Worcester, près de Boston dans le Massachusetts.

Des marches, ce n'est pas ce qui effraie Gourde, qui en a gravi quelques-unes depuis le début de son parcours dans les rangs midget. N'ayant pas été repêché dans la LHJMQ, il a réussi à faire sa marque dans l'uniforme des Tigres de Victoriaville. La saison dernière, comme joueur de 20 ans, il a suscité l'intérêt des recruteurs en étant le champion marqueur de la ligue, avec une récolte de 37 buts et de 124 points.

Les Sharks lui ont accordé un essai à la suite de l'élimination des Tigres en séries, l'an dernier. Il a suffisamment fait bonne impression, en amassant trois points en quatre matchs dans la Ligue américaine, pour qu'on lui offre un contrat d'une saison.

Avec 50 autres rencontres derrière la cravate et 14 points (8-6), le joueur de petite taille (cinq pieds neuf pouces, 162 livres) trouve « vraiment difficile » l'adaptation aux rigueurs du hockey pro.

« Au début, ça allait bien, mentionne-t-il, en entrevue à La Presse Canadienne. Curieusement, c'est après le lock-out de la Ligue nationale, au début de l'année, que ç'a commencé à moins bien aller. Je n'ai pas trouvé que le calibre de jeu avait diminué au départ des meilleurs joueurs. »

Peu utilisé et laissé de côté à une dizaine de reprises, la confiance en prend pour son rhume quand on est un joueur à caractère offensif comme lui. D'ailleurs, Gourde, âgé de 21 ans, dit qu'il ne s'attarde pas du tout à sa fiche personnelle.

« Je n'ai aucune attente en matière de points. Je savais que ce serait une saison difficile. Je me concentre sur mon rendement, surtout sur le plan défensif, dit qui celui qui montre un dossier de moins-11 en défense. La Ligue américaine est une ligue défensive. On met l'accent là-dessus, tout le monde est bon. Je vise à m'améliorer, en me disant que ça va finir par débloquer à l'attaque. »

Dernièrement, l'organisation des Sharks a cédé Gourde à son équipe-école de la Ligue de la Côte Est, afin justement qu'il retrouve de bonnes sensations à l'attaque. Un séjour de deux semaines qui a effectivement été fructueux pour lui, avec 10 points (4-6) en huit matchs. À son retour à Worcester, où il mise sur le soutien d'un coéquipier québécois Jimmy Bonneau, il a connu une séquence de quatre matchs avec au moins un point.

« On pratique un style de jeu plus ouvert dans la East Coast, semblable au junior. Ça m'a redonné confiance et je joue de façon plus détendue. »

Le « moule » Desharnais

Gourde, qui évolue à l'aile gauche dans le troisième trio à Worcester, ne sait pas quels sont les plans d'avenir des Sharks à son endroit. Il est prêt à être persévérant et à s'imposer les sacrifices nécessaires. Il veut aller jusqu'au bout de son rêve en Amérique du Nord, avant d'envisager la possibilité de s'expatrier en Europe.

Le patineur natif de Saint-Narcisse-de-Beaurivage, sur la rive-sud de Québec, peut difficilement avoir de meilleur modèle que David Desharnais, du Canadien. Les deux sont issus du même moule.

« David et moi en avons eu des claques au visage. Regardez où il est rendu. C'est sûr qu'il est une grande source d'inspiration pour moi. C'est un gars du coin en plus, ajoute-t-il, au sujet du patineur originaire de Laurier-Station. Je me dis que s'il a été capable, je le suis également. Ce n'est pas impossible. »

Cela dit, Gourde est réaliste : il sait qu'il lui reste beaucoup de travail à faire et que plein de choses peuvent se produire. Mais il demeure confiant de gagner son pari.

« C'est un défi au quotidien, mais j'aime ça, conclut-il. Je connais une bonne première saison, mais je serai plus satisfait si l'équipe obtient une place en séries éliminatoires. Nous sommes impliqués dans une lutte à finir, et je veux apporter ma contribution. »