BROSSARD, Qc - Louis Leblanc est de retour à Montréal, mais pas dans le contexte qu'il aurait souhaité. Et peut-être - qui sait? - pour la dernière fois.

Leblanc patine depuis mardi avec les Black Aces, un groupe d'une dizaine de joueurs des Bulldogs de Hamilton invités à intégrer l'entourage du grand club depuis la fin de leur saison dans la Ligue américaine.

Confiné au rôle de police d'assurance, le choix de première ronde du Canadien en 2009, qui a joué huit matchs dans la Ligue nationale cette saison, entretient encore l'espoir d'en jouer un neuvième.

Louis Leblanc« On ne sait jamais ce qui peut arriver », a-t-il répété à quelques reprises à sa sortie de la patinoire après son premier entraînement de la semaine à Brossard. Mais alors que le Tricolore attend de connaître l'identité de son adversaire en vue du deuxième tour éliminatoire, les chances de voir l'attaquant de 23 ans participer activement aux succès de l'équipe qui l'a repêché d'ici la fin de son parcours printanier semblent peu réalistes.

En fait, il n'est pas déraisonnable de se demander si Leblanc a disputé son dernier match pour l'organisation du Canadien. Son premier contrat professionnel, un pacte de trois ans signé en 2010, arrive à échéance et à moins que ses services ne soient retenus d'ici là, il deviendra joueur autonome avec compensation le 1er juillet.

Sans s'étendre sur le sujet, Leblanc admet, après une courte hésitation, que la question lui a traversé l'esprit.

« Mon but, c'est de revenir et continuer, mais c'est hors de mon contrôle. J'ai joué mes trois années ici, j'ai joué 50 parties avec le Canadien, alors... espérons que je serai en mesure d'avoir un prochain contrat ici. Avec la business, on ne sait jamais ce qui va arriver. »

Arrivé dans la Ligue nationale à 20 ans dans un contexte de grands bouleversements, Leblanc a joué 42 matchs à sa saison recrue sous les ordres de Jacques Martin et de Randy Cunneyworth. Mais sa progression a dramatiquement ralenti par la suite. Affecté par une blessure à une cheville au début de la saison suivante, il a depuis été incapable de regagner ses acquis et a tranquillement baissé en grade dans la hiérarchie des espoirs du CH.

Mais le natif de Pointe-Claire veut continuer de se battre et ne sent pas qu'un changement de décor lui soit nécessaire pour parvenir à gravir de nouveau les échelons qui mènent à la LNH.

« À ma première saison, ça avait super bien été, j'avais adoré ça. C'était un rêve de jouer pour le Canadien. J'ai eu des hauts et des bas dans les deux dernières, mais présentement, ma concentration est sur les séries. On va laisser la saison finir et on verra quand tout ça sera terminé. »

Problèmes de finition

Leblanc n'a amassé que 28 points en 70 matchs cette saison à Hamilton. C'est un de plus que Christian Thomas, qui a pourtant joué 15 matchs de moins, et ses 13 buts l'ont placé au cinquième rang du classement des meilleurs buteurs de son club, à égalité avec Nick Tarnasky.

Décidant d'ignorer les statistiques, son entraîneur Sylvain Lefebvre croit tout de même que son joueur de centre a trouvé une façon de s'approcher de la LNH.

« À notre niveau, certains joueurs sont mis dans des situations où ils sont plus susceptibles d'être utilisés dans la Ligue nationale. Louis a parfois rempli des missions offensives, mais a aussi été appelé à jouer un rôle plus défensif. On l'a souvent utilisé en désavantage numérique ou sur le trio chargé de contrer les meilleurs éléments adverses. On l'a mis dans toutes sortes de situations et Louis a eu une très bonne attitude. Il a travaillé très fort, je n'ai rien à redire là-dessus. »

« Ça a mieux été que la saison passée, se console quant à lui le principal intéressé, sans hésitation cette fois. J'ai amélioré mon jeu défensif, j'ai appris beaucoup de choses à l'attaque en travaillant avec Stephan Lebeau et j'ai joué des grosses minutes dans plusieurs situations. Alors c'est sûr que je me suis amélioré. »

Leblanc est toutefois conscient que ses chiffres ne l'aident pas à faire bonne impression. Auteur de 28 buts en 60 matchs dans la USHL avant d'être repêché au 18e rang en 2009, il a aussi connu une saison de 26 buts en 51 matchs à sa seule saison au niveau junior. Mais dans la Ligue américaine, il peine à maintenir une moyenne d'un but aux cinq matchs.

« Je dois améliorer la qualité de mon travail autour du filet, reconnaît-il. J'ai eu beaucoup de chances de marquer, de finir des jeux cette saison, mais je ne pouvais pas mettre la rondelle dedans. »

Le bon parcours

Dans un texte signé plus tôt cette semaine par le confrère Robert Laflamme, de la Presse Canadienne, Alex Killorn, du Lightning de Tampa Bay, n'avait pas réfuté la théorie selon laquelle Leblanc, un bon ami et ancien coéquipier avec le Crimson de Harvard, a sauté des étapes en quittant l'équipe universitaire un an après l'avoir intégrée pour joindre les rangs de la LHJMQ.

 « C'est facile à dire maintenant, mais on ne peut pas revenir en arrière et nous ne le saurons jamais. Pour moi, les quatre années passées là-bas ont fait toute la différence. C'était la meilleure chose qui pouvait m'arriver », avait évoqué Killorn, un voisin de Leblanc durant la saison morte.

Mais même avec le recul, Leblanc ne changerait rien aux décisions qui ont jusqu'ici tracé son parcours.

« J'avais un plan. J'ai joué junior et j'ai fait l'équipe canadienne des moins de 20 ans, ça a super bien été. Ce sont des expériences que je ne peux pas regretter et si j'étais resté quatre ans à Harvard, je n'aurais peut-être jamais joué dans la Ligue nationale. On ne sait jamais. Les quatre années à l'université, ça a bien fonctionné pour Alex, mais c'est différent pour chaque personne. »