Le Canadien doit changer son identité
Hockey jeudi, 23 avr. 2009. 21:17 mercredi, 11 déc. 2024. 05:43
La question à été posée à Bob Gainey lors de son point de presse jeudi.
La situation dans laquelle se trouve actuellement le Canadien, avec la présence de onze joueurs qui seront autonomes sans compensation le 1er juillet, n'est-elle pas l'occasion idéale pour repartir sur de nouvelles bases et changer la culture de cette équipe?
La réponse du directeur général a été évasive, mais la mienne est très claire : OUI. Il n'y a pas de doute dans mon esprit, il faut que le Canadien fasse peau neuve, passe à autre chose.
Le nombre élevé de blessures à des joueurs importants revient constamment dans les discussions quand vient le temps de justifier la fin de saison décevante du Canadien. Je ne suis pas en désaccord avec cet argument, mais je crois que s'arrêter là serait de passer à côté du vrai problème : la passion et l'enthousiasme n'étaient pas là. Et j'irai immédiatement au cœur du problème : je ne crois pas qu'avec le nombre d'Européens que le Canadien avait cette année, on peut aller chercher cette passion là.
Je me souviens de l'époque des Flying Frenchmen. Ça, c'était de la passion. Ce sont les Québécois qui peuvent générer cette passion. C'est drôle, mais depuis que le Canadien compte moins de joueurs locaux dans ses rangs, cette passion est de plus en plus difficile à ressentir. Il doit bien y avoir un fond de vérité là-dedans! En tout cas personnellement, je suis persuadé que ça commence par là...
Si vous suivez le reste des séries éliminatoires de la LNH, vous devez voir la même chose que moi. Bergeron à Boston. Perron à St. Louis. Vlasic à San Jose. Giroux à Philadelphie. Brassard à Columbus. Ça n'arrête pas! Et pendant ce temps, à Montréal, on doit endurer les Kostitsyn et compagnie. Vraiment, il faut que ça arrête. Quelqu'un doit mettre son poing sur la table et dicter à Bob Gainey la façon d'opérer. Ici, on est au Québec et on veut une majorité de Québécois. Ce n'est qu'en remettant l'équipe aux partisans qu'on créera cette fameuse passion.
Ceci étant dit, il est temps de remercier Saku Koivu pour tout ce qu'il a fait et de le laisser partir. Comme je le disais, il est temps de passer à autre chose.
De tous les joueurs autonomes sans compensation que le Canadien compte présentement, je garderais d'abord Alex Kovalev, mais à court terme et à un salaire revu et corrigé. Je n'ai jamais été son plus grand fan, mais je crois qu'avec un contrat assorti de toutes sortes de bonus, il peut aider cette équipe. D'ailleurs, lui-même veut demeurer à Montréal, probablement parce qu'il sait très bien qu'il ne recevra pas une tonne d'autres offres.
Je tenterais également de ramener Alex Tanguay et Francis Bouillon, mais c'est tout. Je négocierais peut-être avec Mike Komisarek, mais avec un salaire à la baisse. De toute façon, j'ai bien l'impression que lui-même n'est pas intéressé à revenir.
Pour le reste, bonsoir! Robert Lang, tu as été très gentil, mais non merci. Arrêtons d'aller chercher des vétérans comme on en a fait une habitude au cours des dernières années. On a eu Radek Bonk, puis Bryan Smolinski et ensuite Lang. Il faut que ça cesse et que les joueurs dans la jeune vingtaine prennent la relève.
Le Canadien manque aussi énormément de caractère et devrait s'inspirer de l'équipe qui vient de l'éliminer. Les Bruins de Boston ont beaucoup de talent, mais ils sont surtout un groupe de gars qui viennent à l'aréna pour travailler et qui ont du plaisir à jouer ensemble. Pas de conflit, pas de cliques. Les gars arrivent avec leur poche, mettent leurs patins et jouent au hockey. C'est comme ça que tu bâtis une équipe.
Finalement, pour diriger tout ce beau monde, le Canadien aurait besoin d'un homme comme Bob Hartley. Il est bilingue et a la couenne suffisamment dure pour diriger à Montréal. Il est aussi disponible et j'aimerais que Gainey l'appelle et lui donne la chance de vendre sa salade en entrevue.
Gainey a erré à plusieurs égards
Gainey mérite-t-il la chance de rebâtir cette équipe? Ce sera à ses patrons de répondre à cette question, mais une chose est sûre, il a pris plusieurs mauvaises décisions au cours des derniers mois.
D'abord, l'entêtement à ne pas vouloir négocier avec ses joueurs autonomes s'est avéré une très mauvaise tactique. Certains athlètes ont besoin de se sentir en sécurité. Ils auraient probablement préféré que leur dossier soit réglé le plus vite possible, mais ce n'est pas comme ça que Gainey travaillait.
