Bob Gainey et son groupe se réjouissent d'avoir réussi à s'approprier les services de Guillaume Latendresse. À chacune de ses présences, il se passes quelques chose. Le joueur de 6 pi 2 po et de 220 lbs ne craint pas la circulation dense, même qu'il s'y plaît, et jour après jour, il attire l'attention de la haute direction du Canadien.

Si le jeune homme continue à jouer avec la belle assurance qui l'anime au camp d'entraînement du Tricolore, il placera Gainey et ses hommes dans une situation délicate. Que fait-on avec un jeune de 18 ans, au gabarit imposant, qui ne s'en laisse pas imposer malgré son âge et son inexpérience? Doit-on le garder ou l'envoyer malgré tout à son équipe junior?

Tout entraîneur vous dira que, si un joueur de 18 ans possède toutes les qualités essentielles à un surclassement, alors pourquoi pas le garder dans l'équipe? J'imagine que l'entraîneur en chef du Canadien, Claude Julien, pense de cette façon. Si Latendresse tient son bout au sein d'une formation à la recherche de joueurs d'attaque au physique imposant, on peut être certain que les discussions seront animées dans les bureaux administratifs du Centre Bell.

Pour l'instant, Latendresse franchit les étapes sans trop de difficulté. La semaine dernière,il se démarquait du groupe lors d'un tournoi réunissant les espoirs de la Ligue nationale. Depuis le début du camp d'entraînement, il joue avec aisance. À tel point que certains défenseurs jouent un peu plus sur les talons lorsqu'il s'amène en territoire ennemi.

La troisième étape sera la plus révélatrice. Le calendrier des matchs préparatoires se veut l'ultime test. Latendresse pourra mesurer son talent dans une compétition encore plus intense.

Patrice Bergeron a gagné son billet pour Boston en jouant avec tellement d'aplomb que les dirigeants des Bruins ont dû modifier tous leurs plans en cours de route.

Cependant, il y a aussi la nouvelle convention collective qui invite les organisations à faire preuve de prudence. Un joueur comme Latendresse, s'il devait accéder dès l'âge de 18 ans à la LNH, deviendrait joueur autonome sans compensation à 25 ans.

Il y a aussi le plafond salarial qui pourrait subir des changements importants. Certains vétérans pourraient se retrouver sur la sellette. Toutefois, dans un marché aussi compétitif, une organisation doit se tourner vers les 23 meilleurs joueurs de l'entreprise.

Les Bruins ont gagné leur pari. Cependant, le Wild du Minnesota, par esprit d'économie, en sachant qu'il n'aurait pas à verser des bonis importants à Pierre-Marc Bouchard, l'a fait gravir les échelons rapidement et il a accédé à la LNH à 18 ans. On admettra cependant que son développement n'a pas été aussi réussi que celui de Bergeron.

Voilà le danger qui guette une organisation. Si Latendresse fournit les réponses aux interrogations de la haute direction du Canadien, Gainey et ses lieutenants n'auront pas le choix: ils devront le garder.

Les détenteurs d'abonnements de saison et les partisans du Tricolore exigent la meilleure formation possible sur la patinoire et Latendresse est francophone de surcroît. Cependant, on devra prendre un engagement envers le jeune homme: celui de lui donner, comme l'ont fait les Bruins avec Bergeron, le temps de jeu suffisant pour qu'il pousse s'épanouir.


Pour pas la Rive-Sud?

L'idée de tenir quatre jours d'entraînement à Pierrefonds pendant que le Centre Bell présente des spectacles est intéressante. Cela permet à des amateurs de côtoyer les athlètes, d'assister aux entraînements et aux matchs simulés. Ils s'agit d'une belle initiative.

Cependant, pour les prochaines années, ne pourrait-on pas penser aussi aux gens de la Rive-Sud ou encore de la région de Repentigny. Une petite suggestion comme ça.