L'évaluation du personnel fait aussi défaut chez le Canadien. Visiblement, on s'est laissé endormir par les succès de l'année dernière. Et à quelque part, ce n'est pas normal qu'à peu près tous les joueurs de cette équipe aient connu une saison en-deçà des attentes.
Mais la pire des décisions de Gainey, c'est d'avoir congédié Guy Carbonneau. La preuve est faite que ce fut une erreur. Je ne sais pas si Gainey a basé sa décision sur des discussions qu'il a eues avec quelques joueurs qui se plaignaient du travail de Carbo, mais une conclusion qu'on peut assurément tirer des derniers mois, c'est que Gainey n'est pas non plus le plus grand communicateur.
Price devra se prendre en main
Carey Price n'allait sûrement pas quitter pour les vacances sans laisser un petit sujet de discussion aux amateurs de hockey québécois.
Le geste qu'il a posé mercredi - les bras dans les airs pour réagir aux applaudissements sarcastiques de la foule - a été comparé à celui de Patrick Roy en 1995, mais je ne suis pas d'accord. Entre Roy et Mario Tremblay, c'était la guerre tandis que Price est un jeune homme qui se faisait probablement huer pour la première fois de sa vie et qui ne savait pas comment répondre à ce traitement.
Je ne pense pas que Price visait les amateurs, tout comme les amateurs ne voulaient certainement pas s'en prendre uniquement au jeune gardien. Ils voulaient surtout faire connaître leur mécontentement face à la nonchalance de leur équipe. Les spectateurs s'en prennent souvent au gardien parce qu'il est le dernier joueur à toucher à la rondelle.
Les partisans étaient frustrés et Price aussi, mais je pense que ce geste sera vite oublié.
Pour ce qui est de l'attitude du jeune homme lors de son apparition devant les médias jeudi, par contre, c'est à se demander si quelqu'un chez le Canadien est payé pour conseiller les athlètes sur leur façon d'agir. Peut-être qu'on aurait pu lui demander d'enlever sa casquette... N'est-ce pas ce qu'on reprochait à Mike Ribeiro dans le temps?
Price m'a l'air d'un jeune homme et d'un athlète indiscipliné. Il va falloir qu'on lui apporte de l'aide, mais ce sera aussi à lui de se prendre en main. Les plus grands ont tous eu 21 ans et beaucoup d'argent. Si tu n'es pas capable de gérer ça, ça peut devenir un problème.
Je n'ai toutefois pas perdu espoir de voir Price devenir le gardien qu'on voyait en lui lorsqu'il a été repêché. Je lui donne encore le bénéfice du doute parce que je sais qu'il a les habiletés physiques pour réussir.
*Propos recueillis par Nicolas Landry.
La situation dans laquelle se trouve actuellement le Canadien, avec la présence de onze joueurs qui seront autonomes sans compensation le 1er juillet, n'est-elle pas l'occasion idéale pour repartir sur de nouvelles bases et changer la culture de cette équipe?
La réponse du directeur général a été évasive, mais la mienne est très claire : OUI. Il n'y a pas de doute dans mon esprit, il faut que le Canadien fasse peau neuve, passe à autre chose.
Le nombre élevé de blessures à des joueurs importants revient constamment dans les discussions quand vient le temps de justifier la fin de saison décevante du Canadien. Je ne suis pas en désaccord avec cet argument, mais je crois que s'arrêter là serait de passer à côté du vrai problème : la passion et l'enthousiasme n'étaient pas là. Et j'irai immédiatement au cœur du problème : je ne crois pas qu'avec le nombre d'Européens que le Canadien avait cette année, on peut aller chercher cette passion là.
Je me souviens de l'époque des Flying Frenchmen. Ça, c'était de la passion. Ce sont les Québécois qui peuvent générer cette passion. C'est drôle, mais depuis que le Canadien compte moins de joueurs locaux dans ses rangs, cette passion est de plus en plus difficile à ressentir. Il doit bien y avoir un fond de vérité là-dedans! En tout cas personnellement, je suis persuadé que ça commence par là...
Si vous suivez le reste des séries éliminatoires de la LNH, vous devez voir la même chose que moi. Bergeron à Boston. Perron à St. Louis. Vlasic à San Jose. Giroux à Philadelphie. Brassard à Columbus. Ça n'arrête pas! Et pendant ce temps, à Montréal, on doit endurer les Kostitsyn et compagnie. Vraiment, il faut que ça arrête. Quelqu'un doit mettre son poing sur la table et dicter à Bob Gainey la façon d'opérer. Ici, on est au Québec et on veut une majorité de Québécois. Ce n'est qu'en remettant l'équipe aux partisans qu'on créera cette fameuse passion.
Ceci étant dit, il est temps de remercier Saku Koivu pour tout ce qu'il a fait et de le laisser partir. Comme je le disais, il est temps de passer à autre chose.
De tous les joueurs autonomes sans compensation que le Canadien compte présentement, je garderais d'abord Alex Kovalev, mais à court terme et à un salaire revu et corrigé. Je n'ai jamais été son plus grand fan, mais je crois qu'avec un contrat assorti de toutes sortes de bonus, il peut aider cette équipe. D'ailleurs, lui-même veut demeurer à Montréal, probablement parce qu'il sait très bien qu'il ne recevra pas une tonne d'autres offres.
Je tenterais également de ramener Alex Tanguay et Francis Bouillon, mais c'est tout. Je négocierais peut-être avec Mike Komisarek, mais avec un salaire à la baisse. De toute façon, j'ai bien l'impression que lui-même n'est pas intéressé à revenir.
Pour le reste, bonsoir! Robert Lang, tu as été très gentil, mais non merci. Arrêtons d'aller chercher des vétérans comme on en a fait une habitude au cours des dernières années. On a eu Radek Bonk, puis Bryan Smolinski et ensuite Lang. Il faut que ça cesse et que les joueurs dans la jeune vingtaine prennent la relève.
Le Canadien manque aussi énormément de caractère et devrait s'inspirer de l'équipe qui vient de l'éliminer. Les Bruins de Boston ont beaucoup de talent, mais ils sont surtout un groupe de gars qui viennent à l'aréna pour travailler et qui ont du plaisir à jouer ensemble. Pas de conflit, pas de cliques. Les gars arrivent avec leur poche, mettent leurs patins et jouent au hockey. C'est comme ça que tu bâtis une équipe.
Finalement, pour diriger tout ce beau monde, le Canadien aurait besoin d'un homme comme Bob Hartley. Il est bilingue et a la couenne suffisamment dure pour diriger à Montréal. Il est aussi disponible et j'aimerais que Gainey l'appelle et lui donne la chance de vendre sa salade en entrevue.
Gainey a erré à plusieurs égards
Gainey mérite-t-il la chance de rebâtir cette équipe? Ce sera à ses patrons de répondre à cette question, mais une chose est sûre, il a pris plusieurs mauvaises décisions au cours des derniers mois.
D'abord, l'entêtement à ne pas vouloir négocier avec ses joueurs autonomes s'est avéré une très mauvaise tactique. Certains athlètes ont besoin de se sentir en sécurité. Ils auraient probablement préféré que leur dossier soit réglé le plus vite possible, mais ce n'est pas comme ça que Gainey travaillait.
L'évaluation du personnel fait aussi défaut chez le Canadien. Visiblement, on s'est laissé endormir par les succès de l'année dernière. Et à quelque part, ce n'est pas normal qu'à peu près tous les joueurs de cette équipe aient connu une saison en-deçà des attentes.
Mais la pire des décisions de Gainey, c'est d'avoir congédié Guy Carbonneau. La preuve est faite que ce fut une erreur. Je ne sais pas si Gainey a basé sa décision sur des discussions qu'il a eues avec quelques joueurs qui se plaignaient du travail de Carbo, mais une conclusion qu'on peut assurément tirer des derniers mois, c'est que Gainey n'est pas non plus le plus grand communicateur.
Price devra se prendre en main
Carey Price n'allait sûrement pas quitter pour les vacances sans laisser un petit sujet de discussion aux amateurs de hockey québécois.
Le geste qu'il a posé mercredi - les bras dans les airs pour réagir aux applaudissements sarcastiques de la foule - a été comparé à celui de Patrick Roy en 1995, mais je ne suis pas d'accord. Entre Roy et Mario Tremblay, c'était la guerre tandis que Price est un jeune homme qui se faisait probablement huer pour la première fois de sa vie et qui ne savait pas comment répondre à ce traitement.
Je ne pense pas que Price visait les amateurs, tout comme les amateurs ne voulaient certainement pas s'en prendre uniquement au jeune gardien. Ils voulaient surtout faire connaître leur mécontentement face à la nonchalance de leur équipe. Les spectateurs s'en prennent souvent au gardien parce qu'il est le dernier joueur à toucher à la rondelle.
Les partisans étaient frustrés et Price aussi, mais je pense que ce geste sera vite oublié.
Pour ce qui est de l'attitude du jeune homme lors de son apparition devant les médias jeudi, par contre, c'est à se demander si quelqu'un chez le Canadien est payé pour conseiller les athlètes sur leur façon d'agir. Peut-être qu'on aurait pu lui demander d'enlever sa casquette... N'est-ce pas ce qu'on reprochait à Mike Ribeiro dans le temps?
Price m'a l'air d'un jeune homme et d'un athlète indiscipliné. Il va falloir qu'on lui apporte de l'aide, mais ce sera aussi à lui de se prendre en main. Les plus grands ont tous eu 21 ans et beaucoup d'argent. Si tu n'es pas capable de gérer ça, ça peut devenir un problème.
Je n'ai toutefois pas perdu espoir de voir Price devenir le gardien qu'on voyait en lui lorsqu'il a été repêché. Je lui donne encore le bénéfice du doute parce que je sais qu'il a les habiletés physiques pour réussir.
*Propos recueillis par Nicolas Landry.